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LIVJ\E
QUARANTE-SIXll~ME.
Unis, les nutres , eomme les colons, araicnt des
signes tcJJement crrlníns de lcur origine, qu'il
n'y avnit pas
n
craindrc Insubstitulion, pcndant
la lravcrséc, du produit anglais au produil amé–
ricain. Quant aux sucrcs et cafés, commc
il
en
fallait absolumcnt une ccrlainc qunntilé en
Frnncc,et que Napoléon pcrmctlnitmcmcd'allcr
les chcrchcr en Anglclcrrc numoycndesliccnccs,
il cút élé bien plus simple de les rcccvoir des
Américains, elusscnt ces dcrnicrs les prcndrc
dans les colonicsnngloiscs. Enfin, quant
n
l'obli–
gation el'nchclcr une ccrlninc proporlion elevins
et de soicries en Frnncc, il fallait ne pns lnnt
s'occupcr de lloreleaux el ele Lyon, car c'élnit
Jcur nuirc par lrop de solliciluelc, et il suffisail
de s'cn ficr nux Américains du soin ele choisir
ccux ele nos proeluits qu'ils pourrnicnt cxporlcr
avcc le plusd'avantagc.
Le prcmicr inlérct, cclui qni f'cmporlait sur
lous les autres, mémc par rapport au blocuscon–
lincnlnl, c'étail d'nmenrr lagucrrc entre l'Amé–
riquc et l'Anglclerre. Dul-il en résulter quclquc
fraude, il fallait ,
n
lout prix , nmcner cctlc
gucrrc; cnr,
!i
l'inslnnt, les Angla is pcrdaicnl
lcur commerce avcc l'Amériquc, quiétnit cncorc
ele dcux ccnts millions, et ricn ne pouvait les
eléelommngcr el'unc tcllc perle. De plus, Insup–
prcssion du pnvillon nméricnin commc inlcrrné·
diairc, étnit pour cnx un elomnrngc d'un nutre
gcnrc, qui vnlait lous les sacrificcs momenlnnés
qu'on s'imposcrnit en favcur de l'Amériquc.
Lorsquc, parcxcmplc,nousobligionslesSuédois,
les Danois, les Prussicns
¡,
déclnrcr la gucrrc aux
Anglais, ilscédnicnt
a
laviolence, et ncsc Jivrnicnt
qu'il defcinlcs hostililés.Mais une fois leprcmicr
coup de canon tiré entre l'Amériquc el l'Anglc–
lcrrc, une hainc nationalc ardenle devnit s'allu–
mer entre clics,lepavillon américaindcvaitccsscr
d'étrc le complaisant de Ja marine britanniquc;
et se figurc-l-on ce que scrait dcvcnu pour l'An·
glclcrrc le blocus continental, si les ,\mrrieains
ne s'élaicnt plus offcrls pour déjoucr ce hlocus,
en prétant aux
An~lais
lcur prétcndu pnl'illon
ncutrc?
En vuc d'oblcnir un te! résullal., nucun sacri–
ficc nedcvail nouscoúlcr,ct il était évidcntquc,
pour l'oblcnir, il fnllait d'abord foirc ccsse1·toulc
plainlc fondéc des Américains conlrc nous, nfin
que lcur irritalion fti t cxclu1ivcmcnt lournéc
conlrc l'Anglclcrrc, et ensuilc lcur foirccspércr,
en dédommagcmcnl du commerc•!qu'ils nllaient
pcrdrc a1•ce l'Anglclcrre, un largc comrncrec
avcc la Francc. Malhcurcuscrncnt, par défiancc,
par orgucil, par cnlclemcnt, Napoléon se déíen–
dail contrc les conccssions qu'on fui dcmandait,
ne les accordail qu'unc i1 une, et souvcnt memc
en détruisait J'cffet par des rigucurs intcmpcsti–
ves. Anssi, lorsqtH', <lans le congrCs nméricain,
les pnrl.isans ele la g11crrc cilaicnt les vais!eaux
arrétés par les Anglais, ou ccux
a
bord drsqucls
on avait cxcrcé la
¡1rcsse,
les pnrlisans de la paix
citnicnt en réponse les vnisscnux américllins nr–
rétés par la marine
fran~nisc
aux bouches de In
Tamisc ou du Tagc; et lorsqu'on v.oulait fairc
luirc
n
lcursycux le vnslc commcrcc de l'cmpire
fran~nis
en compcnsntion du commcrcc hritan–
niquc, ils ciloicnt les dcux porls d'oú l'on pou–
vail. partir d'Amériquc, les lrois porls ou l'on
pouvail nbordcr en Francc, el les genes, les tarifs
cxccssifs qu'on élait cxposé:.
y
rcncontrer.
t'état des esprils aux Élats-Unis, la division
des pnrtis dans ccllc conlrée libre, compli–
quaicnt cnco1·c ccttc siluation. Alors commr. plus
ancicnncmcnt, et commc plus tarcl, l'Amérique
clu Nord étnit diviséc en fédérnlislcs et en clé–
mocrnlcs.
Les prcmicrs, bien qu'ayant autrcfois voulu
la gucrrc cont1·c l'Anglctcrrc pour l'a/franchis–
scmcnt clu sol américain, étaicnt rcvcnus, cet
affranchisscmcnt oblcnu,
a
une sortc de prédi–
lcclion pour J'ancicnne mere palric, et dési–
raicnl Je commcrec avec clic, l'alliancc avce sa
politiquc, n'étanl. ni honlcux ni f:ichés d'une
ingraliludc ¡, l'égard ele Ja Francc. Lcurs inlé–
rCls el lcurs opinionsélaicnt la cloublc cause ele
ces penchanls. Etablisprcsquc lous sur les coles
nord-cst de l'Amériquc,
a
Philadclphic,
!i
Ncw–
York,
i1
Boslon, ils élaienl cl'ancicns négocianls
anglais, inlcrmédioircs naturcls du eommercc
avcc l'Anglctcrrc, et voulaicnt que l'Amériquc
consomm:it. surlout les produils britanniqucs
dont ils élaicnt les imporlalcurs et les lrafi–
quanls. Ne procluisant ni colon, ni sucrc, ni
lahac, ni grains, ni bois, commc les colons de
l'inléricur, ils se souciaicnt pcu ele lrouvcr des
débouchés ¡, ces produils, el. ne s'inquiétaicnl
que du commcrcc anglais dont ils élaicnt les
agcnts. Tcls élnicnt lcurs inlércls; quant
a
lcurs opinions, clics s'cxpliquaicnl lout aussi
simplcmcnl. Négocinnls richcs, ayant les mreurs,
les gotils, les idécs du g1·nnd cornmcrcc anglais
dont ils étaicnt issus, ils avaicnt les opiHions
réscrvécs, súcrcs d'unc arislocratic commcr–
cialc, aimaicnLla polilique sagc, mcsuréc, con–
scrvalricc de Washington, inclinuicnt fort i1
ccllc de
M.
Jlilt, et rcsscmblaicnt singuliere-