WASHINGTON ET SALAMANQUE. -
MA1
1812.
417
Sébastien dans l'Océan, dcpuis Porl.-Vcnrlrc jus–
qu';\ Callaro dans laMédilcrranéc et l'Adriatiquc;
et 1¡11antala prétcntion rlcconfisqucr la pro¡wiété
cnncrnic sur les biitimcnts ncutrcs,
il
l'nvail
mainlcnuc sans l'CSll'ÍClion.
C:étail
rctcnir
i1
pcu
pres tout cnticrc la tyrannic rnaritimc que l'An–
glctcrre s'élail arrogéc, car si l'obligation d'allcr
:\ Londres ccssait, si le blocus sur le papicr élait
un pcu moins él.cndu, en réalité
In
prétcnlion de
visilcr les ncutrcs aulrcmcnl que pour constater
Ja sincérité du pavillon, et de rccl1crchcr
it
lcur
bord la propriété cnncrnic, Ja prélcnlion de lcur
intcrdirc tcl 011 tcl port qui n'élait pas bloqué
cfTcctivcmcnt, consliluaicnt jnslcmcnt. loutcs les
usm·pationsdont ilss'éta icnl plaints,etqui avaicnt
amené en rcprésaillc les décrcts de Berlin et de
Milan. Si, en droit, lrs ''iolations de principcs
étaicnt tout aussi flagrantes, en foil clics étaicnt
toul nussi incommodcs, cnrInvisilc cxcrcéc con–
lrc Je pavillon ncutrc
scrvr.itnon-sculcmcnl
it
saisir chcz les Américains les soicrics, les rins,
lout ce qui faisait l'objcl de lcur commcrcc avec
la Francc, sous prélcxle que c'étail propriété
cnncmic, mais donnnit occnsion
h
une vcxation
insupportable, la ¡ircssc des malclols. Les Anglais
encfTct prétcndaicnt avoir ledroit elepoursuivrc
les matclotsangla is eléscrlcursde Jcur patrie, en
quclquc licu qu'ils les lrouvasscnt. En consé–
<¡ucncc, aprcs avoir rcchrrché sur les b:itimcnts
américains tout ce c¡ui pouvail ¡rnrailrc marchan–
disc
fran~aisc,
ils cnlcvaicnl cncorc les nrntclols
américains, sous prétexlc que, parlant anglais,
ils ctaient Anglais. Ccllc dcrnicrc vcxation était
dc1•enue intolérablc. Tout batimcnt portant
une marchandise
íran~aise
en étail dépouillé;
tout matelot parlan! anglais était arrcté co!llmc
déserteur, el plusieurs frégatcs anglaiscs cxcr–
~aient
ccdroit sur les rivagcs mCmcsd'Arnériquc,
1 la vue des populalions indignées. Sansdoute il
pouvait y avoir en Amériquc quclqucs nrntclots
anglais déscrtcurs, car dans tous lrs pays qui
sont en étnt de gucrrc, il
arri\'C
qu'un ccrlnin
nombre de matelots émigrcnt pour ne pas étre
arrachés au commcrce, toujours plus lucralií
pour cuxque lagucrrc. Maishcurcuscmcnt pour
l'honncur des nations, c'cst le moindl'c nombre
qui agitde la sortc. Or, on évaluail
it
plusde six
mille les nrntclotsdont lacapture étaitlégalcmcnl
conslatéc, ce quidonnait licude croirc qu'on en
arnil enlevé ledouble aumoinssur les b;\timcnts
nméricains, en supposant qu'ils
étnicnl
Anglais.
Sidone au droit de visite ainsi cxcrcé, un ajoutc
le blocus de rempirc
frau~ais,
qui comprcnait
alo1·s la mcillcurc pa1·licde l'Europcciviliséc, on
convicndra 1¡11c le com!llCI'ce ele l'Eul'OpC rcslail
impossible aux Américains, el que les dispcnser
devenir preudrc
a
Londres ou a Malle la permis–
sion de navigucr, que restreindrc quclquc pcu
en leur favcur le blocus général, e'élail laisscr
suhsislcr la tyrannicdes mcrs tout enlicre. Au–
tant valait pour un Allléricain subir une i·elachc
a Londres, car au moycn de ccllc reluche il oblc–
nait une liccncc avcc laquellc il avait cnsuitc la
faculté d'allcr ou il voulait, el de fairc au moins
le commcrce brilanniquc
a
déíaut d'aulre.
Les Ainéricainsconnaissaient trop le droil ma–
ritime et Jcurs proprcs intércts pour ne pas re–
lcver
it
J'instanl ces intolérahles préLcntions, et
monlrer tout ce qn'avaient el'illusoirc les prétcn–
durs modifications apportécs aux
01'dres d11 con–
scit.
La ¡ircssc de lcurs matelots surtout, obsli–
nérncntcontinurc
a
l'cmbouchurc delaChcsapcak
etde
la
Dclaware, par des írégalesanglaiscs dont.
on enlcndail le canon, était, choque fois qu'cllc
s·cxcr~ait,
l'occasion d'un cri unanimc, et lesu–
jet des plus véhémcntcs réclamalions. 'foutc l'an–
née ·181
J,
clllployéc par Napoléon
il
fairc uuc
gucrrc négligée dans la Péninsulc, et
a
préparer
une
guc~rc
fatnlc en Russic, avait
été
pour les
Anglais et les Amérieains rcmplie de cetle con–
tcsrntiou, parvenue bientól au dcrnicr degré de
violenec. Lord Casllcrcagh soulenait avec une
nrrognncc'incroyablc, et une obstinntion sophis–
tic¡uc pcu digne de l'Aoglctcrre, que les modifi–
eations apportées aux ordrcs
d" conscil
élaicnt
considérables, plus considérablcs que cellcs que
J\'opoléon avail apportécs aux déercts deBcrlin
et de Milan; qu'cn réalité ces déercts n'avaient
pas été révoqués, que l'Amériquc ne pouvait pas
fournir la preuve de celle révoealion, que lous
lrsjours on avait Ja démonstration du eontrairc
dans rarrcslation de nombrrux b;itimcnts amé–
ricains pnr la marine
fran~nisc;
qu'cnfin, en de–
mandan! pour le pavillon nculre la liberté de
transportcrccc¡u'il voudrait, saur laconlrcbaade
de guerre, on demanclait tout simplement la
libre eirculation des produils
fran~ais
dans le
monde cnlici·, ''ins, soicrics, cte., et qu'cn rc–
tour les Amérieains n'avaient pos obtenu la libre
eirculation des procluils anglais. Quant
a
la
¡msse
des matclols, lord Castlcreagh se montrait
inflexible, et ne roulait
it
aucun prix rcnoncer
a
l'excrccr, disanl qu'cn íail c1·hommcs de mcr,
lcsr¡ucls constituairnl la plus précicuse eles pro·
priélés brilannic¡ucs, l'Anglctcrrc prcnait son
bien partout ou clic le lrouvait.