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416

LIVRE QUARANTE-SIXIEME.

ne poul'ant prendre possession de l'Océan, s'y

an·ogcaiL des dr·oitsqui ralaicnL bienles usurpa–

tions lcrrilorialcs de Napoléon, et 11ui del'aicnl

lót ou lard rél'ollcr les nations iulércssées

¡,

la

liberté des mers.

C'élait li1 une des circonstanccs dont Napo·

léon aurail pu profilcr, el qui lui aurait proc11ré

des alliés, comme il en donnait

b

l'Anglclcrrc

par les rigucm·s du Llocus

conLincutal,

s

1

il

avaiL

su, en quoi quece soil, attendrc les bienfoils rlu

temps.

La plupurt des puissances ma1·ilimcs de l'an–

cicn monde, absorbécs dans son immcnsc

c111-

pirc, al'aicnt disparu. Mais, au dclit de l'Allan–

tiquc,

il

en rcslait une inacccssihlc aux armécs

europécnnes, grandissant en silcnce, acquéraut

chaque jour des forces qu'on

soup~onnait,

sans

les connailrc : c'était l'Amériquc, l'érilablc Jlcr–

culeau Lcrceau,qui dcvait élonner l'unil'ers, des

<Ju'il fcrait un prcmicr essai de su 1•igucur nalu–

rcllc. On se rappclle l'alliludc qu'al'aicnt prisc 1

son égard l'Anglelcl'l'e et la Frunce, it propos

du droil maritime, soulcnu par l'unc, coulcsté

par l'aulrc, el il scn1blail que loulcs dcux fisscnl

assaul de foulcs sur ce théalrc oú elles auraicnt

cu lanl d'iulérct i1se bienco11duire. Mais le ca–

binet brilanniqucayant mcmesurpassé les ínulcs

de Napoléon, la balance allait enfi11 vc1»cr en

favcur de ce dcrnicr, el lagucrrc s'était détour–

uéc de la Frunce pour assaillir l'Anglclcl'l'e, con–

jonclure bien hcurcusc, si quelquc chose al'ail

pu clre hcurcux cncorc, lorsque loulcs nos rcs–

sources 1•r.naicnt de s'engloulir clans \'abime du

Nord.

On a 1'11 plus haul commenl l'A111é1·iquc, ré–

voltéc pnr les

ordres dnconscil,

qui cxigcaient

qu'on touehal

a

Londres 011 i1Malle pour oblc–

nir la pe1'1llission de nal'igucr, el qui frappuicnL

d'int.crdit dernslcsétcnducsdc rivagcs saus !'ex–

cuse du blocus récl, avail élé prcsque aussilól

froisséc pai• les clécrcls de Bcrlinel de Mila11, qui

déclaraicnl dénationalisé loul batimcnluyanl dé–

féré nux prcscriptious du conscil JJJ'itanniquc, et

comrncnt, iudignéc

égalcmcnl

deces dcux

tyra11-

11ics, donl \'11ne pourlantét"il lasnilt: iné1 ilablc

de l'autrc, clic avnit

répo11du

dºunc maniCrc

rga\e i1lOll[CS dcux,

Cll

lcur opposant l'aclC de

non-inlercourse.

On se suuricnl que ccL acle

défcndnit aux

navigalcurs

anu:ricains de

r1

é–

qucntcr les

111c1·::;

d'Europc, mais que beaucoup

de ces nrivigntcurs, cnfrcignant les rCglcmcnls

de lcur pays, al'aicnl, par l'appat d'un gros

bénéficc,subí les lois,lc P"'·illon,lasouvc1·ai11clé

de l'Anglclerrc, et fourni cclte racc de foux

nculrcs , donl Napoléon uvail fait de si largcs

captures, el dont il avait voulu obligcr lous les

Élals, mcme la Russic,

a

fairc lcur hulin. 011 se

souvicnl enco1·c qu'aprcs moins de dcux a1111écs

de ce régimc, l'Amériquc, dégoútéc de se punir

cllc- mrimc pour punir les autrcs, al'ail cnfin

clwngé de syslcn1c, et déclaré qu'cllc éluil 111·élc

¡,

rcntrm· en rclalions commcrcialcs avcc celle

des dcux puissanecs bclligéranlcs r¡ui rcnonccrail

a

toulc prélcntion tyranniquc sur les mcrs.

Napoléon avail habilcment saisi celle cii·con–

sla11cc, el déclaré c¡u'n partir du

I"

novcmbre

·181O, les décrcts ele Berlín et de Milan scraienl

lcl'éS pou1· l'Amé1'iquc, si ccllc-ei obtcnail par

rapport

b

cllc-mcmc la rél'ocation des

onlres

d11

conseil,

ousi, ne le poul'ant pas, clic faisail rcs–

pccter ses droils. C'élail une déclaration condi–

lionncllc, incomplctcdanssa forme,car Napoléon

n'al'ait pus cncorc émis de décrct, incomplclc

dansses cffcls, car

il

ne resliluait pas immédialc–

menl aux Américains lous les droits de la neu–

lra\ilé, 11Jais l1·cs-sinccre, el qu'il élait résolu 11

fuire SUÍl're d'effcts séricux

1

a

condition que les

Amél'icains se concluiraicnl convenablemenl cn–

ver:>nouset cnvcrs cux-mCmcs, c'csl-lt-dirc qu'ils

cxigcraicnt Ja !'évocation des

onlres

du.

conseil,

ou déclarcraicnl la guer1·e

b

l'An~lelerre.

Napo–

léon,m

1

cc des mén:igcmcnls qu'il n'avait pastou–

jours pour la cligniléd'aulrui, s'était abslcnu de

prononccr le mol degucrrc3 l'Anglctcrrc, pour

uc pas diclcr lrop ouverlcmcnl

b

l'Amériquc la

conduilc qu'ellc al'ail

á

tcuir, cL il s'élail ren–

fcrmé dans la formule plus généralc, mais suffi–

snmmcnt significativc, que nous vcnons de

rapporlc1', forrnule c¡ui n'imposail i1l'Amériqnc

cl'aul1·c

obli~ation

que cclle de foire rcspcclcr

ses droils.

L'Amél'i1ue, s'cmpressant d'accucilli1· cetlc

ouvcrlurc, a\•nit cléclaré, par un

actcdu 2

mars

1811 , lous les 1·apporls maritimcs rélablis al'ce

la Francc, el l'ucle

de

11on-i11lerco11rse maintcnu

cnrrrs l'Anglctcrrc,

j11sq11'l1

ce que ccllc-ci révo–

qui1l ses

ordres du co11stil.

A celle nouvelle le

cabinel bl'ilanniquc, s'obsli11a11l par amour-pro–

prc bien plusque par intérél, dans ses

onlres d11

co11seil,

lesal'ail 1nodifiés dans qucl11ucs-uncs de

lcul'sdispositions, sans les abrogcr en principc.

Ainsi, il arail ccssé 1\'imposc1· aux b:itimcnls de

co111111ercc la rclachc

a

Londres ou

a

Malle; il

arail rcslrcinl aussi son syslcme de bloeus, et

s'étilil IJOroé

¡,

déclarci· \,

\oqué.es

les eólcs de

\'c111pi1·e

fran~ais ,

dcpuis l'Elbc jusq11'n Soinl·