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LIVRE QUARANTE-SIXIEME.
ne poul'ant prendre possession de l'Océan, s'y
an·ogcaiL des dr·oitsqui ralaicnL bienles usurpa–
tions lcrrilorialcs de Napoléon, et 11ui del'aicnl
lót ou lard rél'ollcr les nations iulércssées
¡,
la
liberté des mers.
C'élait li1 une des circonstanccs dont Napo·
léon aurail pu profilcr, el qui lui aurait proc11ré
des alliés, comme il en donnait
b
l'Anglclcrrc
par les rigucm·s du Llocus
conLincutal,
s
1
il
avaiL
su, en quoi quece soil, attendrc les bienfoils rlu
temps.
La plupurt des puissances ma1·ilimcs de l'an–
cicn monde, absorbécs dans son immcnsc
c111-
pirc, al'aicnt disparu. Mais, au dclit de l'Allan–
tiquc,
il
en rcslait une inacccssihlc aux armécs
europécnnes, grandissant en silcnce, acquéraut
chaque jour des forces qu'on
soup~onnait,
sans
les connailrc : c'était l'Amériquc, l'érilablc Jlcr–
culeau Lcrceau,qui dcvait élonner l'unil'ers, des
<Ju'il fcrait un prcmicr essai de su 1•igucur nalu–
rcllc. On se rappclle l'alliludc qu'al'aicnt prisc 1
son égard l'Anglelcl'l'e et la Frunce, it propos
du droil maritime, soulcnu par l'unc, coulcsté
par l'aulrc, el il scn1blail que loulcs dcux fisscnl
assaul de foulcs sur ce théalrc oú elles auraicnt
cu lanl d'iulérct i1se bienco11duire. Mais le ca–
binet brilanniqucayant mcmesurpassé les ínulcs
de Napoléon, la balance allait enfi11 vc1»cr en
favcur de ce dcrnicr, el lagucrrc s'était détour–
uéc de la Frunce pour assaillir l'Anglclcl'l'e, con–
jonclure bien hcurcusc, si quelquc chose al'ail
pu clre hcurcux cncorc, lorsque loulcs nos rcs–
sources 1•r.naicnt de s'engloulir clans \'abime du
Nord.
On a 1'11 plus haul commenl l'A111é1·iquc, ré–
voltéc pnr les
ordres dnconscil,
qui cxigcaient
qu'on touehal
a
Londres 011 i1Malle pour oblc–
nir la pe1'1llission de nal'igucr, el qui frappuicnL
d'int.crdit dernslcsétcnducsdc rivagcs saus !'ex–
cuse du blocus récl, avail élé prcsque aussilól
froisséc pai• les clécrcls de Bcrlinel de Mila11, qui
déclaraicnl dénationalisé loul batimcnluyanl dé–
féré nux prcscriptious du conscil JJJ'itanniquc, et
comrncnt, iudignéc
égalcmcnl
deces dcux
tyra11-
11ics, donl \'11ne pourlantét"il lasnilt: iné1 ilablc
de l'autrc, clic avnit
répo11du
dºunc maniCrc
rga\e i1lOll[CS dcux,
Cll
lcur opposant l'aclC de
non-inlercourse.
On se suuricnl que ccL acle
défcndnit aux
navigalcurs
anu:ricains de
r1
é–
qucntcr les
111c1·::;
d'Europc, mais que beaucoup
de ces nrivigntcurs, cnfrcignant les rCglcmcnls
de lcur pays, al'aicnl, par l'appat d'un gros
bénéficc,subí les lois,lc P"'·illon,lasouvc1·ai11clé
de l'Anglclerrc, et fourni cclte racc de foux
nculrcs , donl Napoléon uvail fait de si largcs
captures, el dont il avait voulu obligcr lous les
Élals, mcme la Russic,
a
fairc lcur hulin. 011 se
souvicnl enco1·c qu'aprcs moins de dcux a1111écs
de ce régimc, l'Amériquc, dégoútéc de se punir
cllc- mrimc pour punir les autrcs, al'ail cnfin
clwngé de syslcn1c, et déclaré qu'cllc éluil 111·élc
¡,
rcntrm· en rclalions commcrcialcs avcc celle
des dcux puissanecs bclligéranlcs r¡ui rcnonccrail
a
toulc prélcntion tyranniquc sur les mcrs.
Napoléon avail habilcment saisi celle cii·con–
sla11cc, el déclaré c¡u'n partir du
I"
novcmbre
·181O, les décrcts ele Berlín et de Milan scraienl
lcl'éS pou1· l'Amé1'iquc, si ccllc-ei obtcnail par
rapport
b
cllc-mcmc la rél'ocation des
onlres
d11
conseil,
ousi, ne le poul'ant pas, clic faisail rcs–
pccter ses droils. C'élail une déclaration condi–
lionncllc, incomplctcdanssa forme,car Napoléon
n'al'ait pus cncorc émis de décrct, incomplclc
dansses cffcls, car
il
ne resliluait pas immédialc–
menl aux Américains lous les droits de la neu–
lra\ilé, 11Jais l1·cs-sinccre, el qu'il élait résolu 11
fuire SUÍl're d'effcts séricux
1
a
condition que les
Amél'icains se concluiraicnl convenablemenl cn–
ver:>nouset cnvcrs cux-mCmcs, c'csl-lt-dirc qu'ils
cxigcraicnt Ja !'évocation des
onlres
du.
conseil,
ou déclarcraicnl la guer1·e
b
l'An~lelerre.
Napo–
léon,m
1
cc des mén:igcmcnls qu'il n'avait pastou–
jours pour la cligniléd'aulrui, s'était abslcnu de
prononccr le mol degucrrc3 l'Anglctcrrc, pour
uc pas diclcr lrop ouverlcmcnl
b
l'Amériquc la
conduilc qu'ellc al'ail
á
tcuir, cL il s'élail ren–
fcrmé dans la formule plus généralc, mais suffi–
snmmcnt significativc, que nous vcnons de
rapporlc1', forrnule c¡ui n'imposail i1l'Amériqnc
cl'aul1·c
obli~ation
que cclle de foire rcspcclcr
ses droils.
L'Amél'i1ue, s'cmpressant d'accucilli1· cetlc
ouvcrlurc, a\•nit cléclaré, par un
actcdu 2
mars
1811 , lous les 1·apporls maritimcs rélablis al'ce
la Francc, el l'ucle
de
11on-i11lerco11rse maintcnu
cnrrrs l'Anglctcrrc,
j11sq11'l1
ce que ccllc-ci révo–
qui1l ses
ordres du co11stil.
A celle nouvelle le
cabinel bl'ilanniquc, s'obsli11a11l par amour-pro–
prc bien plusque par intérél, dans ses
onlres d11
co11seil,
lesal'ail 1nodifiés dans qucl11ucs-uncs de
lcul'sdispositions, sans les abrogcr en principc.
Ainsi, il arail ccssé 1\'imposc1· aux b:itimcnls de
co111111ercc la rclachc
a
Londres ou
a
Malle; il
arail rcslrcinl aussi son syslcme de bloeus, et
s'étilil IJOroé
¡,
déclarci· \,
\oqué.esles eólcs de
\'c111pi1·e
fran~ais ,
dcpuis l'Elbc jusq11'n Soinl·