WASHINGTON ET SALAMANQUE. - ""' '1812.
Yicloircdécisive, ilcUt dégagé l,honneur de l'Au–
gictcrrc envcrs les Espagnols, la paix cút
éLé
irnmédiatemcnt acccptéc, avcc de prodigicux
ngrandissemcnts pour
lo
Francc. Dcux hommes
sculcmcnt mnniícstaicnt enAnglct.erre uneréso–
lution inébranlablc, c'étaicnt M. Pcrccval et lord
\Vellington. Le pt'cmiel', avocat habile, coour
bonnctc, mais esprit étroit et in<l-0mplablc, désa–
gréablcmcmc
a
ses collcgues parson cnlcltcment,
et dcvenu par cedéfaut, ou cctte qualité, le véri–
table chef du cabinct , ne voulait pas cédet',
uniquement par opiniatrelé de cal'aclcrc. Lol'd
Wellinglon, pal' l'intérét de sa gloire, qui gran–
dissait tous les jours dans la Péninsule, et par
une sagacilé profonde, qui lui faisait dérnclcr
dans la conduitc des afTaircs d'Espagttc un com–
mencemerit de déraison, signe ordinaire de la fin
des domiualions exorbitantes, lol'd Wellinglon
voulait persévércr, et disait que, sansCtreassuré
de se maintcnir loujours dans la Péninsule, il
croyait entrevoir ccpcndant que
le
vastc empil'e
de Napoléon appPochait de sa ruine. Le pPincc
régcn~,
arrivé dcpuis une année au gouvernc–
mcnt de l'État, hésitait entre les chefs de l'oppo–
sition, ses ancicns amis, et les ministres, ancicns
déposilaircs de la confiancc de son pere. Peu
a
pcu
il
s'élait habilué
a
ccux-ci, et s'était refroidi
pour ccux-la; mais il scntait le danger de s'obsti·
ner dans le systeme d'une ¡;uerrc sans tc1·111e, et
le dangcr aussi de rcrncttre soudainemcnt le
pouvoir aux nrnins d'hommes qui n'arn.ient
jmnais dirigé ccttc gucrre, qui
In
condnmnaicnt
meme, dans un moment ou,pou1·la bien finir, il
fallait peut-étrc savoir y persévércr quelque
temps cncorc. Au milieu de ces perplcxités, il
avait cssayéau commencemcnt de 18·12, commc
nous l'avons dit aillcurs, de ménngcr entre les
ministres et les lords Grey et Grenvillc un Pap–
prochement qu'il désirait bcaucoup, et qu'il
n'était point parvcnu
a
opérer. Tout a coup, un
événement irnprévu, qui dans toute nutre silua–
lioo aurait ccrtainemcnt amcné un clrnngemcnl
de poul'oir en Anglcterre, avait fait disparait1·e
de la scene le principal ministre, par un crime
étrange, auqucl on ne pul découvrir d'autre
cause que la folie d'un individu. LenomméBcl–
lingham, cspCcc de maniaquc qui croynit avoir
renilu en Russie des scrvices
a
son pays, qui ne
ccssait d'en réclamer le prix tanlót auprcs de
l'ambassadeur, lor<l Gower, lantót auprcs des
membres ducabinct, et qui tous les jours assié–
geait les al'cnucs clu parlemcnt pom· intéi'esser
¡,
sa cause des prolecteurs puissanls, résolut de
tucr l'un des pcrsonnagcsqu'il avait sollieités en
vain. Ccluiqu'ilaurait voulu i1umolcr asa vcn–
geancc élait lord Gowcr. 11 renconlra
nr.
Pcrce–
val, et le lua t!'un coup de pistolct.
11
se consti–
tua lui-mCmc prisonnicr, s'avoua coupablc, et
mourut a1•cc la tranquillité d'un inscnsé. On
avait cru d'abord
a
un erime politique; on se
eonrainquit bicntót du cont.rairc; néailmoins
quclqucchoscdc poli tique apparut danscecrimc,
ce furent les cris féroecs d'unc populacc exaspé–
réc par ]asouffrancú, ctdonnant destémoignagcs
d'intérct aumisér•blc qui avait frappé un homrne
illustrc,- jusliciable de l'hisloire, mais non du
poignur<l
des assassins.
Si
un
parcil événcmcnt avait
cu
licu
avant
qu'on pút prévoir la gucrre de Russie, prob•·
blemcnl il cut amené un cltangement dcsystcme.
Mais M. Perccval avait été frappé le ·l l mai, au
moment meme ou Napoléon marchait vcrs le
Niémcn, et
ccttc gncrl'c,
qui
ouvrait
despcrspec–
lives loutcs nouvcllcs
i1
la vieillc politique de
M. Pilt, ne permettait pas qu'on changcat de
<lireetion. En confiant les afTairts extéi'ieures
it
lord Castlcrcagh, le princc régcnt avaitmanifcsté
sa ré;olution ele pcrsévércr dans la politiquc de
MM. Pitt et Perceval.
C'étai't une premicrc chance hcul'eusc que
l'cxpédilion de Russie enlevait
iL
Napoléon, 11
allnit
voi1· :;'en
évanouir une aulrc non moins
regt·etlablc, c'était cclle qui aurail pu naitre de
la guerre imminentc entre l'Anglcterrc et l'Amé–
rique.
Cettc gucrre, loujours possible, loujours pro–
bable depuis plus cl'un an, vcnait cnfin d'ctrc
déclarée.
Si Napoléon, pout' soumettre aux rigucurs du
blocus continental les puissances du contincnt,
élait condarnné
a
les froisscr crucllement, l'An–
gletcrrc, pour cxcrcer son despotismc sur les
mcrs , élait condamnéc aussi
il
froisscr non
moins
crucllerncnt
les
puissance.s maritimcs.
Pour
obligcr,enefl'et
1
toutes lesnations commcrguntrs
a
venir louchel'
a
Londres ou ¡,Malle, y rccevoir
permission de navigucr, y pnycr tribuL, s
1
ychar·
ger ele urnrclrnndises anglaises; pour les obligcr
ii
rcconnaitre commc bloqués des pot·ls qui ne
l'avaicnt jamais élé, meme par des forces illu–
soircs, il fallait exercer une tyrannic insuppor–
lablc sur mcr, et loutaussi odieusc que cclle de
Napoléon sur tcrre. Si Napoléon, sous prélextc
de fermer aucomrncrcc brilannique une portion
ele rivngc, s'cn cmparait , témoin la 1-follande,
Oldcnbourg, lesvilles hanséatiques, l'Anglelcrre,