LIVRE QUAllANTE-CINQUIEME.
néccssaircs
1
dans la penséc de se réservcl'
a
lui-mCmc une massc écrasantc, nfin d'nccablc1·
immédintcmcnt Dnrclay de Tolly; qu'nrrivé
il
Witcbsk, ilpcrdit cucorcdouzcjours; que pa1-ti
de Witcbsk pout• tournc1· les dcux arrnécs russcs
réunics il Smolcnsk, il hésitn pcut-ctrc trop
1t
rc–
monlcr le Dniéper jusqu'au-dcssus de Smolcnsk,
ce qui lui cüt probablcmcnl pcrmis d'nttcindrc
le résultat désiré; qu'nu licu de s'nl'l'clcr 1Smo–
lcnsk, il se lnissn cntraiucr pnr le bcsoiu d'un
résultnt éclatant, 11 Insuite de l'orrnéc russc dnns
des p1·orondcurs 0[1il dcvail péi-ir; qu'il Ingrande
bataillcde la Moskowa., il hésiln trop
1t
fairc don–
ner sagarclc, ce qui l'cmpCchode rcndrc com–
plete In dcstruction de l'nrméc russe :, qu'cntré
dnns Moscou, s'y voyant entouré de l'incendic,
scntanl la néccssité d·cnsortir, el ayant imaginé
une combinnison
vaslc
cL
profondc poul'
revcni1·
sur la Dwinapar Vcliki-Luki, il nesut pas vain–
crc la résistnncc de ses lieutcnants'; que voynnt
le dnngc1· de 1·cstcr dnns lloscou, il y rcsln pnr
orgucilde ne pas avoucr nu monde qu'il
ét:iil
en
plcinc rctraitc; qu'il :;acriOa
h
ce sentimcnt un
tcmps préc!eux quilui
au1·aiL
sufll pour sesauvcr;
que sorti de Moscou snns vouloir en sortir, et
ayanLimaginé une
maniCre
de
tourner l'arrnéc
russc
it
Mnlo-Jnroslowclz, pour pcrccr dons le
benu poys de líalougn, il ne suL pos persévércr,
et céda
enco1'c
ccttc fois au
décour;1gcmcnt
de
SCS lieutcnants; qu'enfin, obligé de rui1·SUI' CCLte
triste routc de Smolensk, il négligcn le soin de
lo
1·etraitc, et ne
fil
rien de sa pcrsonncpour en
diminucr les mall1eu1's ;
qu
1
i1
Krn:moé , il pnssa
dctachemcnt pnr détnchcmcnt, nu licu ele pnsser
en mnssc, cLy pc1·dit louL le corps du mni·é–
chnl Ncy, snur le maréchnl lui-mcrnc, prcsquc
tout ce qui 1·cslnit du princc Eug:Cnc, une partie
de In gordc cLdu mnréchal DavousL; enfin que,
snuvé mirneulcuscmcnt
i1
la
llérézinn,
il
laissa
éclrnppcr,
en
parlnnt dcl'arméc, l'occnsiondera–
masscr ses déb1·is, et nvcc ces elébris de frappcr
sur les llusscs, prcsquc aussi épuisésqucnous, un
coup tcrrihlc qui cút compensé un désast1·c par
un lriomphe. Toutce!acstincontcstablerncnt
vn1i,
mais ccuxqui vculcnt y voir le génic de Napo–
léon 011 obseurci 011 nlfnibli, cL qui n'y voicnt
pas prcsque pnrto11L In fn11lc princi¡rnlc se rcpro–
duisanL
et
se divcrsifiant
i1
l'infini, et le systCmc
lui-mCmc
rini"é
~ son
dcrnicl' cxcCs, portcuL un
fnible jugcment su1· ccttc grnndc catastrophc.
Ccrlcs, lorsqucNnpoléons'nvanp nt sur Wilnn
coupait l'nrméc
1·ussc en
dcux,
lol'sc¡uc
s
1
écou–
lant silcncicuscmcnt de \Vilna
h
Witcbsl, d'a-
bord, puis deWitcbsk
il
Smolcnsk, il fnillit dcux
foisdébordcrcttourncrccltcmcmcarmée russc,
lorsr¡uc au milieudes ruines de Moscou il imagi–
noiL un mouvcrncntsurVrliki- Luki , qui en étnnt
rt!trograde rcslaiL offcnsif. et le ramenait de Mos–
cou sans l'avoir nlfaibli; lorsqu'il choisissait si
bien le point de pnssngc sur la Bérézina , per–
sonnc ne scrait fondé ¡, dirc que Inprodigieuse
intclligencc de Napoléon fút affniblie
!
EL nu con–
trairc on
pcut
soutcnir
qu'il ne commettait pas
une foutc qui ne résultat forcément ele l'cntre–
priscellc-rncrne.Ainsi, qunnd il pcrdaii du tcrnps
a
Wilnn,
a
Witcbsk, c'était pour rallier ses sol–
dnts épars el fotigués par la dislnncc, et In vraie
fnutc ce n'était pns de les nttenelrc, mais de les
nvoir menés si loin; s'il ne donnaitpas nssez de
troupes
U
Davoust pour en Gnii· nvcc
Bag:rnt.ion,
a\lrtntde courir
tl
Barcia
y,
c'est qu'ilcomptait sur
des réunionsde forces que Innnturc elu pays rcn–
dnit presquc irnpossiblcs, etl'cntrcpriscclle-memc
étnit pour beaucoup dans son crrcur; si
u
Smo–
lensk il ncs)mTCtnitpas,
c'éL<1iL
louti1faitla faute
de l'cntreprisc clle-mcrne, enr s'il était dangc–
rcux el'nllcr
it
Moscou, il ne l'étnit pas moins
d'hiverncr en Litbunnic , nvec des fleuves gclés
pour frontic1·c, nvcc l'Europe rcmplic de hnine
dcrriCrc soi, et
commen~ant
a
doulci' de l'invin–
cibilité ele Napoléon; si
a
In Moskowa il n'osa
point foircdonncr In gnrdc, qui était son uniquc
réscrvc,
il
faut s'cn prendrccneore
a
l'entrcprise
dontil sentaitla folie, etqui tout
a
coup lcrcudnit
ti
mide,
en
punilion d'avoir été trop léméraire;si
a
Moscou il resta trop longtemps, ce ne ruL poinl
par
fa
vainc espéranee
el'
obten ir la paix, nrnis
par Indifficultéd'nvoucr ses cmbnrras
it
l'Europc,
toujou1·s préle
¡,
passcr de la soumission
a
la ré–
voltc; s'il hésita dcvant ses lie11lcnanls, soiLlors
du mouvemcnLprojcté sur \lcliki-Luki, soit lors
du mouvcmeút projctésurl(nlougn, c'cstqu'apres
avoir tropcxigé d'cux
1
il élait réduit
ii
oc plus
oscr lcur demanelcr le néccssairc; si dans la 1·c–
traitcil n'cuL pas l'acti"itéet l'éncrgicdontila\lait
donné lant elepreU\'CS, ce rut le sentilllClll CXCCS·
sif de ses torts qui pai·alysa son énergic. Un
hommc moins pénétrant, moins bon juge des
fa
utesd'aulrui etdes sieones, cút étérnoins
acca~
blé,
cUtnourri moinsdercgrets,
cút
mieuxréparé
soncrrcur. C'cst Je ch:\timent du géniedesentir
ses rautes plusque
In
médiocrité, et d'cn elre plus
p1111i dans le scc1·ct de sa conscicncc. Enfin, s'il
parlit tic
Srnorg:oni en abandonnant son arméc,
c'est qu'il prévit trop, e'cst qu'il s'cxagéra móme
les conséqucnccs immédiotes de son désnstrc, et