LA BÉRÉZINA. -
DÉCEMBllE
1812.
400
ccttc gucrrc, en
y
consacrant d'unc maniere
exclusive ses forces et son ni·gcnt, il cút résolu
la
question cu1·opécnnc, et en sacrifianL c11 outrc
quelques-uncs de ses acquisitions de lcrriloirc
plus onércuscs qu'utilcs, il cút sans aucun doule
obtcou la paix genérale. En supposant mcmcque
ce soit lit une crrcur, et c¡u'avnnt d'cn arrivcr
~1
la paix généralc, Jo Russic dút inévilablcmc11L
s'uoir cncorc une fois
lt
l'Anglctcl'l'c, il fallait ne
pas
la
prevenir, lui laisser le tort de l'agrcssion,
l'altendre sur la Vistulc, oú ccrlaincmcnt on
l'ei1t balluc, car on aurait cu500 mi lle combat–
lants sur tJOO millc soldats mis en mouvcmcnL,
!andis que su1· la Moskowa on en avait
¡,
peine
150 mille sur plus de 600, et, batluc sur la Vis–
tulc, la
~ussic
ctit élé nussi vnincuc, et plus
vaineuc que sur la Dwina ou sur la Moskowa
!
Etrc alié chcrcher les Ilusses au licu de les at–
!cndre sur la Vistulc, cst J'unc des plusgrandes
foules politiqucs de l'histoirc, et ecltc fautc fut
le frui t non d'unc
CJ'l'Clll'
d'csprit chcz Napoléon,
muis d'un cmporlcrncnt de ce caraclc1·c i111pé–
tucux qui ne savait ni palicntcr ni attcndl'C. Les
Russes rhcz eux sonl invincibles pour un con–
quérant; ils ne le scraienl pas pour l'Europe
franchemcnL liguéc daos l'intéret de son indé–
pcndancc. L'Europe en alLaquanL pal' rncr, ou
bien en
s'avan~anl
par !erre méthodiquemcnL el
paticmmcnt, en marchanL a1•ec constancc d'unc
lignc
a
l'autrc, sans avoir comme Napoléon
¡,
s'inquiétcr de ses dcrriercs, l'Europc arrivcraiL
a
vaincrc meme chcz lui ce vastc cmpirc, si clic
élait unic pour un intérct général el univcrscllc–
mcnt scnti. Mais marcher sur Moscou
it
travcrs
l'Europc secrctcmcnt conjuréc, et en la laissant
plcinc de haines dcrricre soi, étniL une avcugle
témérité, landis qu'cn atlen<lant la Russic en
Pologneou en Allcmngnc)on eUt du mCmc coup
vaineu la Russie et l'Allemagne cllc-mcmc, si
l'Allcmngnc se filt constituée son alliéc.
Si donel'enLrcpriscétaitdéraisonnable enprin–
eipc, clic l'élaiL bien davantnge cncorc en con–
sidérant l'état dans lcqucl Napoléon se trouvait
en 18·12, sous le rapport des forces militai1·cs. ll
n'avaiL plus les vicillcs banclcs d'Austcrlitz et de
Fricdland ; ces baodcs étaicnl allées mourir, ou
achcvaicnt <le mouri1· en Espagne.
11
lui en rcs–
lait bien quclqucs-uncsdans le corps deDavoust,
dans quclquesancicnnes divisionsdeNcy, Ou<li–
not el Eugcnc; rnalhcureusement on lesarait dé–
mesurémcntaccruesavccdejeuncsconscrilsnmc–
nés par force au drapcau, les uns robustcs mais
indocilcs, les aulrcs docilcs muis trop jcuncs; et
ces vicillcs bandcs ninsiaífaiblics
011
lesavait mé–
langécs en outrc d'nlliés
1¡ui
nous ha'issaicnl, se
hattaicnt sans <loutc, muis <léscrtaient eles qu'ils
en Lrouvaicnt l'occasion. Ce n'étnit pns avcc ccl
asscmblagc incoliércnt que se dcvnit tcntcr une
tcllc cntrcprisc.
11
ci1t micux valu 500 millc an–
cicns soldats co111111c ccnx du maréchnl Da1•oust,
que les GOO rnillcqu'on
iwaiL
1·é11nis,
car011 n'au–
rait cu que la moitié de la difficulté pour les
nou1·1·i1·, et en les nourl'issanl on les aurail con–
scrvés au drnpeau. En 1807, avcc des solelats
cxecllcnts,
011
avait failli succomher
!'º""
cLre
alié juscju'au Niémcn: essayer en 1g.¡2 el'allcr
dcux fois plus loin , avec des soldals valant dcu.,
fois rnoi11s, e'étaiL 1·c11Clre le désasti·c infaillible.
Et ici rcssorL une vérité frnppantc, e'csl que Na–
poléon touchait i1la fin deson systcmcnmbiticu.,,
consistantii vaine1·e les afTcctionsdes pcuplcsavcc
eles forces <le toul genre, lcvécs 1 la !Hite, et
imparfailcmc11L orga11isécs.
On
était lout ¡1
In
fois au dernic1· lcrmc de h difficullé et eles
moycns, cal' aprCsavoirmis
co11Ll'c
soi la
1•agc
des
Espagnols qui consumnit une parlic de nos mcil–
lcm·cs li•otqics, passcr par-dcssus la rage concc11-
lréc des Allcnrnnds, pour allcr, ;, elesdistanccs
immcnsps , provoquer la rngc inccndiairc des
Hnsscs, et
a
ccLlc révoltc des crours dans Loutc
l'l\urope,réroltcsourdcouéclalanlc, opposcr des
soldats
it
peine furmés,
i1
peine ugrégés les uns
aux nutres, mclésd'u11e foulc <le naLions sec1·ctc–
mcnt l1ostilcs, rctcnucsparl
1
hon11cu1· scul aumo–
rncnL du combat, muis prctcs
it
déserLcr des que
l'honncur le leur pcrrncLlraiL, réunir ainsi la dif–
ficulté deshaincs
i1
vuincrc, des distunccs
i1 f1•1111-
chir, en ayant <les forces non pas plus fortcmcnt
composées en raison de la difliculté, 111ais au
conlrai1·cd'autanl plus faiblcmcnl composécs que
la dilTicu!Lé était plus grande, c'éLait rassemblcr
clans une enlreprisc lous les gcnrcs d'illusions
r¡uc le dcspoLisrnc enivré pa1· le succcs puisscse
fairc
!
C'élaitse p1·éparcr prcsquc inévitablcmcnt
la plus horrible descaLasLrophcs.
La faulc esscntiellc fnt done l'enlrc¡wisc cllc–
mcrnc. Rcchc:rchcr les fautcs d'cxéculion qui
)Hll'Cnt s'ajoulcr enco1·c
it
la faute principale,
scrail de pcu de fruil , si lli'csquc toutcs ces fau–
lcs d'cxécutiun n'avaiellt découlé de la faute
prineipalc, corn111c des conséqucnces découlcnl
inévitablcment de lcu1· prineipc.
Ainsi, il csl vrni que N;-ipoléon, entré en
Hussic le 21. juin, pc1·dit elix-l1uiLjours ;, \Vilna,
dix-huit jonrs bien précicux ; que poussnnt Da–
vousl sur Bt1graLion, il ne lui donna pas les forces