WASHINGTON ET SAI,AMANQUE. -
itAt
1812.
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lation définitive. Tout. le monde, en Angleterre
eomme en Europe, avait semblé remellre i1
l'époque ou
il
serait pleinement investi du pou–
voir royal, la détermination de sa véritable poli–
tique. L'opposilion en Angleterre n'avait pas
désespéré de le voir revenir :\ ses anciens amis,
et l'Union américaine, différant sans cesse le
moment d'unc guerre redoutublc, s'était llalléc
que peut-clre il apporlerail quelques tcmpéra–
ments
a
cct absolutismo maritime, qui était un
des caracteres de la politique de M. Pitt et de ses
continuateurs. Mais les restl'iclions mises
a
l'au–
torité du prinee de Galles ayanl été lcvées au
commenccment de
1812,
et aucun changcmcnt
n'cn étunt résulté dans la politique britannique,
il fnllait bien désespérer, et l'Union prit enfin le
parti de ne pas supporter plus longtemps les
vexations de-J'Angleterre, et de ne pas
alten~re
plus longtemps non plus les favcurs tant pro–
mises de Napoléon. Singulicr spectacle donné
par dcux grands gouvernements, !'un, celui de
la France, ayant toutes les lurnicres du génie,
l'autre, eclui de l'Angletcrrc, toutcs les lumiercs
de la liberté,
et
tous deux aveuglés par les pas–
sions, cntrant
a
l'égard de l'Amérique dans une
vraie concuncnce de fautes, car, il faut malheu–
reusemenl le reeonnaitrc, les pays libres se pas–
sionncnt et s'aveuglent comme lesautres : seu–
lement, on pcut dire que la liberté est encorc de
tous les remedes contre l'aveuglcment des pas–
sions, le plus stir et le plus prompt.
Le gouvernement américain, méeontcnt de la
Francc, mais indigné contre J'Anglctcrrc, pré–
para une suite de mesures militaires qui in–
diq1rnient visiblemcnt la résolution de faire la
gucrre, et il cut grand soin en ce momcnt de
s'abstenir de toutc relation avcc la légation fran–
~aisc,
afin qu'on n'allribuat point ses détcrmi–
nations
it
notre inlluence.
11
proposa de porter
l'armée permanente
a
20 mille ltommes' d'ad–
mettre les cnrólements volontaires jusqu'a 50
mille , de eréer une llotte de
t
2 vaisseaux et de
t
7 frégates, et d'cmprunter
11
millions de dol–
lars (55 millions de francs). Ces mesures furenl
discutées avec ardcur et du point de vuc propre
a elrnquc parti. Lesfédéralistes, voulant aeeroitre
de plus en plus l'cmpire de l'autorilé centralc,
et se voyant contraints
a
la gucrre, penehaient
pour l'augmcotalion de l'armée permanente et
de la marine, et repoussaicnt les enrólemcnts
''olontaircs. Par contre, les démocrates, se dé–
fiant inslinetivemcnt du pouvoi1· central , répu–
gnaicnt
il
la création d'unc arméc permanente,
et ne comprenaient qu'un genre de guerre, celui
qui consistcrait
a
jete!' une 11uée de volontaires
sur le Canada pour soulevcr ce pays, et l'atta–
cher
a
la fédération américaine. Ces opinions,
qui pcignaient si bien le génic des dcux partís.
finirent par un vote eommun en favcur des pro–
jcts soumis
a
la législalurc, un pcu modifiés tou–
tcfois dans le scns des fédéralisles, car le sénat,
oti ceux-ci avaient le plus d'iníluence, fit porter
de 20 mille ltommcs
a
55 millo l'augmcntalion
de l'arméc-permancntc. Aces mesures s'en ajouta
une
derniCrc , ce fut
J'embargo,
consistant
a
in–
terdire pcndant deux mois la sortic des pol'ts
d'Amériquea tous les batimcnts américains, afin
que les Anglais eusscnt pcu de captures
a
opérer.
Apres ces d
0
cux mois, la guerre elle-mcme dcvait
ctre déclarée.
Pendan! ce temps divcrs inciclcnts fournirent
cneot•e
a
chaquc part.i des prétextes pour essaye1·
de soutcnir, !'un la ¡rnix, l'autrc la guerre. Un
intrigant ayant fait des révélations, dcsquclles
on pouvait conclure que certains fédéralistes
avaicnt cu des relations condamnablcs avec le
gouvcrnemcnt anglais du Canada, les fédéra–
listcs, quoiquc accusés injustement, furent un
momcnt attcrrés. Bienlót cependant un autre in–
cident vint ranimer leurs esprits abattus, tant
il
scmblait que l'Amériquc, avant de prcndre sa
résolution définitive, ditt se débattre longtemps
entre les fautcs de la Franco et de l'Anglcterre.
On apprit que des frégatcs
fran~aiscs,
eroisant
dans les parages de Lisbonnc, avaicnt coulé ¡,
fond plusieurs biitimcnts américains portant des
forincs
a
l'armée anglaisc. A cctte nouvellc, les
fédéralistes se releverent, soutinrent que les dé–
crcts de Berlín et de
~Iilan
n'élaicnt pas rappor–
tés, que le décret du 20 avril
18'11
n'élait qu'un
mensongc, et demanrlcrenl eomment on osait
proposer la guerre eontre
!'
Angleterre pour n'a–
voir pas révoqué les
ordres
du
1:onseil,
lorsque Ju
France n'avait pas elle-memc révoqué les décrets
de Bcrlin et de Milao.
Il fallait cepcndant aboutir ¡,une solution, car
le gouvememcnt du président ntaddisson pou–
vait craindre de voir sa considération eompro–
mise par ces eontinuelles tcrgivcrsations. Le pu–
blic finit par eomprendre qu'nprcs tout il n'était
pas bien étonnant que la Franee voulút cmpc–
cher les ncutrcs d'approvisiooncr les nrmécs
cnncmies, et, sans pénétrer dans les difficultés
de la qucstion de droit, se calma hicntót
a
l'égard
de l'événemcnt de Lisbonnc. On lut des dépcchcs
de M. Barlow,
annon~ant
des dispositions cxeel-