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LIVl\E QUAl\ANTE-SIXIE!IE.
lentes de la part de la Franee, dispositions qui
n'atlendaient pom· se manifcster qu'unc résolu–
tion énergique des Élats-Unis eontre l'Angle–
tcrre. Enfin, au milicude juin, a l'époquc mcmc
ou
Napoléon marchait du Niémcn sur laDwina,
laqucstion solcnnelled'unc gucrre a l'Anglcterrc
fut
poséc au congrCsamérica in. La discussion ful
''iolcnteet prolongée.Quelqucs fédéralislcs exal–
téss'écriCrcntque, puisqu'on voulait foirercspec–
tcr son pavillon et jouer l'héro"isme, il fallait ne
pas le joucr
a
demi ' et déclarer la gucrre aux
deux puissances. La proposilion était ridiculc,
car, a la veille de combaltre pour ledroit mari–
time, ¡¡ eút élé étrange de déclarer la guerre a
cellc des deux puissanccs qui, tout en violant
quclquefoisce droit, soutcnait pour son triomphe
une lutte acharnéc. La proposition était de plus
souverainement imprudente, cardans quels ports ,
les corsaircs américains auraient-ils trouvé un
rcfuge et un marché, si on leur avait fcrmé jus–
qu'aux rivagcs de France? On ne tint compte des
saillics de gensqui voulaient décricr une opinion
en rcxagérant, et,
a
la majoritéde 79 voixcontre
57 dans la chambre des représcntants, de
19
contre
15
dans le sénat , la guerre ful votée par
le congres américain. Ladéclaration officielle ful
datée du
19
juin
1812.
Tandis que les fautes de l'Angleterrc avaient
cctte issue, 1¡ui aurait pu lui devenir si
fu–
ncste , le cabinet britannique, s'éclairant quand
il
n'était plus temps, révoquait enfin les
ordrcs
1ht
conseil,
et M. Forstcr, en s'cmbarquant dans
l'un des ports de l'Union, venait d'cn rccevoir
la tardivc 11ouvellc, qu'il lriissait
:i
un chargé
d'affaircs le soin de eommuniqucr au présidcnt
füddisson.
Mais les démocratcs s'étaient cmprcssés de
commcncer les bostilités, et en ce momcnt dcux
faits de guen e agitaicnt profondément l'Amé–
riquc. L'un la remplissait de joie, l'autrc de
tristesse. Le général Hull,
a
la tete d'une troupe
de trois mille hommes, se hatant imprudemmcnt
de franchir la frontierc du Canada pres du fort
de Détroit, et de porter des proelamations in–
surrectionnellcs aux Canadicns , s'était trouvé
pris entre les lacs Huron et Erié, enveloppé par
les troupes anglaises, et réduit
a
mettrc bas les
armes. L'Amérique avait été vivcmcnt émue de
cct événcmcnt, qui , du reste, présagcait si pett
Je sort de la présente guerrc. Mais au mcme in–
stan! le frercde ce général Hull, capitainc de la
frégate
la Constittl!ion,
venait de rcmporter un
triomphe qui a1•ait exalté au plus baut point
Je génic uméricain. Plusicurs frégatcs anglaises
avaient dcpuis un an insulté les cótes de l'Amé–
riquc, et exercé insolcrnmcnt la
pressc
a
l'ontréc
deses ports. La frégatc
la Guerriere
notamment,
autrcfois fran,aise, avait braré le eommodore
;in1éricain Rogers, qui la cherehait pour
la
punir.
Le capitaine Hull, montan! la frégatc
üi
Consti–
lution,
avait rencontré
la
Guerriere,
l'avait en
trente minutes dém:itée de lous ses mats' et
obligée de se rendre avec 500 hommes, apres
lui en avoir hlcssé ou tué une einquantaine. Les
rnanreuvrcs et le tir de la frégate américaine
avaicnt été d'une préeision admirable. Ses offi–
cicrs , ses matclots avaient déployé une intrépi–
dité qui annon,ait l'avéncmcnt sur lamer d'une
nouvclle raee de héros. L'enthousiasme excité
chcz les Américains par l'un de ces faits, la con–
fusion produite par l'autrc, rcndaicnt vains les
efforts qu'on pouvait tcnter pour amcncr un rap–
proehcment avcc les Anglais.
Tels avaicnt été les événements au dela de
l'Atlantique, pendan! la tragique catastrophede
notre arméc en Russie. Qu'on se figure l'cffet
d'une parcille déclaralion de gucrrc un an au–
paravant, lorsque l'Anglctcrre, se trouvant sans
alliés en Europc, aurait vu un nouvel cnnemi
surgir au dela des mcrs; lorsque les Américains,
sculs 1•iolatcurs du blocus continental, seraient
dcvenus ses ardcnts coopératcurs ; lorsqu'il etit
été des lors impossible de reproehcr
ii
la Russie
ses complaisances pour eux, et que la gucrrc
avce clic cút été sans prétcxte; lorsqu'on aurait
pu envoycr vingt mille hommes avcc un nou–
vcau la Fayette sur !'une des nombreuses esea–
drcs restécs oisives daos nos ports; lorsquc enfin
nos forces inlaetes auraient pu, par un dernier
coup frappé en Espagne, amener Je terme de la
guerre maritime
!
Mais aujourd'hui , ap1·es le
désastre de Moscou, la guerre de l'Amérique
avce l'Angletcrre n'était plus qu'un bonheur
inutilc!
En Espagne, il s'était passé des él'énements
égalcmcnt graves, découlant des mémcs causes ,
et ceux-ci ne pouvant pas ctre quaiifiés de bon–
heur inutile, car ilsavaient étépresque eonslam–
mcnt malheurcux. On se souvient que le sage
capitaine qui commandait les armées anglaises
dans la Péninsule, et soutenait en y rcstant la
conslance de l'insurreetion espagnolc , avait re–
cpnquis successivcmcnt les importantes places
de Ciudad.Rodrigo et de Badajoz, et annulé ainsi
les sculs résultals dedcux campagnes sanglantes.
On doit se sou\'enir aussi de quelle maniere il s'y