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LIVRE QUARANTE-SIXIEME.
avait sous ses ordres la plus bclle pai·tic de l'ar–
méc
fran~aisc.
11 disposait en cffct de !i8 millc
hommcs, les non-combaltants déduits, commc il
a été fait pom· tous les corps dont nous venons
d'énumércr les forces. Ces troupes étaicnt ainsi
1·épa1·tics : ·12- millc dcvant Cadix pour
y
conti–
nucr le simulacrc d'un siégc; 10 millcit Grcnadc
pour défcndrc ccttc provincc; 5 millc a Arcos
pour fairc des patrouillcs entre Séville, Cadix,
Tarifa; 15 mi lle en Estramadurc sous le comtc
d'Erlon, pour obscrvcr le général Hill, établi
a
Badajoz; cnfin 2a 5millc de cava!erie vcrsBaeza,
pou1·
hall.rel'cstradc vet•s les défilés de la sierra
Morena. Avcc le reste, ·15 ou H mille homrncs
cnviron, le rnaréchal Soult occupait Sévillc, et
gucrroyait contrcBallesteros, qui, ayant 1sa dis–
position la marine anglaise, dcsccndait tantót
it
droile dans le cornté de Niebla, lantót
¡,
gaucl1c
vers Tarifa.
Dans ce richcpays, le rnaréchal Soult se suffi–
sait
u
Jui-rnéme, et arait de quoi bien cntrctenir
ses troupes. Toutefois, malgré les dcrnicres me–
sures par lcsc1ucllcs Napoléon avait prcscrit aux
divcrs générauxderéscrvcr au roiune partic du
produit des contributions de gucrrc, le marécltal
Soult n'avait riencnvoyé1Joscph, affirmant qu'il
pouvait pourvoir ton! au plusaux bcsoins<le son
arméc, et aux dépcnscs du siége de Cadix, qui,
en cffct, avait exigé de nombrcuscs créations de
matéricl, malhcurcusemcntjusqu'ici fort inutilcs.
Les communications du maréchal Soult avcc
l'état-major général élaicnt nullcs. 11 avait levé
tous les postes qui
a
travcrs la Mancl1c lui au–
raicot perrnis de communiqucr avcc Madrid,
prétcndant que c'était
a
l'arrnéc du Centre
a
gardcr la Manche, et ne se souciant gucre d'ail–
lcurs de rclatioos qui ne pouvaient consistcr
qu'cn demandes d'argcnt et de sccours fort im–
portunes. Quoiquc Joscph ftit dcvcnu son com–
mandant en chef, ce maréchal était fondé it dire
qu"il n:cn
savaiLrien, car
aucunc dépCchc
de
Paris ou de Madrid ne lui était parvcnue.
Cct état de choscs prouvait combicn éiait
grandclafaulcqu'on avaitcommisedcscportercn
Andalousic. As'étcndrc prématurérneot aumidi
de l'Espagne, tout le monde cut compris qu'on
J'eüt
fait
rcrs Valcnce; car, outrc les rcssourccs
qu'oa devait
y
trouvcr, Valencc garantissait la
possession de la
Catalognc
et de l'Aragon,
c'cstR
a-dirc de la mcillcurc partic dls fronticrcs de
France, procurait arce Madrid une communica–
tion !out
a
foil indépendaole des Anglais. cnfin
nous assurait unernoitiédcs ri1•ages del'Espagoc,
et surtout la partic de ces rivagcs qui bordait Ja
Méditcrranéc. Mais la conquétc de l'Andalousic,
a
laquclle Napoléon s'était laissé cntraincr prcs–
que malgré lui, ne <lonnait ancun des résultats
qu'on s'enétait promis. Napoléon avait cru qu'on
prcndrait Cadix, et qu'cnsuitc on pourrait par
Badajoz tcndrc la rnain it l'arméc de Portugal en
marche sur Lisboune. Mais Je siége de Ca<lix se
bornait
a
occupcr quclqucs rcdoutcs d'ou l'on ne
tirait pas,
a
fondre
¡,
grands lrais de gros mor–
tiers, qui de temps en tcmps réussissaicnt
a
jctct•
quelqucs bombos daos la radc de Cadix. prcsquc
jamais dans la ville mCmc ; Je secours a.J'arruéc
de Portugal s'était borné, pendan! la marche de
Masséna sur le Tage,
a
prcndrc Badajoz pour le
pcrdrcprcsque aussitót, et s'était réduit dcpuis
a
laisscr le comtc d'Erlon avcc ·15 millc hommcs i1
Llcrcna, ou il était
it
plus de cent licues du rna–
réchal Marmont.. Mieux cút valu cmployer ce
corpsau siégc de Cadix, pourattcindrc au moins
!'un des buts qu'on s'était proposés, que de le
laisscr en Estramadurc, ou il n'avait pas rncmc
aidé
a
sauvcr Badajoz. Quant au sccours pécu–
niaire qu'on avait espéré tircr de l'Andalousie,
une circonstancc suffit pour en jugcr, c'cst que le
maréchal Soult réclamait avcc instancc sa part
des vingt-quatrc millions que Napoléon s'était
décidé
a
cnvoyer en numérairc en Espagnc. Une
dcrnicrc utilité cspéréc de l'expédition d'Anda–
lousic, ccllc d'cnlcvcr
it
l'insurrcctionsacapitalc,
en lui prenant Séville, se rcduisait
a
lui en avoir
ménagé une <lans la ville deCadix, qui était irn–
prenablc, et d'ou les cortes cspagnoles, imitant
notro asscmbléc constituantc, proclamaicnt les
grnnds principcs de quntrc-vingt-ncuf, l'égalité
dcvant la Joi, la liberté individucllc, Ja liberté
de la prcsse, le coocours de la nation
1i
son gou–
vcrocmcnt, la séparation des pouvoirs, cte.,
principcs qui, bien que l'Espagnc fclt pcu pré–
paréc cncorc
a
les entendrc proclacucr' pro–
duisaicnt sur les pcuples une vive impression.
Plusicurs fois Napoléon s'était plaint amcrc–
rncnt de ce qu'on ne tirait pas un autrc parti de
l"Andalousicet des 90 mille hommcs qui l'occu–
paicnt;mais
i1
Ja distance oU il se trouvait, rns
reproches, ses conscils se pcrdaieot dans le vide,
et la fautc de s'étrc inutilcmcnt et intcmpcstive–
mcnt Ctcndu au midi demcurait cnticre avcc
toutcs ses conséqueoces.
Enfin restait le royaume de Valencc, et le
vastc établisscment que le marécbal Sucl1ct
y
avaitformé. Dcpuis lopriscdeValencc, le grand
rassemblcmcnt de forces qu·,,·ait ordonné Na-