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LIVRE QUAl\ANTE-SIXIÉME.

imaginairc, mais trCs-récl,et mCmc asscz inquié–

tant.

Le maréehalSuchet, fort attcutif aux dillieul–

tés <lesa siluation, avait fait des 16 millc hom–

mcs réscrvés au royaume de Valcnec I'emploi le

plusjudieicux. Ayanl placé de pctitcs garnisons

largemenl approvisionnécsi1Tortosc,it Peuiscola,

a

Sagontc, ayant gardé

a

Valcucc une autrc pc–

tilegarnison, qui avcc les dépóls et les malades

pouvait étrc doublée au bcsoin, il avait laissé

sous le général llarispc cnviron 1í millc hommcs

en faec d'Alicanlc,

it

la fronticrc de Murcie. S'é–

tant réservé

pour

lui-n'.16me une division active

de 6

a

7 mi lle homrncs, il étail prCt

it

eourir ou

sur Torlose, ou sur Alicante, ou mCmc sur

Cuenca, dans la dircction de Madrid. Tres-fin et

trcs-peu crédulc,

il

ne prcnait pas !'alarme mal

it

propOS, n'exposait pas SCS troupes

a

des COUl'SCS

inutilcs, et, quand il fallait se portcr

it

vingt ou

trente licues, il ne lesfoisait pas rnoui·ir de bcsoin

el de fatigue, parce qu'il avait partout des maga–

sins bien pourl'USµar sonhabilc adminislration.

Ccttc administralion éLaiL pour moitié

au

rnoins la cause de ses succcs. Le lcndcmain de

la prisc de Valcnce, ectte villc, tremblanlc au

souvcnir du massacrc des

Fran~aís,

arait craint

de voir cntrcr dans ses murs un vcngcur impi–

toyablc; mais loin de la: clleavait trouvé un vain–

<¡ucur doux, tranquillc, ,1droit, qui s'était ap–

pliqué

it

rassurcr les habitants et qui les avait

appclés , commc

it

Saragosse,

¡\

participcr au

gouvcrneme11t du pays. Inspi1·anl deji1confiancc

parsaconduilc

enArag:oni

il avniL succcssivcment

ramcné l'archcvCquc et les ancicns magistrats

municipaux de la p1·ovincc , avait formé uuc

juutc, arrCté avcc clic la réparLition de

l'in1pOL,

opéré mémc d'utilcs réformcs, et, sans prcssurcr

le pays, fait jouir son arméc de toutc la richcssc

du royaumc de Valcnec. Napoléon avaiL voulu

4ue Valencc payút en argent

Je

sang

fra1J1;ais

versé en

1808,

et il avait exigé une

ran~ou

de

cinquaute millions. Une tcllc contrihution au

milieu des désorclrcs de la gucrrc , frappéc sur

une p!'ovincc richc mais pcu élcnduc, pal'aissait

excessivc.

Gd.cc

néanmoins :tu systCrnc ad111inis–

tratif clu maréchal Suehct, 011 pouvait espérer

<l'cn

touchcr une

grnnclc

parLic, et ccrtaincmcut

le tout, si 011 passail plus d'un an

it

Valcnec. Déjit

le maréehal Sucl1ct avaiL habillé, soldé, a1·mé

jusqu'au dcmicr ele ses soldats, rcmpli ses ma–

gasius, préparé une réscrvc, et cnvoyé

a

Joscph

un

prcmicr

a-complc de 5 millions, en

pro1nct–

Lant de lui vcrser prochaincment une sornmc

plus fortc. C'était la sculc arméc cu Espagne

1~ui

f'Ut dans ect état. Aussi lout le monde y scrvait

bien, y aimait son chef, el se montrait ¡mil aux

plusgrands eíforts.

La nouvcllc autorité attribuéc i1 Joscph avait

été bicntót connue

a

Valcncc, par suite du bon

eutrcticn des communications, et clic n'avait pas

plu au maréehal, qui, quoiquc fort doux, n'au–

ruit pas aimé qu'on vint lroublcr son rcgnc juste

el paisible. De !'argent, il pouvait en donncr, el

il en clonnait volontiers, mais des soldats ,

iJ

ne

pouvait pas en distrairc un scul, car l'cs provin–

ecs qu'il gardait étaicnt l'unique rcssourcc des

armécs frangaises, si, parun malhcur survcnu en

Castillc ou en Estramadurc, elles perdaicnt Ieurs

cornmunieations avec Bayonne.

11

était done trcs–

fondé

it

se refuser

a

tout détournement de ses

forces ; il avait au surplus un bon moycn pour

s'y soustrairc, c'étaicnt

les

instructions secrCtcs

que Napoléon, dans la pensée de se réscrvcr les

provinees de l'Ebrc, lui avait envoyécs deux ans

auparavantl et qui l'autorisaicnt

a

n'avoir pour

l'état-major tic Madrid qu'une défércncc de purc

forme. Mais, toujours modéré en toutes choses,

ne eompiiquant jamais par des difficultés de ea–

ractcre les dillieultés de situation, il résolut de

s'en tircr, eomme il avaiL déjá fnit, en rendant 11

Joseph tous lesserviees qu'il pourrait lui rendre,

et en particulicr des scrviccs d)argcnt, qui Uans

lemomcntétaicnl les plusappréciables et les plus

appréciés, cl'avoir pour son autorité la déférenec

apparcnLc la plus complete, et de ne recourir i1

ses instruetio11ssecretes quedaos le cas oú on Jui

dcmanderait une clwse dommagcable µour les

provinecs qu'il ,;taiL chargé de eonscrver

á

l'Em–

pire.

On

va voir que ectte habilc eonduite dcvait

parfaitcmcnl le mener

ú

son but, sans éclat, et

sans eonflit d'autorité.

C'élait, il fnut le dire, un singulicr comman<le–

ment en chef que eclui qui était déféré au roi

d'Espagne, GL au rnaréchal Jourdan, son major

général. Des

ci1iq

armécs occupaut l'Espagnc,

eclle <lu Nol'(\ rcfusait nctLcmcnt de Jui obéii·,

eelle de Portugal ne s'y refusaiL aueunement,

muis était obéissantc pour Ctrc sccouruc; cclle

du Centre, plaeéc immédiatcmcnlsous ses ordrcs,

lui obéissait direclement et absolumcnt, mais

clic était prcsque nulle ; cellc d'Andalou;ic, Ja

plusconsiclérablc, la 111oins empcchée, était ré–

soluc

a

ne pas obéir, jusqu'ici d'aillcurs ignorait

l"autorité de Joscph,ct pouvaiL fcind1·c de l'igno-

1·cr

lo11gtcmps cnco1·c ; ccllc t!'Al'ílgon cnfln, en

rnéuagcant bcaucoup Joscph , et en lui

rcndant