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LA BÉRÉZINA. -

otnum

1812.

401

de Napoléon, pas beaucoup plus conccntl'és, car

c'est

a

peine si c!ernnt Wilna Wittgenstein ,

TehilehakoJT et l':il'ant-ga!'de de Kutusof au–

raient pu réunir

1,0

mille honunes, et Napoléon

étaiL en mesure

d'cn

avoir au moins autanl.

Supposez une balaillc gagnéc dcl'ant Wilna, et,

sous l'influcnce d'un

pa1·cil

succCs, on aurail

foil rentl'CI' 30 ou 40 millc ll'ainards rlans les

rangs, et rcconstitué une l'érilable armée, ca–

pnblc d'arl'ctcr les Russcs, <l'atlcnd!'c les secou1·s

l'Cnant de Franec, et ele lircr de la Polognc de

grandes l'Cssou!'ccs. Dut-on plus lard l'éll'O–

gradc!' sur laVistulc, pour se rapprochcr de ses

sccours, pour diminucr l'inconvénient des <lis·

tanccs, pour l'm1gmcnlcr au désavantagc des

Russcs, on aurail l'étrogradé al'cc '100 millc

homrncs, en ayant sou ses picds 1'Allcmagnc

contcnuc, aulour

de

soi Ja Pologac arméc, et

dcrricrc soi les eoho!'tcs aecourant de l'ranee.

Napoléon, !'Cssaisissant la l'ietoil'c du milicu de

son désastre, cut été obéi de lous

a

Wilna

comme ii Paris.

11 y al'ait i1Wilna 25 ou 50 jou!'s de l'iVl'CS–

pain, '10 millc breufs arrivant de toutcs les ¡m–

tics de la Lithuonie, et beaucoup de spil'itucux.

A Kowno, il

y

avait des magasins considérablcs

en rCtcmcnls, munitions et vivrcs. Enfin chcz

les re;·micrs polonais onaurait trouvé les grains

et les farincs que les réquisilions de l'autorité

militairc y avaicnt l'éunis, et que le défaut de

lransport n'avait pas pcrmisd'cn tire!'. Le ll'ai–

nagc allail en pl'ocurc!' le rnoyen. On aurait

done pu '

1

ivrc

a

\Vilua, et en rétrogl'adant en

lout cas sur le Niémcn, la Yicillc-Prussc,

:i

prix

d'argent

1

nurait fourni tout ce dont on

mirait

cu bcsoin '·

En n'auandonnant pas l'al'méc i1

la désorga–

nisntion croissanlc qui s'était cmparéc <l'cllc, il

était possiblc de composcr cncore une force rcs–

pcclablc avec ce qui rcslait de l'immcnsc mul–

litudc d'hommcs attiréc en Pologne au mois de

juin précédcnt, el de rccommenecr avcc quel–

<¡ucs chances de succcs une luttc qui ccttc íois

était dcvcnuc nécessaire. 11 aurait fallu pour

cela bcaucoup moins de ccttc prél'oyancc poli–

lic¡uc donl Napoléon avait cu trop pcu avant de

commcnccr la gucrrc, et dont il avait bcaucoup

tropdcpuis que ccucgucrrc avait si mal tourné.

Toutcfois sm· ce gra\'C sujct on pouvait sou–

lcnir le pour et le contrc avec un égal fondc–

rnc~t,

et pour pcnchc!' YCl'S le parti que nous

1

Ces assc1·tionssont basécs sur lacorrcspoullancc tic

~l.

de

Dassano.

rcgardons commc soutcnablc, il aurait fallu

l'impulsion d'un scnlimcnt moral, qui cut porté

a

préfércr rncmc la perle du trónc

a

l'aban–

don d'unc urméc qu·on a\•ait cntrainéc dans un

clésaslrc. S'il n'y avait cu que d.1ngcr de la l'ic(et

il n'y élait pas), Napoléon était assez bon soldaL

pourlc couril' sans hésilc!' avcc une arméc com–

promise par sa faute; mais ctrc détroné

1

et, qui

pis cst, prisouuicr des Allcmands, était une

pcrspcclivc dcrant laquclle il ne tint pas, et il

JH'it

¡,

Smorgoni mcmc la résolution de partir.

11 lui fallait un

rcmpla~ant,

et aprcs y avoir

pensé,

il

n'cn lrouva qu'un seul qui cut asscz de

rcnomméc, asscz d'élévalion de rang pou1·

1¡u'on lui obéit, c'était le roi de Naplcs. Eugcnc

élait

plus sagc,

plus

constant,

el

avait ac<1uis

dans ces jours néfaslcs la haute estime de lous

les honnélcs gens de l'arméc, mais il était ca–

pablc d'obéir

a

Murat, et Mul'at ne l'était pas

de lui obéir

¡,

lui. Parmi les rnarécbaux, Ncy,

quoiquc s'élant couvc!'l de gloirc, n'al'ait pas

l'aulorilé néccssai1·c, el Davoust l'al'ait pcrduc

dcpuis que Napoléon avait donné

a

son ég31'Cl

le

signa! du clénigrcrncot. En laissaut le rnajor

général Jlcrthicr

ii

Mural, Napoléon cspérait

place!' auprcs de lui un conscillcr sagc, labo–

ricux, 'en étal de le contcnir et de suppléel'

a

son ignorance des détails. Malheurcuscmcnt le

rnajor génér:il était cornplétcrncot démol'alisé ,

et sa santé étail touL

á

fait détruitc. Les maux

qu'il rcnait c1·cndurcr avaicnt ruiné son corps

et profondémcnt ébraulé sa hauteraison. 11 l'On–

lait pal'lir arce Napoléon, et il fallut un lan–

gngc des plus durs pour l'obligcr

n

dcmcurcr.

11

s'y résigna avcc sa docilité accouluméc, mais

avcc un viplcnt chagyin, car son ra1·c Lon sens

ne lui faisait cntrcl'oir que de nouvcaux et plus

alfrcuxdésastrcs aprcs le départ de Napoléon.

Le 1l déccmbrc nu soir,·

a

Smorgoni ou l'on

était al'l'ivé, Napoléon asscmbla Mural,

Eu~cnc,

llcrthicr, ses maréchaux, lcul' fiL part de sa

<lc–

lcrminntion, qui les élonna, les aJTccta scnsiblc–

mcnt, mais qu'ils n'osc!'cnt désapproul'cr, e!'ai–

gnnnt

cncorc lcur maHrc vaincu

1

cL

trouvanl

d'aillcm·s bien puissanlcs les raisons qu'il allé–

guniL, car

it

lcur disail qu'cn dcux mois

il

Jeur

arnencrait 500 millc hommcs de rcnfol't, et que

lui scul pournit tire!' de la Francc de lcls sc–

cours. 11 ful enoutrc plus cal'essant que de cou–

lumc, lcur adressa des parolcs alTcctucuscs

¡,

tous, mcrnc au maréchal Davoust qu'il avait si

rnalt!'nité pcndant ectle campagnc, et chercha

ainsi

a

COllíJUél'il' jlíll' des Ca!'CSSCS UllCUjlJll'Oba-