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508

LJVRE QUARANTE-CJNQUIE!IE.

Russcs clTrnyés du grand nom de Napoléon, hé–

sitant

n

lui barrerlechemin, ne voulantl'cssaycr

qu'cn masse, lui avaicnt ninsi Jaissé le temps de

trouvcr un passage, d'y jclcr des ponls et ele le

franchir. Napoléon dut au hasard miraculcux de

l'arrivéc de Corbincau,

h

In

sagacité et au cou–

ragc de celui-ci, au noble dévoucmcnt: d

1

Éblé,

n

' la résislance désespéréc de Victor ctdcscs sol–

dats,

ú

l'énergie cl'Onclinot, de Lcgrand, de Mai–

son, de Zayonchek, de Doumcre, de Ney, et cn–

fin

a

son diseCl'llClllCnt

Slll'

Ct profond qui lni

avait révélé le vrai parti

a

prendrc, Napoléon

duLd'avoir échappé, par une scCne snng!anle,

au plus humiliant, au plus aecablant des désas–

tres. Cette tragique fin couronnait clignemcnt

cetlc terrible campagnc, et mnlhcurcux par sa

fo

ute, Napoléonrcslait grand néanmoins!

11

cle–

vait clone rcmercicr tout le monde, car il élait ce

jour-li1, plus .que clans ses plus éclalantcs vic–

toires, J'obligé de ses généraux, de ses soldats,

de ses alliés cux-mCmcs. Néanmoins, nprCsavoir

félicilé Víctor, Je 28 au soir, des prodiges de va–

leur exécutés dans Ja journéc, il Jui

procli~ua

le

lcndcmain 29, quancl il eonnut

fa

catastrophe ele

Ja division Partonneaux, de sanglants reproches,

rcvint sur le passé, sur le temps pcrdu Je long

de J'Oula en f'ausscs manamvrcs, et paya d'11nc

exccssivc sévérité le plus grand scrvicc que Vic–

tor lui cutja111ais rcndu. Pourtant Je malhcur

de Partouneaux, s'il était reprochable a qucl–

qu'un, était sa fautc autant au moins que cellc ele

\lictor. car il avait voulu prolongcr Ja faussc

<lé111onslralion sur Borisow au dela du tcmps

nécessaire. Vietor, nu lcndcrnain d'un admi–

rable dévouement, se retira le cccur contristé.

11

follait marchcr cependant, et marcher sans

perdrc une minnle pour rcjoindrc par Zcmbin,

Plctchcnitzy, llia, Molodcezno, la roulc de

Wilna, qu'on rctrouvait ¡, Molodcczno. Du point

oú l'on avait passé Ja Dérézina jusqu'i\ Molo–

~eczno,

on rentrnit dans une région ol1 les

routcs, const.ruitcs aumilieu

de

forCts maréca–

gcuses, élaient tantót établics sur des lits de fas–

cines, tantót sur despontsde plusieursccnlaincs

de toises. JI y avait trois de ces ponls

o

frnnehir

entre la Dérézina el Pletchenitzy, ou les Russcs,

en mctlnnt le fmr, auraicnt facilcmcnt arrcté

loute l'armée. lis avaient une avant-garde de

Cosaques appuyéc de quclque eavalerie régulicre

a Pletcbenilzy,

SOllS

le général

l'USSC

Landskoy.

Cetteavant-gardc hcurcuscmcnt ne fit ríen dece

qu'elle aurait pu faire. Elle était oecupée d'as–

sié~cr,

dans une grangc

a

Plctchenitzy, le maré.

chal Oudinot gricvemcnt blcssé, rt n'ayant avcc

lui qu'unc einquantaine d'hommcs qui cscor–

faient quelques officicrs atlciuts clans la journéc

du28. L'intrépide maréclrnl se soulennnt

u

peine

se défcndaiL, avec ccux qui 17cntournient, contrc

dc-nombrcux assaillnnts, et lui-mCmc, se servnnt

ele ses pislolcts, tirait 11 travers quclqucs ouvcr–

lurcs pratiquées dans les muraillcs de sa chau–

miCrc. L'armée

1

en arrivant, dégagca luí et ses

compagnons d'iufortunc,

et

dispersa les Co–

saqucs.

Gró.cc

a

cette incuric de l':want-gnrde russc,

l'armée tout enticrc pul travcrser sans obstaclc

les ponts si Jongs de laroulc de Zembin

u

Molo–

dcczno,

et

nrrivcrsans encambre

au

point

oU les

plus cliffieilcs passages étaicnt francl1is. Lenrnré–

chal Ncy, ayant remplacé le mnréchal Oudinol.

d:ms le commandcmcnt du

2e

corps,

avait

ren–

contré un lieutcn:mt dignede lui, e'étnil k géné–

rnl

~lniso11

1

son égal en bonnc snnté, en bonne

humeur, en inlrépidité, el joignant 1 Joules Jc.1

qualités du solda! une rarc sagacitémilitairc. Le

général Legrand, qui commanrlait l'unc des deux

dil'isions

fran~aises

du 2° corps, ayantélé blcssé,

le générnl Maison réunissniLdnns sa mnin les

5 milie hornmcs rcstnnt de ce 2° corps, qui était

de 39 millc bommes

á

l'ouvcrturc de In cam–

pagnr.. Ncy et

~laison

s'entcnclairnt parfaitement.

S'étant arrctés aux ponIs de Zcmbin, ils les cou–

vrircnt de fascines nuxquellcs ils miren! le fcu,

et quand Ja ca"alcric enncmic s'y présenla, clic

n'eut pour passcr qne des monccaux de cendres

hrúlantcs élendues sur la glace a dcmi foncluc

dcsmnrais.

Ce ne ful que le lendcmain 50 que l'arricre–

garde atteignit Plctchenitzy.

La

clic fut assaillie

par lcgénéral Platow, qui dirigeait

la

poursuilc.

Un encombremcnt cfl'royable se produisit 11 l'cn–

trée du villagc, et un rnoment le maréchal Ncy

et legénéral Maison furent dans l'impossibilité

de se mouvoir et de faire agir lcur artillcrie.

Ayant cnfin réussi

ii

se déharrasser, ils ne trou–

vCl'ent plus qu

1

un mi!licr d'hommes dans le rnng,

les autres s'étant lnissé déhaucher par la foule

des débandés. Le froid, qui avait un momcnt

fléehi avant Je passage de la Bérézina, avait rc–

pris dcpuis, et de H ou ·12 dcgrés, le thermo–

mctrc Réaumur était dcscendu

¡,

18, 19 et

20 dcgrés. La souffrance s'était nugmcntéc

a

pro–

porlion, et les hommes ne pouvaient prcsquc

plus se tcnir dcbout. La vuc des blessés, qu'on

ne songcait pas

a

ramasscr, n'était pns faite

d'ailleurs pour encourager les combaltants, et

il