Table of Contents Table of Contents
Previous Page  407 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 407 / 570 Next Page
Page Background

LA

Bl~UÉZINA.

-

NOVEMDRE

1812.

595

millicrs de lroinards qui élaicnt cnfcrmés dans

le memc coupe-gorgc.

On avait cnlcndu de Studianko, pendant cctle

cruc!lc nuit,

la

fusillade et la canonnadc qui rc–

tcntissaicntdu colé de Uorisow. Napoléon en était

inquict, et Je maréchal Víctor bien davnntagc,

car de l'cndroil ou il ét¡¡il., il appréciait micuxefe

dnnger de sn principnle division, et pensait que

l'ordrc de dcmcurcr

it

Borisow était une pré–

c:wtion inulile, par conséqucnt barl.wrc, puisque,

apres le passnge du 26, et surlout apres cclui

du 27, il n'était plus possiblc de prolongcr

l'illusion de l'enncmi, qu'on scxposnit done¡,

perdrc sans profit 4 millc hommes dont la con–

scrvntion eúl. été du plus grand prix. Mnis on

était en proic 11

des soucis de tant d'espcces,

qu'on scntait

ii

peine les nouvc<lux qui vcnaicnt

vous assnillir

a

tout moment. On pnssn ectte

nuit dnns de cruellcs inquiétudcs; mnis lorsque

le silence, survenu le 28 au malin, aurnit pu

nous révélcr la calastrophe de Indivision Partou–

neaux, le feu commenga sur les dcux rives de la

Ilérézina :

a

la rive droile contre celles de nos

troupes qui avnicnt passé;

n

Ja rive gnuchc

eont1·c eclles qui couvrnient

fa

fin <lu pnssnge.

Des lors on ne songca plus qu'i1combnllrc. La

eanonnade, In fusillade elcvinrent bienlót extrc–

mement violentes, et Nnpoléon, eourant sons

ecsse

a

eheval el'un point

a

J'autre, nllait s'assu–

rer lanlót si Oudinot tenail tele ATehitelrnkoIT,

lnntót si Éblé continunit

it

maintenir ses ponts, et

si Viclor, qu'on voyait

:wx

prises avec Wittgen–

stein, n'était pas précipité dans les flots glacés

de la Ilél'ézina, avcc la foule qui n'avait pas

achcvé de franchir cette rivicre.

Quoique le fcu fút terrible sur tous les poinls,

et emportat des millicrs de victimes qui devaicnl

toules expirer sur ce champ lugubrc, pourtant

sur !'une et l'autrc rive on se soutenait. .Les

généraux russes, commc on l'a vu, élaicnt con–

vcnus entre eux d'assaillir les Fl'ancais sur les

dcux rives de la Bérézina , et de

le~

précipilcr

tous ensemble daos cctle rivicre, si loulcfois ils

pouvaicnt y réussir. Mais heurcuscment ils

étaicnt si intimidés pa1·

lo

préscnce de Nupoléon

et de la grande arméc, que mcme en •yant tous

les avantages de la situation et du nombre, ils

agissaient avec une cxtrCmc réscrve, et ne nous

pressaient pas avcc la vigucur qui aurait pu

décidcr notre ruine.

Le maréchal Oudinot avait cu aITaire des le

matin aux troupes de Tchaplitz el de Pahlen,

appuyécs par le reste des forces <le Tchilchakoff,

et pai· un détachemcnt de Ycrmoloff, qui, pour

les joindre, aurait lraversé la Bérézina sur les

débris réparés du pont ele Dorisow. Le terrain

sur lcqucl on cornbattait, appelé Fcrme de Ilrill,

Cl

situé

SUI'

Ja rivc droilo!, Ula meme hauleur que

Studianka sur la

riv~

gauchc, était une suite de

bois de snpins, au milicu dcsqucls avaicnt été

opérées des coupcs nombreuses. Les arbres

abatlus couvraient encore In !erre. Le champ de

balaillc était done plus proprc

1t

des combats de

tirailleurs qu'it de grnndes alfaques en ligne,

circonstance tres-favorable pour nos soldats ,

aussi inlelligcnls que bravcs. Le maréchal Ou–

dinot, avce les divisions Lcgrand et Maison, avce

les 1,200 cuirassicrs du général Doumerc et les

700 cavalicrs légcrs du général Corbincau, sou–

lcnnitunc lutteopiniutredanscesbois, tour

a

tour

fort épais ou présentanl d'assez vastcs éclaircies.

C'étnit un eombat de tirailleurs des plus vifs, eles

plus meurlriers, et tout 11

l'avantage de nos

soldats. Les généraux Maison, Legrand, Dom–

browski, dirigcant lenrs troupes avce autnnt

t!'habilelé que de vigueur, lantót remplissant les

bois d'une nuée de tirailleurs, lanlót faisant des

chargcs

a

la balonnelle qunnd ils avaient de

l'cspace, avaient fini par gngncr du lcrrain, el

par rejetcr Tchaplitz et Pa!1lcn sur le gros du

corps de Tchitchakoff. Le maréchal Oudinol qui,

toujours malhcurcux au fcu, étail aussi prompt

á

cxposcr sa personne que s'il n'cUt jnmais

été

altcint, avait été blessé et emporté du rhamp

de bntaillc. Le génc'ral Lcgrand avail été frappé

égalcment, et Ney, sur l'ordre de Napoléon,

était accouru pour rcmplacer Oudinot. Napoléon

avait adjoint aux 2 111ille hommes environ qui

restaienl des corps de Ney et de Ponialowski,

'1,500 hommes de la légion de la Vistule sous

Claparcde. 11 lcnait en réscrve Mortier avec

2 mille soldals de la jeunc garde, Lefebvre avcc

5,500 de la vieille gnrde, et environ

~00

cava–

licrs, dernier reste de ses grcnadiers el chasseurs

a

chcval.

La présence de Ney suffisait pom· ranimcr les

creurs que l'éloignement forcé d'Oudinol et de

Lcgrand avait affcctés. Se faisanl suivre de Cla–

par·cdc, et conduisant les déhris de son corps, il

s'aLlachn ct•abord it soutenir Maison et Lcgrand,

puis les aidn

it

rejeler la tete des troupes de

Tchitelrnkoff sur leur corps de bataille. Le tcr–

rain, plus découvert en cet cndroit, permellait

des allaques en ligne. Ney prescrivit

a

Doumcre

de se tenir prCt avcc Jcs cuirassicrs

a

chargcr

vcrs la tlroite, et il disposa ses colonnes d'infao-