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LIVRE QUARANTE-CINQUIEME.
hommcs. Ccltc doublc batail\c sur les dcux rivcs
de la Bérézina, avait donecouté de
-IO
¡,
11
millc
hommes aux Russcs, sans comptcr les 5 mille
prisonniers qu'a1•ait fnits le général Doumerc.
Mnis leurs blessés étaient sauvés, les nótrcs au
conlrnirc étaicnt S:lcrifiés
d'nvancc,
et avec cux
étaient sacriílés aussi les lroinards, auxquels il
follait désespérer de faire passcr la Bérézina en
tempsutilc.
ta nuit survenue ramena 1 un peu de calme
dansce lieudecarnagcet de confusion. Quoiquea
peine échappés
a
un alfreux désastre, et par une
sortc de mirnclc, car¡¡
avail
follu,
a
lravcrs un
flcuve
¡,
dcmi gelé (ce qui était la pire des condi–
tions), sc souslraircli troisarmécspoursuivantcs,
quoiqucayant la qucuc de notrc colounc encare
engagée dnnslcsmainsde l'cnncmi, nousavions le
scntimcnl d'un vrai triomphc, triornphc sanglant
etdoulourcux,payé parde crucis sacriílccs, triom–
phcnéanmoins, et l'un des plusgloricux rlc notre
histoirc, car les 28 mille hommcs qui eomlial–
taicnt ainsi
a
chcval sur une ririCrc, contre 72
millc, auraient du clrc pris jusqu'au dernicr !
Notrc malhcur, tel quel, était done un pro<lige.
L'armée le sentait, et mcme dans ce rlésastre
dont nous
parta~ions
la perle matéricllc avec les
Russcs, rrrnis dont la confusion était toutc pour
cux, Napoléon erut rctrouver la gran<leur de sa
destinée, sinon de sa puissauce. Le lendcmain
toutcfois,
il
follait recommcncer non
1''"
11
se
rctircr, mais
a
fuir. 11 faliait en rlfct arrachcr
des mains de l'enncmi les 5 millc homrucs qui
rcstaicnt au maréchol Viclor, son nrtillcric, ses
pares, et le plus qu'on pourrait des malhcurcux
qui n'avaicnt ¡rns su employcr les journécs pré.
cédcntcs
n
passcr les ponts. Napoléon ordon11a
au maréchal Victor de se transporler su1· la
droite de la Bérézinn pcnrlanl
la
soirée et la nuil,
d'cmmcncr loule sonartillcric, et de foire écou-
1
M.tle Boutourlin supposec¡u'ilycul5 millctuésoublcs·
sésducólé des ma1·éclrnux Oudinol eLNcy
1
c15 millcducóté
dumaréch;il \'iclor.CeschilTressont incxacts.Q1111trc millcdu
cóté dc \lictor, 3 mille du cótétl'Oudinol el i'iey sont
ti
pcu
prCsla vérilé. Muis les pe!'tes <le l'cnncmi furenl benucoup
plus grandes, car indépcndarnmcnlJu nombrehicn plusco11-
sid1ll'ílble d'hommcs que nous
tu~mes
aux Husscs,
nou~
lcur
flmcsenvironJ millepriso1111icr5 par la mnin descuirassicrs
du ¡;énérul Ooumcrc. M.tlcBou1ourli11 1litqucnouspe1•dimes
ll111illcprisonniersappartcu:1111 aucorps i.cul de \'ic10r,la
divi~ion
rarlouncauI compri.;r. Orle maréchal \'ic1orarri11!
ilS1mlia11ka ncconserrnit pas ¡ilus de 13
ti
U-mille hommc5
ª''ccln<li,·isio11Partouncaux. ll cnpcrdit1rnrlefeu2millede
ladivisio11 Pa1·touneau.t,4 milledcs1livisious Giranlel Dacn·
1lels, il en ramcnatlmitle; commcnt:wrail·il pu en laisser
11 mille dauslcsmaius des Husses?Cc sonl lAdes c1:igéra-
lcr la plus grande partic des hommcs débandés
qui étaicnl cncorc sur Jarive gauchc.
Si11gulicr fluxrt rcflux de la multitudc épou–
vantéc! Tant que le canon avait grondé, tont le
monde voulait passer, et,
a
force de le vouloir,
ne le pouvait plus. Quand avcc la nuit vint le
silcncc de l'arlillcric, on ne songea plus qu'au
dangcr de se trop prcsscr. rlangcr dont on avnit
fail dans la journée une crucllc cxpéricnce; on
s'éloigna de la SCClle d'horrcur que préscntait le
licu du passagc, ar.11, disait-on, rle cédcr lepas
aux plus impalicnts, de maniere que
fo
difficullé
allait ctrc maintenant de íorccr ces malhclll'cux
n
défilcr avant !'incendie des ponls qu'il fallait
absolumcnt détruirc le lendcmnin,si l'on voulait
gagncrun pcu
d
1
nvnnce sur l'cnnemi.
Mais la prcmicrcchosc
h
foireétait de déblnycr
les avcnucs des deux ponts de la 111assc de chc–
vaux el d'hommcs morts par le boulct ou pnr
l'étoulfcmcnt, de 1·oiturcs brisécs, d'cmbarras
de toutc cspccc. C'était, suivant le langage des
pontonnicrs, une sorte de tr,,nchéc
h
cxécutcr
au milicu des cadavres et desdéliris de voiturcs.
Le général Íolilé, avec ses pontonnic1'S, cnlrcprit
ccltc tache aussi pénililc que doulourcusc. On
ramassaitlcs cada1•rcs cton les jctait sur le coté,
on trainait les voiturcs jusqu'au pont, et on les
p1·écipitail cnsuite du tablicr dans la rivicrc. 11
restail néanruoins une masse de cadavrcs <lont
on 11'avait pu délh rcr les approchcs des deux
ponts. 11 follait done chemincr en passant sur
ces corps, et au milicu de la chair et. du s"ng.
Le soir, de ncuf hc11res
i1
minuil, le mnréchal
Victol' traversa la IJérézina en se dérobant" l'cn–
ncmi1
lrop fatigué pour songcr
a
nous pour–
suivre.
11
fil écouler son artillcrie por le pont
de g"uchc, son infontericpar celui de droilc, cL
sauf' les blcssés, saur deux bouchcs
a
fcu, parvinl
it
transportcr toul son monde et son matéricl
tionsé,·irlcntcs. Les nussesp1·ircnl2 millehommcsaugénéral
Pnrlouneaux,ctquclc¡ucscenlainesauxdivisionsGirnrdet
Oacuclcls, ce
qui
nvec les 6 mi lle pcrdusllu ícu dans les
troi~
divisions, ctlcstlmilleramcnés,composeles ISou 14-millc<lu
corps dumaréchal \'ictor. Lesprétemlus prisunniersíaitspnr
les Kuss<'s nefurent évidcmmeut quedestrairlnrdsr:unassés
sur lcschcmins. l.esnusses ont rarléenc•relle200 bouches
Uícu ¡iris1·sl1lallfrCziua. llspréLendirc11Lcna.\·oírpris220ll
K1·asnoé, 200
~la
lléi"Czina, tola! 420. 01· Nu11oléo11 n'cn avoil
pas emporté 200 de Smolcnsk.
O'a111·~s
Je rapport réridique
des ponlonuie1·s. il ne
rc~ta
pasun canon de J'autre eútéde
la
llérézina.Dcs1ral11a1·ds ramasséssur les routes,lcsRusscsonl
foit<les prisonniers ¡iris
~ur
lcchamp de bataille; et des 1·oi–
tures1le liagages ils ont
íait
aussidcs canons 11risencombat–
t:int C'csl cequi explique chcz u11 écri\'oi11 1elque M.dcBou·
lourlinlei étranscsuayérntionsqucnous\'eaonsdesi¡;nalcr.