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LIVHE QUAIUNTE-CINQUIEME.
oú il n'a pas habitué Je monde
a
le
1•oir, a, au
licu d'un succcsscur univcrscllcmcnt rcconnu,
des concurrcnlssourcnt appelés par Je vreu pu–
blie, ¡mee <¡u'il a fail lcur popularilé par ses
faulcs. S'cxagérant mcmc ce gcnrc de péril avcc
la vivacité de perccption qui luí élait parlicu–
liere, Napoléon étail impatienL de quilLer son
armée, surloul depuisque laBérézina étant mira-
-culeusemcnt passéc, un dcvoir d'honneu1· impé–
ricux ne le rcLenait plus 11 la tele de ses soldals.
IJcraignaiLque son <lésastrc, qui était inconnu
cncore, vcnant
a
se révélcr soudainemcnt, les
esprils n'en éprOlll'asscnt une lellc commolion,
<¡ue son rclom· dcvint impossible, et que sur
sa roulc il lrour<\t millc bras levés pour l'arrc–
tcr. 11 voulait done, avant que les malheurs qui
l'avaient frappéfussent connus, ou pendantqu'on
crnploicrail le lcmps
á
y croirc, s'éehappcr avce
<Jualre honuncs súrs, Caulaineourt, Lobau, Du–
roc, l.efebvrc-Desnoucllcs, traverser la Pologne
en traincau, l'Allcmngnc en poste, l'uucetl'aulrc
trCs-sccrCtcmcnt,
el
arrivcr aux Tuilcrics avant
d'y clrc attcndu mcme par sa fcmmc. Lorsquc
l'Europc saurait son désaslrc, mais son relour
a
París en méme temps que son désaslrc, elle
y
regardcrait avantde se soulever,elen touteaselle
le lrouYcrait
á
la tétedes forces eonsidérablcs qui
rcslaient
u
rEmpirc, el clic pourrait payer bien
chcr uncjoied'un momcnl.
JI
y avait eerlaincment de t1·cs-puissanlcs
rnisons pour penscr ainsi , el asscz pour qu'il
foillc laisscr
u
la lourbc des parlis le soin de
qualificr dedéscrlionce départ de l'armée. Pour–
lant il
y
en avait quclqucs aulrcs n fairc 1•aloir
en opposilion
a
ccllcs-li1, qui, sans les égalcr
pcut-élrc, avaicnt néanmoins lcnr valc11r. Arce
l'opiniiitrclé de Masséna ou le flcgruc de
Mo–
rcau, il cut élé possilJJc de lircr qucJques rcs–
SOUl'CCS
de cctlc situalion, el de lrou1•cr enfin
une limite ou l'on pourrait arrétcr les llnsses,
et rallicr les débrisde l'arméc. En effcl, on avait
cncorc, en comprcnant la gardc, les corps de
Daro11st et de Viclor, ·12 mille hommcs porlant
un fusil, suivis de quarante millc trainards cn–
viron, capa!Jlcs de rcdcvcnir des sol<lals <les
qu'on lcur aurait procuré quclquc ¡m t des vi-
1Tcs, des loils, du rcpos, de la sécurité. Toulc–
fois, ce n'élait pas a\'anl un mois ou dcux que
ces débandés rcdeviendraicnl des soldals.
~!nis,
1
Loiud'cx:i¡;ércrccschiffrcs,jelesai plutót réduits,clje
lcsaip1·is<lansla corrcspondance mémcdea1.dcllassano,,¡ui
c111'oyait tous les jours
~
Napoléout'élat des t1'ou¡1es passanl
parWilna. Lechiffredcsforccs desgénérauxSch11ancn!Jerg
en altendant, les
t
2 mi lle qui avaicnl consm•é
lcursarmcsallaientrcnconlrcrcnlrcMolodcczno
et Wilna, de Wrcdc avec 6 millc Davarois,
a
Wilna mcmc Loison avec 9 millc Franqais,
Franccschi et Coutard ayee deux brigadcs de
7n8 millc Polonais el Allcmands, et, indépen–
dammcnt de ces corps organisés, quclqucs csca–
drons et baiaillonsdemarche s'élcl'nnt
a '•
mille
hommcs, plus 6 millc Lithuaniens, c'csl-n·dirc
55 millc hommcs, qui, joints aux restes de la
grande arméc, pouvaicnt opposcr une cerlaine
résislancc n l'cnncmi, puisqu'ils ne scraicnt pas
moins de
4~
millc comhallants réunis el bien
armés. A droilc, on avait Schwarzenberg a1•ec
25 ruille Aulrichicns, lleynicr a1•ec 15 millc
Fran~ais
et Saxons cxccllents, c'cst-n-dirc
1,0
millc bommes qui ne manqueraient pas d'ar–
river des qu'on lcur fcrait ¡mvenir l'ordrc
d'avanccr. Enfin
a
gauchc, 011 avait Macdonald
avcc tO millc Pr11ssiens, qui n'oseraicnt aban–
donncr l'arméc franqaise que lorsqu'clle s'aban–
donncrait cllc-méme, et 6 millc Polonais
n
!'abrí
de toutc séduction cnncmic.
JI
élait done pos–
siblc d'avoir cncore
a
Wilna 45 mille hommes,
si loutcfois 011 ne les cnvoyait pas mourir sur
les roulcs po11r aller au-devant de la grande
arméc, plus
1,0
rnille
a
droite de Wilna, et
15 millc
ii
gauche, auxqucls il fallail de huil
ndix jours po11r se réunir au rendez-vous com–
mun. En arriCJ'c,
a
Ko:migsbcrg, la di\•ision
Jleudclet du corps d'Augcrcau arrivait forle de
15 millc Franqais. 11 en rcslait une aulre n
Augcreau de parcil nombre, outre bcaucou.p
de troupes de marche, et enfin le corps de Grc–
nicr,qui vcnait de passer les Alpes avee18 millc
soldals des ancicnnes troupes d'llalic. Augercau
pot11'aÍLdone tenir Bcrlin avec
50
millehommcs,
lleurlelct remplir l'intervallc avcc 15 millc, et
Napoléon en réunir
'100
mille aulour de Wilna,
dont la moitié) Wilna mémc '· Or, les llusscs
n'cn avaicnl pas plus. ll reslaiL cnviro11
50
millc
hommcs
a
Kul11sof, 20 mille
a
Wittgenstein, et
a
pcu pres aulant
a
Tchilchakoff. Sackcn, aprcs
les combals malhcurcux qu'il venail de soulcnir
conll'C Scl1wnrzcnbcrg et Rcynier, commc on
Je
VCl'l'll
lOllt
a
]'hcure, n'avait pas
10
milJe
hommes sous les armes. Ce tola! préscntait
·I
00
millc hommcs au plus, cxcellcnls sans
doulc, mais pas meillcurs assurémcnt que ccux
c1Reynicr,jel'aiprisdanslacorrespondancedcccs ¡;énC1·aux,
qui cerlainemcnt,cns'excusant sanscrsse<lc11ep:isobtcnirde
plusgn1nds1·ésulta1s, n'aUl'aientpascxagéré lcsmoyensdont
011/c111·reprochaildencp11sfaircunus<1gcsuffisanl.