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LIVRE QUARANTE-CINQUIEME.
alTaiblic en cnvalcrie que
700
chcvaux scraient
un impo1·tanl sccours a lui npportcr. 11 s'c1ail
done mis
a
longcr Ja rivc droitc de la Dfrtzina
au-dcssus de Borisow, chcrchanl s,il n'y nurait
pns un gué praticable, lorsqu'il arail
apcr~u
sortanl de l'cau un paysan polonais, qui rcnnil
de la francl1ir, et qui lui arnit indiqué, vis-a-vis
clu village ele Sludianka, i1 Lrois licues au-clcssus
de Ilorisow, un cndroitoU les chcvaux pouvaicnt
passer avec de l'caujusqu'aux reins. La 13érézinn,
noirálrc et fongcusc
1
charriait de gros
gla~ons
fort c.Jangcrcux. Le général né<rnmoins avait
formé s::i caw1lcric en colonncserréc, étail entré
dans l'eau, et nvail pnssé la rivicrc en
pcrdan~
une vinglaine d'hommcs cntraincs par les gla–
~ons.
llcurcux d'avoir surrnonté cet obstacle,
il avait gagné au galop Lochnitza, el enfin llobr,
oli il avail rencontré le maréchal Ouclinol cou–
pant transvcrsalcmcnt la route ele Srnolcnsk
a
Ilolir pour marchcr sur Bol'isow. Le général
Corbincau avait fait son rapport a son maréchal,
et rrjoint cnsuitc le 2• corps auqucl il appartc–
nnit. Prcsquc au mCmc momcnL le nrnréclrnl
OuUinol, se
jctn11L
bn1sc¡uement
sur Borisow,
y
nvail surpl'is, e11Yeloppé J'nvant-g<mlc
clu
eomtc
P;d1len,
foit
einq
Usix
cents prisonnic·rs, lué ou
blcssé
un
nombre
égal
1fhommcs, cnleré plu–
sieurs cent::iincs
de \'oitures
de
bagnges,
pris In
villc, el fondu ensuilc su1· le pont, que les
flnsses,
press<'s
de s'cnfuir,
:t\'aicnt
bn'ilé, déscs–
péront de le cléfcndrc. llorisow étnit done 11ux
mnins du
2c
corps sans que notrc position fl1t
arnélioréc, puisquc le ponl de la llérézina éLniL
bnité;
nrnis
la décou\'Crte inattenduc clu
géné·
ral Corbincnu foisnit luir·e un
rayon
cl1cspé1·:.mcc,
et le maréehal Oudinot dépécha le général
a
llobr oupres de l'Empc1·ct11'.
Napoléon connaissait et aimail les frfrcs Cor–
Lincnu, donL l
1
ni11é
nvait
été tué ;, cóté de
lui
ü
Eylau. 11 accucillit celui-ci commc un cnvoyé du
cif'i, le queslionna longuemcnL, lui fit décrirc
minutieuscment les licux, bien cxplic¡ucr la pos–
sibilité de p11sscr la ril'ic1·c ;, Sludi,111ka su1· de
simples ponts de chcvalets, el 1·ésolul sur-lc–
dwrnp de l'cssayc1'.
JI
1·enl'oya sans cliffé1·c1· le
général Col'iiincau i1 Oudinot, ;11•cc ordrc elecom–
mencet'
toul de
suite el lrCs- secrCtemenl Jes
prépai·atifs de passagc
a
Studianka, au-1lcssus de
Bo!'isow, mnis
en
foisant
e.les
dCmonstrations
trCs–
app11rentcsau-dcssous de ccltc l'illc
de
mauierc a
lrompcr Tchitchakoff, et
a
clétour11c1· son aLlcn–
lion du l'érilalJlc poinL oú 1'011 voulnit passc1'. Ce
n'était pas touL, en clfct, que d'avoi1· miraculcu-
scrnent lrouvé un point ou, griicc au peu de
pro~
fondeur de la llérézina, des chevalcts suOiraient
pour la franchir; il fallait que le travail auquel
on allaiL se livrcr restal asscz longtemps
inapcr~u
de l'cnnemi pour que l'on cut le moycn de por–
ter sur l'autrc rivc des forces capaules d'arréler
les Russes de TchiLchakolT, et de les ernpccher
des'opposcraupassage. Napoléon orclonna mcmc
ú
Ou<linol de répandrc dans l'arméc le hruit
qu'on dcvait passcr au-dessous de Borisow, afio
cl'y oltircr la fouie des lrainards, et <le rendre
complete chcz l'cnncrni l'illusion qui pouvait
seulc nous sauver.
Legénéral Corbincau, quittant Napoléon le 25
novemhrc fort tare!, rcjoignit en Loulc hatc le
maréchal Oudinot, et cclui-ci des le lcndemain
malin
211-,
se conformant
nux ordrcs
qu'il
vcnait
de rcccvoir, fil les démonslrations prcscritcs au–
dcssous ele Borisow, puis profitanl ele la nuit et
des uois qui bordaicnt la Bérézina, cnroyn se–
erctcmcnl le général Corbincnu al'ce ce c¡u'il
av::iit ele pontonnicrs
pour
commcnccr
les
tra–
vaux de passnge; Stuclianka. C'étaiLune grande
el diflicilc opération, car il l'allail trouvcr eles
bois ¡ll'éparés, ou en préparcr, les disposcr, les
fixcr
c.lnns l'c:nu,
lout
cela dcvant
les nvnnt-postcs
de Tcl1itch11kolT c¡ui, aprcs la perle de Borisow,
étail
rcstú
sur l'autrc rivc, et íl\•ait
des
vedellcs
jusc¡ue ris-i1-1•is ele Studianka. 11 y avait done
cent chances d'insuccCs contrc une ou dcux de
r6ussitc.
Pendanl ce tcmps, Napoléon s'était transporté
le 2'"
a
Lochnitzn, sur
lo
J'OUlC
de
llo1·isow,
se
proposant
d
1
lllTÍrcr
le
lendenrnin 25
avcc
la
garde
i1
Borisow
mCmc, pour
conOrmcr les Russes
dans la pcnséc qu'il ''oulait passcr au-dcssous de
cctle rillc, lantlis qu'il éLait résolu au conlrairc
a
passcr <iu-dcssus,
c'cst-:\-dirc
a
Studia1lkn,
el.
a
se remire scc1·Ctcment en ce
dcrnier
cndroit
nu
moycn d'un chcmin de trm
1
c1·sc.
JI
nvnil rx–
péclié au ma1·échal Davousl, qui 1lc¡H1is la lrn–
tnillc de Krnsnoé formnit ele
nouvcnu l\1rriCrc–
gar<lc, l'orclrc ele halcr le pas, afin J·accélérrr
le passagc
e.lela
llfrézina si
l'on
purvcnait
a
se
Jll'Ocurcr les moycns ele la franchi1', mais avant
Lnut il al'nil cnvoyé le génfral Éblé avcc les po11-
tonnicrs et lcur matéricl dircctcrnent 1 Stu–
dianka,
pour
cxécuter
la
construction des
ponts
<1uc
les ponlonnicrs du
2e
corps n'nvaicnt pu que
COllllllCllCCI'.
Le
mo111cnt élnit
venu
oú le rcspcctablc géné–
rnl
É~lé
ntlait e;ou1·onncr
sa carriCl'C par un scr–
vicc irumorlcl. Du matéricl 11ue Napoléon nvaiL