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582

LlVRE QUARANTE-CINQUIEME.

réduit

a

-10 mille hommes exlénués. Le due de

Bellunc, avec les troisdivisions du 9°eorps, alTai–

bli par les marches qu'il avait foitcs, en eonser–

vait

a

peine 22 ou 25 millc. Les dcux maré–

elwux ne comptaient done ensemble que 52 ou

55 millc J1ommcs. Opposés

a

Wittgenstein et

a

Slcinghel, qui n'en avaient plus que quarante

mille depuis les derniers eombats, ils anraient

pu les batlre. Mais Wittgenstein avait pris posi–

tion dcrriCrc l'Oula, qui forme, commc nous

J'avons dit, la jonction de Ja Dwina avec le Dnié–

pcr, par le canal de Lcpcl et la Bérézina. Les

Jcux maréchaux avaicnt cssayé d'allaquer Witl·

gcnstein dans une fortc position pres de Smo–

Jiantzy, avaicnt pc1·du 2 millc hommcs sans

réussir

a

le déloger, ce qui les réduisait

a

50

mille hommcs au plus, et n'avaient ricn osé

lcntcr de <lécisif, craignant de compromcttrc un

corps qui était la dernierc ressourec de Napo–

léon. Pcnt-ctre avcc plus d'accord el plus de

déeision, il lcur etlt été possible d'entrcp1•cndre

dava11tage, mais lcur situalion était difficile, el

leu1· pcrplcxité bien naturelle. Sur les inslances

du général Dode, ils s'étaicnt réunis aprcs un

momcnt de séparalion, afin d'agir ensemble, et

ils attcndaicnt

a

Czéréia,

1t

dcux marches sur la

droilc de la route que suivait Napoléon, ses

intenlions définilives. Ce sont ces intentions que

le général Dodc venait chcrchcr

a

connaitre,

aprcs lui avoir cxposé fort rxactcmcnt ce 1¡ui

s'était passé du cóié Je la Dwina

1 •

Si J'on se rappclle les licux précédcmmcnt dé–

crits, on comprcndra aisémcnt qucllc était en

ce momcnt la situation de Napoléon. Pour mar–

cbcr sur Moscou, il avait passé par l'espace ou–

vcrt que luisscnt entre eux la Dwina et le Dnié–

per, entre Witcbsk el Smolcnsk. En parlaDt,

il

availla Dwina

~

sagauclic, la"DniépcrUsadroitc;

3ll

conlrairc

en rC\'Cnant,

il

avait

le Dniéper

a

sa g;rnchc, la

Dwina

a

sa droitc, et venait de

franchir l'ouvcrture de Sn10lensk

a

Witelisk,

puisqu'il é1ai1

a

Orscha. 1\lais au c[cla, la Dwina

et le Dniépcr se lrouvaicnt en quclquc sortc

réunis secondaircmcnt par une lignc d'eau con–

tinue, tanlót canal,

tantót

riviCrc, consistant

dans l'Oula qui cst un afilucnt de la Dwina, dans

le canal de Lepe! qui joinl l'Oula avcc la Béré–

zina, et cnfin dans la Bérézina clle-memc, qui

rejoint le Dniépcr au-dcssous de Rogaezcw.

11

fallait done forcer celle seconde ligne. Sur sa

gauche, autrefois sa droite, Napoléon voyait

Tchitchakofl' mait1·c de Minsk el des vaslcs ma–

gasins de eettc villc, prcl

a

s'cmparer du pont

de Borisow sur la haute Bérézina. Sur sa droite,

autrefois sa gauche, il voyait Willgcnstcin et

Steinghcl prets

a

profiter de la prcmicre faussc

manreuvrc des maréchaux Oudinot el Victor,

pour gagncr, en suivanl l'Oula , la haute Bé!'é–

zina, et donncr la main

a

Tchitclrnkofl'. Enfin

il avait sur ses dcrricrcs Kutusof avee la grande

armée russe. 11

y

arait la bcaucoup de chances

de périr, et bien pcu de se sauvcr. Ccpcndanl

au milicu de loulcs ses peines, Napoléon cut une

consolation, ce ful d'apprcndre que les corps

d'Oudinol et de Victor, quoiquc trcs-alTaiblis

par le fcu, la marche el le froid, comptaicnt

encorc 25 millc homrncs, animés du meillcur

esprit, ayant conservé loute leur discipline, el

pouvant avccce qui lui restait de soldals armés,

mcttre dans ses mains une force de 50 millc

hommcs, laquellc habilemcnl dirigée serait une

sortc de martcau d'armes, donl il saurait bien

frapper tour

a

tour ccux qui oseraicnl l'aborder

de trop pres.

11

fal!.1it

a

la vérité s'en servir

avcc dcxtérité, el

á

cct égard on pouvait s'en

ficr

a

lui, car personnc ne l'égalait daos l'art de

manoouvrcr conccntriquemcnl entre des enncmis

séparés les uns des nutres, et il avait, aprcs un

momcnt de coofusion et d'aballcmcnt, rctrouvé

toute l'éncrgie de ses puissantes facultes.

Malgré l'horreur de cetlcsiluation, il se llalla

cDcore de sorlÜ' d'cmbarras par un dcrnicr, et

pcut-ctre par un éclatunt triomphe. 11 ordonna

:tu génCrul Dude, saos

Cl'itique1·

ce qui avait été

fait, de se rcndre aupres des dcux maréchaux,

Je prcscrirc au maréchal Ouclinot de se porlcr