Table of Contents Table of Contents
Previous Page  392 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 392 / 570 Next Page
Page Background

378

LIVRE QUARANTE-CINQUIEME.

toicnt i1fairc pour arrivcr

a

Orscha. Sans tcnir

complc de la fatigue de ccux qui élaicnt déja

épuisés par les journécs du 18et du 19, on se mil

en roulc avcc l'espérance de triompher des der–

niCrcs difficultés, si comrnc la vcillc on n'avait

l1

sa suite que les cavaliers de Plalow, c¡uclque

nombreux qu'ils fussent.

Vers Je milicu du jour on cut nrnlhcurcusc–

mcnt

a

travcrser une vostc plainc, dans Jaquellc

les bandcs de Platow, plus considérablcs que la

vcille, fondircntsur nos fantassins arce beaucoup

d'artillcric. Lenrnréclrnl i'ícy forma sur-lc·ehamp

les restes de sa petilc troupe en deux earrés,

pla~a

dans l'intéricur de ces corrés quelc¡ucs pau–

vrcs trainards qui s'élaicnL attachés

i1

sacolonnc,

quclqucs soldats qui n'avaienl pu suivrcqu'cnlois–

sant échapper lcurs armes, et les rnaintint contre

les attaqucs réitérécs des Cosaques, qui rncttaicnt

a

honncur cl'avoir vnincu au moins une fois un

Jambeau quclconquc de l'infantcric

fran~aise.

C'était bien Je cas de s'y obstiner, tont elle était

pcu nombrcusc dons ccttc rcnconlrc, tant on

étoit nomhrcux soi-mcmc, et tant était grande

Ja gloire de prendre, ou de tucr au moins d'un

coup de

Joncc.Jc

rnaréchal Ney. 11 n'en fut rien

cependant. L'illustrc maréchal soutint ses soldots

préts plusicurs fois

a

défaillir de fatigue et de

découragemcnt, cor on nevoyait pas cnco1·e Or·

scha.

Aprcs avoir repoussé les Cosaqucs el lcur

avoir tuébien du monde, on gagnaun villagc oU

l'on lrouva un abri, et oú ron prit quclquc

OOUI"•

riture. Le maréclrnl avait cnvoyé un Polonais

porler

a

Orseha la nouvcllc de sa miraculcusc

retraite, et dernandcr du secours. On s'y ache–

rnina dans la seconde moitié du jour, el vers la

nuit on finit par en approchcr. Arrivé

a

une

licue de distancc, on

apcr~ut

avcc une sorlc

de saisisscmcnt ineliciblc elcscolonncsde troupes.

Étaicnt-cclcs

Fran~ais?

étaicnt-cc les Jlusses? Le

maréchal, toujours confiant, et comptant sur

!'avis qu'il avait foit parvcnir

a

Orsclrn,

nºhésita

pas, s'avantta, et cntcndit parlcr

frnn~ais

:

c'étaicnt le princc Eugi:nc et le maréclrnl Mor–

Licr,qui sortisavcc trois millc

hommcs,

vcnaicnt

ausccours de Jcur camaradc, elont on s'était sé–

poré avec lant ele clrngrin et de rcmorels. On se

jeta dans les brns les uns des nutres, on s'cm–

brassa avcc cJJ'usion, et dans toutc J'arméc ce ne

fut <¡u'un cri el'admiralion pour l'héro'ismc du

maréchalNcy.

De six

a

scpl millc hommes, il en rarnenaiL

douze ccnts au plus, mourants de fatigue, et in-

copablcs d'ctre utilcs avant de s'étrc rcfaits rno–

rolcmcnt et physiqucment; mais il ramcnait

Phonncur, lui, son nom, sa pcrsonnc, et il avait

fait

cxpicr

i1

l'cnncmi par une vraic confusion

les crucisavantagcs de ces dcrnicrs jours. Napo–

léon, qui avait quitté Orscha dnns la jouméc

du 20, en apprcnant au chátcau de Ilaranoui,

il

s'était rcndu, ce rctour incspéré, en trcs–

saillit de joic, car onvenait de Jui épargncr une

bien crucllc humiliation, cellc ele faire dire ;\

l'Europc que le maréchal Ncy était prisonnicr

des Russcs! Napoléon cut la faiblcsse de laisscr

pcscr sur le maréchal Davoust Je tort d'avoir

abandonné le rnaréchalNcy. Le tort de ces mal–

hcurcuscs journées, c'était d'ctrc parti de Smo–

lcnsk en trois détachcmcnts séparés,

¡,

vingt–

quatrc beures d'intcrvallc les uns des nutres, et

d'avoir ainsi fourni

a

l'enncmi le moycnd'cnlc-

1'"1'

clrnque jour unepartic de l'rnnéc

fran~aisc ;

et si le ckrnicr de ces funcstcs jours il

y

avait cu

faute de la parl de quclqu'un dans l'abandon du

maréchal Ncy, c'ctit été de la part de Napoléon,

qui au Jicu de rcstcr un jour de plus pour at–

tcndrc l'arriere-gardc etscsauvcr tousensemble,

s'était au contraire éloigné de Krasnoé en y

laissant le maréchal Davoust avcc 5 mille

hommcs, sans un canon, prcsquc sans carlou–

chcs, plus compromis que la vcillc, réduil i1

partir immédialcmcnt

OU

a

mcttrc bas les armes,

et avcc J'ordre d'aillcurs de i·cjoindrc Mortier.

Du reste i\:apoléon lui-mérnc daos ccttc circon–

stancc n'avait aucun reproche

¡,

s'adrcsscr, car

s'il n'nvait quitté Krasnoé, l'arméc tout cntiCrc

cut été prisc; rnais alors il ne devaiL fairc pcscr

sur pcrsonnc en particulicr la rcsponsabilité de

ccttc résolution, et

il

dcvait Ja confondrc dans la

rcsponsabilité générale de ccttc affreuse cam–

pagnc. Au contrairc, soit désir de se décharger,

soi.l humeur clwgrine croissant

:t\'CC

les eircon–

stanccs,

il

manifcsta au sujrt de

la

conduitc du

maréchal Da\'Oust une désapprobation que tout

le monde dans la eloulcur qu'on éprouvait, dans

le plaisir toujours grand de déprécier une rc–

nommée jusr1uc-la sons tache, sehata de rccucil–

Jir et ele propagcr. Le propos de la fin de cctte

épouvantablc rctraile ful done que le marécbal

Davoust avait abandonné le maréchal Ncy, mais

que cclui-ci s'était sauvé par un prodigc. 11 n'y

avait que la sccondc de ces asscrtions qui f1it

naic. Ainsique nous l'avons déja dit, Napoléon,

chcmin faisant, jetait ses prcmicrs licutcnants

commciictirnrs

a

Ja fortune: vainssacrificcs!

il n'y arnit que lui , Jui seul, qui ptit bicntót