LA DÉHÉZINA. -
NO\'EOlllRE
-18·12.
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l'aUcnlion de l'cnnemi,
fit
cléfilcr en grand si–
lcncc, et en se coul'rant de quclqucs plis1le tcr–
rain, toul le reste de son corps cl'arméc dans la
dircction du Dniépcr, et parvint ainsi
a
se déro–
bcr
a
la vuc des llusscs. La dil'ision Broussicr,
cxposéc
a
la mitraillc et saos cspérancc de se
sauvcr c!lc-mcmc, bral'ait <·n attcndant la morl
ou une caplivilé presquc ccrtainc.
Tandis que la colonnc du princc Eugcnc s'é–
cbappait sur la ncigc, sans autre b1·11it que la
chute des hommcs qui tombaicnl de fatigue, ou
trébuchaicnt pcndant cctlc marche de nuit, on
rencontra tout
a
coup un détacl1cmcnt des
troupes légcrcs de Miloraclovitch,
n
qui la clarlé
de la luncavail rél'élé nolrc manoouvrc. Hcurcu–
semcnt un officicr polonais du corps de Ponia–
towski, sachanl le russc, etse servant de la con–
naissancc qu'il avait ele cclle langue íll'Cc une
rarc préscnce el'esprit, <lit
it
l'officicr enncmiqu'il
etit i1se lairc et
a
s'éloigncr, car le corps qu'il
voulait arretcr était un clélachcmcnt eleMilorado–
vitcl1
cxécutanl
unemanoouHc
aulourdeKrasnoC.
On parl'int ainsi apres clcux hcurcs de nrnrchc
a
Krasnoé, laissanl loulcíois plus de dcux millc
morts ou blcssés sur la routc, ainsi que les restes
de la division llroussicr, qui ne pou\'aicnl Ctrc
saul'és que par l'arrivée des maréchaux Dal'ousl
ctNcy.
Napoléon
rc~ut
son fils acloptif avcc une sortc
de joic mCléc d'amcrtume, et, rassuré sur son
comptc, se mil alors a penser avcc un profond
souci au dcsliu qui
mcna~aiL
Davoust et Ncy dc–
meurés ennrriCre.
Si
les deux mnréchauxnvaicnt
marché ensemble, il y nuraiL cu pcu de c1·aintc
a
conccvoir pour cux, car réunis ils comptaicnl
une massc de l7
a
18
mi lle hommcs de la mcil–
lcure infauteric de l'armée, el commanclés par
Davoust et Ncy, il n'était gucre
a
craindrc que
Kutusof ptit ni les arrclcr ni les prcndre. Mais
d'aprcs les ordrcsdonnés, Davousl dcl'ait anil'er
seul le lcndcmain, et Ncy seul le surlendcmain.
C'élaicnl done deux jours
a
attcndrc, dcux ba–
taillcs
a
soutcni1· pour les rallicr, el ele erucllcs
perles
it
CSSll)'Cl',
d'épOU\'OnlnbJes l1asards
a
eou–
l'il', Noul'cau sujct de douleur, et surtout ele
regrct, d'avoir adopté
un
parcil systCme de mar–
che! Mnis plus Napoléon arnit a se rcprochcr de
n'u1·oir pas quiltéSmolcnsk en massc, ou de n'a–
l'Oir pas pris la rivc droitc du Dniépe1., plus il
était résolu d'attcndre
a
Krasnoé l'arrivéc des
deux maréehaux , quoi qu'il pút en al'enir, et
de livrcr bntaille s'il le fallait pour lcur rouvrit•
la routc. Nnpoléon en risquant une action géné-
rafe pouvait la pcrdrc; il pouvait cncore, en clif–
féranl de vingt-quatrc hcm·cs le momcnt de partir
avcc In gardc, s'cxposcr
f1
Ctrc íait prisonnicr;
mais ily a eles eas ou la mort mcmc cst préférablc
a une résolution pruclcntc, quclque rang qu'on
occupc, et en raisonmCme de ce rang
!
Napoléon
tiré de ccl étal de torpcur oú on l'avait vu plongé
pcnclant quclques jours, rendu soudaincmcnt
a
toute la gl'andcur de son caractCrc, n'hésita
point, el pril son parti avce une noble vigucur.
Ccllc gardc
qu'il
avait mis
lllnt
de soins
a
CO!l–
scrvcr, il résolut de la dépenser toul cntiere s'il
le fallait, pour rallier ses dcux licutcnants, et
c'était se prépa1·cr la mcilleure des excuses pou1·
ne l'avoir pas cmployée a Borodiuo.
Son plan était simple.
11
était décidé
a
sortir
de Krasnoé le lendcmain avec sa gardc, non pnr
la routc cl'Orseha, qui l'aurait mené au bul desa
rclrailc, mais par cclle de Smolcnsk, qui le ra–
mcuail en an·icrc, et qui était cellc que Dal'ousl
el Ncy del'aienl suivrc.
11
se proposait de dé–
ploycr sur un platcau en arrii:re de Krasnoé, au
piccl duque! passail le ravin de la Lossmina, la
jeunc garde
U
gauchc, (a Yicilfe gardc
a
droilc,
el d'y attcndrc en balaille, sous le fcu ele trois
ccnts picccs de canon, l'apparition du maréchal
Dal'ousl. La cal'alerie de la garde ful placéc plus
a
gauchc, clans la plaiue le long du Dniéper
a
tral'crs laquclle le princc Eugcnc avail lrouvé
une issue; ce qui rcstail de caralcric montée
(?!00
hommcs cnl'iron)ful rangé
a
l'aulrc cxtré–
mité, c'csl-a-dirc a droilc, au dela ele Krasnoé,
pour obscn·cr la l'OUtc d'Orseha. Les troupes du
princc Eugcne cruellemcnt éprouvécs durent
gal'dcrKrasnoé, en
s'y
rcposant, el en mangcant
ec qui rcslait du magnsin formé clans celtc villc.
Le soir mémc les llusscs nyant pris position dans
levillngc deKoutkowo, et ce villngc élant lrop
rapproché ele Krnsnoé pour y soulTrir l'enucmi,
Napoléon le fil cnlcl'er
n
la ba'ionncUc par un
régimcnt
de la jcune garde, qui se vcngca sur
les troupes du comlc Ojarowski des perles de In
journéc. On lua loul ce qui n'cut pas le tcmpsdr.
sc rctircr.
Des le lcndcmnin matin ·17 norcmLrc, Napo–
léon
a
picd, car les chcvaux ne lcnaicnl poinl
sur Je rcrglas, rangca lui·mCmc sa jcune et sa
vicillc gardc en bataillc sous le canon de l'en–
nemi, el pul se convainerc au b1·uit de la fusil–
ladc que le maréchal Dal'oust approchaiL. Sa
préscnce, sa résolulion, son noble snng-froid,
la gra1•ité du péril, élcctrisaient tous les eoours.
Le maréehal Davoust ayant fait couchcr ses di-