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LA DÉHÉZINA. -

NO\'EOlllRE

-18·12.

573

l'aUcnlion de l'cnnemi,

fit

cléfilcr en grand si–

lcncc, et en se coul'rant de quclqucs plis1le tcr–

rain, toul le reste de son corps cl'arméc dans la

dircction du Dniépcr, et parvint ainsi

a

se déro–

bcr

a

la vuc des llusscs. La dil'ision Broussicr,

cxposéc

a

la mitraillc et saos cspérancc de se

sauvcr c!lc-mcmc, bral'ait <·n attcndant la morl

ou une caplivilé presquc ccrtainc.

Tandis que la colonnc du princc Eugcnc s'é–

cbappait sur la ncigc, sans autre b1·11it que la

chute des hommcs qui tombaicnl de fatigue, ou

trébuchaicnt pcndant cctlc marche de nuit, on

rencontra tout

a

coup un détacl1cmcnt des

troupes légcrcs de Miloraclovitch,

n

qui la clarlé

de la luncavail rél'élé nolrc manoouvrc. Hcurcu–

semcnt un officicr polonais du corps de Ponia–

towski, sachanl le russc, etse servant de la con–

naissancc qu'il avait ele cclle langue íll'Cc une

rarc préscnce el'esprit, <lit

it

l'officicr enncmiqu'il

etit i1se lairc et

a

s'éloigncr, car le corps qu'il

voulait arretcr était un clélachcmcnt eleMilorado–

vitcl1

cxécutanl

unemanoouHc

aulourdeKrasnoC.

On parl'int ainsi apres clcux hcurcs de nrnrchc

a

Krasnoé, laissanl loulcíois plus de dcux millc

morts ou blcssés sur la routc, ainsi que les restes

de la division llroussicr, qui ne pou\'aicnl Ctrc

saul'és que par l'arrivée des maréchaux Dal'ousl

ctNcy.

Napoléon

rc~ut

son fils acloptif avcc une sortc

de joic mCléc d'amcrtume, et, rassuré sur son

comptc, se mil alors a penser avcc un profond

souci au dcsliu qui

mcna~aiL

Davoust et Ncy dc–

meurés ennrriCre.

Si

les deux mnréchauxnvaicnt

marché ensemble, il y nuraiL cu pcu de c1·aintc

a

conccvoir pour cux, car réunis ils comptaicnl

une massc de l7

a

18

mi lle hommcs de la mcil–

lcure infauteric de l'armée, el commanclés par

Davoust et Ncy, il n'était gucre

a

craindrc que

Kutusof ptit ni les arrclcr ni les prcndre. Mais

d'aprcs les ordrcsdonnés, Davousl dcl'ait anil'er

seul le lcndcmain, et Ncy seul le surlendcmain.

C'élaicnl done deux jours

a

attcndrc, dcux ba–

taillcs

a

soutcni1· pour les rallicr, el ele erucllcs

perles

it

CSSll)'Cl',

d'épOU\'OnlnbJes l1asards

a

eou–

l'il', Noul'cau sujct de douleur, et surtout ele

regrct, d'avoir adopté

un

parcil systCme de mar–

che! Mnis plus Napoléon arnit a se rcprochcr de

n'u1·oir pas quiltéSmolcnsk en massc, ou de n'a–

l'Oir pas pris la rivc droitc du Dniépe1., plus il

était résolu d'attcndre

a

Krasnoé l'arrivéc des

deux maréehaux , quoi qu'il pút en al'enir, et

de livrcr bntaille s'il le fallait pour lcur rouvrit•

la routc. Nnpoléon en risquant une action géné-

rafe pouvait la pcrdrc; il pouvait cncore, en clif–

féranl de vingt-quatrc hcm·cs le momcnt de partir

avcc In gardc, s'cxposcr

f1

Ctrc íait prisonnicr;

mais ily a eles eas ou la mort mcmc cst préférablc

a une résolution pruclcntc, quclque rang qu'on

occupc, et en raisonmCme de ce rang

!

Napoléon

tiré de ccl étal de torpcur oú on l'avait vu plongé

pcnclant quclques jours, rendu soudaincmcnt

a

toute la gl'andcur de son caractCrc, n'hésita

point, el pril son parti avce une noble vigucur.

Ccllc gardc

qu'il

avait mis

lllnt

de soins

a

CO!l–

scrvcr, il résolut de la dépenser toul cntiere s'il

le fallait, pour rallier ses dcux licutcnants, et

c'était se prépa1·cr la mcilleure des excuses pou1·

ne l'avoir pas cmployée a Borodiuo.

Son plan était simple.

11

était décidé

a

sortir

de Krasnoé le lendcmain avec sa gardc, non pnr

la routc cl'Orseha, qui l'aurait mené au bul desa

rclrailc, mais par cclle de Smolcnsk, qui le ra–

mcuail en an·icrc, et qui était cellc que Dal'ousl

el Ncy del'aienl suivrc.

11

se proposait de dé–

ploycr sur un platcau en arrii:re de Krasnoé, au

piccl duque! passail le ravin de la Lossmina, la

jeunc garde

U

gauchc, (a Yicilfe gardc

a

droilc,

el d'y attcndrc en balaille, sous le fcu ele trois

ccnts picccs de canon, l'apparition du maréchal

Dal'ousl. La cal'alerie de la garde ful placéc plus

a

gauchc, clans la plaiue le long du Dniéper

a

tral'crs laquclle le princc Eugcnc avail lrouvé

une issue; ce qui rcstail de caralcric montée

(?!00

hommcs cnl'iron)ful rangé

a

l'aulrc cxtré–

mité, c'csl-a-dirc a droilc, au dela ele Krasnoé,

pour obscn·cr la l'OUtc d'Orseha. Les troupes du

princc Eugcne cruellemcnt éprouvécs durent

gal'dcrKrasnoé, en

s'y

rcposant, el en mangcant

ec qui rcslait du magnsin formé clans celtc villc.

Le soir mémc les llusscs nyant pris position dans

levillngc deKoutkowo, et ce villngc élant lrop

rapproché ele Krnsnoé pour y soulTrir l'enucmi,

Napoléon le fil cnlcl'er

n

la ba'ionncUc par un

régimcnt

de la jcune garde, qui se vcngca sur

les troupes du comlc Ojarowski des perles de In

journéc. On lua loul ce qui n'cut pas le tcmpsdr.

sc rctircr.

Des le lcndcmnin matin ·17 norcmLrc, Napo–

léon

a

picd, car les chcvaux ne lcnaicnl poinl

sur Je rcrglas, rangca lui·mCmc sa jcune et sa

vicillc gardc en bataillc sous le canon de l'en–

nemi, el pul se convainerc au b1·uit de la fusil–

ladc que le maréchal Dal'oust approchaiL. Sa

préscnce, sa résolulion, son noble snng-froid,

la gra1•ité du péril, élcctrisaient tous les eoours.

Le maréehal Davoust ayant fait couchcr ses di-