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LIVRE QUARANTE-CINQUIÉME,

Napoléon

y

était avec la gardc impériale de–

puis le 9 novembrc; les autres corps y étaicnt

successivemeut enlrés le 10, le H , le 12, le 15.

11

résolut d'cn sorlir le

·11•

avcc les troupes arri-

1·ées le 9, et d'cn faire partir, les 15, ·IGel 17,

cellcs qui étaient arrivées les 10,

H

el ·12. C'é–

lait la une faule de prévoyance peu digne de son

génie, et 11ui n'est explicable que par l'illusion

qu'il se faisait sur l'arméc de Kutusof. Ccllc

armée avait soulTerl aussi, el, de 80 mille hom–

mcs de troupes régulicrcs (sans les Cosaqucs),

clic élait réduilc i150 millc par les combals de

Malo·Jaroslawctz et de Wiasma, par la fatigueet

par le froid. Elle nous avail poursuivis jusqu'ici

avec des avanl·gardcs de troupes légercs, se con–

tenlant de nous harccler, d'ajouter a nott·c dé–

lrcssc,

de

ramasscr les trainards, mais ne scm–

blanl pas, sauí a Wiasma, disposée

a

se metlrc

en travcrs pour nous barrer le chcmin. Le vicux

Kutusof, heurcux de nous roir périr un Uun, ne

voulait pas affronlcr notrc déscspoir en chcr–

chant a nousarrcler.11 n'attachait pas sa gloirci1

nous battrc, muis

a

nousdétruire. 11 avait <lit au

princedeWurlembcrg ces paroles remarquablcs :

"

Je sais que vous, jcuncs gens, vous médiscz

du

vieux

(c'est ainsi qu'il se qualifiait lui-mcme),

que vous Je trouvcz timidc, inactif. .. mais

\'OUS

eles trop jeunes pour juger une telle queslion.

L'ennemi qui se reli1·c est plus terribleque vous

ne croycz, et s'il se rctournait, aucun de vous ne

Liendrail lele

¡\

sa fureur. Pourvu que je le ra–

mCnc ruiné sur la Ilérézina, ma t3.che sera rem–

plie. Voila ce que je dois a ma patrie, et cela, jc

le fcrai.

i1

Pourtant, dans sa constante sagcsse,

il savait qu'il f,11iait accorder quelquc chosc aux

passions de l'arméc, et quclque chosc aussi

!t

la

fortuncde l'empirc, qui pouvaiL bien,upres tout,

lui livrcr Napoléon dans lcl passagc oú il scrait

facilc de le détruire d'un scul coup. 11 n'y re–

non~ait

pas absolument, mais il n'en faisait pas

le but csscnticl de sa marche. 11 nous suivait la–

téralcmcnt, sur une roulc bien pour\'ue, nous

harcclant avcc les troupes légcrcs de Plalow et

de Miloradovitch, prét, s'il pouvait nous dcvan–

cer quclquc part, non pasa se mellrc en tra–

vcrs, ce qui nous aurait forcés de lui passcr

sur

Ir

corps, mais i1 nous eoudoyer fortcment,

et

a

coupcr quclquc

lron~on

de notrc longueco–

lonne.

Napoléon, comme il arrive loujours dans les

situations extrcJJlcs, avait des allcrnatil•cs d'.1-

ballement et de confiance, de sévérilé et de com–

plaisance pour lui-mémc, et dcvinant la pcur

qu'il faisait

it

Kutusof, y puisant uneconsolalion,

s'y fiant trop, ne.croyait nullemcnt le trouver

sur son chemin deSmolcnsk

a

Minsk. 11 ne crai–

gnait sur cctlc voic que la rcunion de Tchitcha–

kolT

il

Wittgenstein, et ne s'attendait de la part

de Kulusof qu'i1 quclqucsalertes d'arricrc-gardc.

C'est par cemotif que, lout enayant sur ses dcr–

rieres et sur sa gauehe la grande armée russe de

Kutusof, il ne songca méme pas

a

mctlrc entre

elle el lui le Dniépcr, ni a continuer sa retraite

sur Minsk par la rivc droite dece fleuve.

11

aima

mieux prcndrc la roule battuc de la rivc gauche,

ccllc de Smolcnsk

il

Orscha, par laqucllc il était

vcnu, qui était lameillcurcet laplus courte.C'cst

aussi par ce motif qu'il ne partil pas en une

sculc masse, ce qui aurait rendu lout accidcnt

impossiblc, cL lui aurait pcrmis d'accablcr Ku–

tusof s'il araiL dú le rcnconlrcr- quelc¡uc part.

Pouvant opposcr cncm·c, le dirons-nous, hélas

!

56 lllillc hommcs armésaux 50millc hommesde

KuLusof, il cút élé en mesure de lui passer su1:

lecorps, s'il l'avait trouvé sur son chemin. Mais

ne supposant pas que cela pút étrc, et prcssé

d'avoir franchi les soixante licues qui le sépa–

raicnt de Borisow sur laIlérCzina, il pcnsa qu'en

faisant partir le ·11, ccux qui étaicnt arrivés

le

9, le

-15

ccux qui élaicnt arrivés le ·10, le

16 et le 17 ccux qui étaient arrivés le

H

et

le ·12, il donncraiL

a

chaeun le lcmps dese rc–

poser, de se réorganiser un pcu, de rcprcndrc

quclquc force, afin de se préscnle1· en meillcur

étal devant l'armée de Moldavic, scul cnnemi

auqucl on songcat dans le momenl

!

Fachcuse

illusion qui failliL nous Ctre falalc, qui nousvalut

des perles cruelles, et qu'unc forte préoccupa–

tion, cclle d'atlcindrc promplcmeul llorisow,

peut seulc cxpliqucr chcz un aussi grand espriL

que Napoléon

!

11

fil

toutcs ses disposilions en conséqucncc.

On avait élé rcjoint par quelques bataillons et

quclqucscscadronsde marche, figurant pour la

plupart daos la division llaragucy-d'llillicrs, si

malheurcusemcnt compromisc sur la roulc de

Jelnia.

.11

les fit vcrser dans les cadrcs, ce qui

rcndit un peu de fo1·cc aux divcrs corps. Cclui

du maréchalDavoust fut ainsi reporté a 1·I ou·12

millc hommes, cclui du maréchal Ncy a 5mille,

cclui du princc Eugene

h

6 mille.

11

ne restait

qu'un millicr d'hommes

a

Junot commandant les

Wcstphalicns,700ou 800 auprincePonialowski.

commandant les Polonais. La gardc, qu'on nvait

tant ménagéc, pour Ja l'Oir périr sur

les

roulcs,

ne conscrl'ait gucrc plus de 10

O

H mi lle