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LA BERÉZINA. -

NOVEMBHE

1812.

57~

une destruction d'hommcs inutilc. Mais legéné–

ral Tormasoff ayanl commencé son mouvement

autour de Krasnoé pour intercepter la roule

d'Orscha, Napoléon qui s'cn élait

apcr~u

ne vou–

lut pas prolonger celte lenlative audacieuse de

s'arréler

ii

Krasnoé, tandis que l'on pouvail élre

coupé d'Orscha, scul ponl que l'on cutencore sur

le Dniépcr, el réduil

lt

mettre bas les armes.

Prendre le parli de se rctircr, c'était probable-

. ment sacrifier le maréehal Ney, car il n'élait pas

supposableque lemaréchal Davoust, parexemple,

pút rester seul

¡,

Krasnoé pour atlendre le ma–

réchal Ncy, lorsqu'on avait lant de peine

a

s'y

maintcnir tous ensemble. On pouvail bien s'al–

longcr pendant quelques heures cnco1·c pour

tcndrc la main

a

Ney, mais il follait ou dcmeurer

lous

a

Krasnoé, ouen partir lous, sous peine de

perdre ce qu'on y laisscrait, et d'avoir fuit une

chosc inulile en s'y arrclant lcs journées du 16 et

du

-17.

Napoléon néanmoins, ne ''oulanl ni rc–

noucer

il

gagner Orscha

a

tcmps ni comnrnndcr

lui-mcmc l'abandon du maréchal Ncy, parli

cruel donl il pouvail scul nssumcr la respons'a–

bilité, donna des ordrcs équivoques, qui n'é–

taient digne ni de la nctlelé de soncsp1·it, ni de

la vigucur de son caractCrc, el qui ré\'élaienl

toule l'horrcur de la posilion oú il s'était mis. 11

prescrivil

a

la garde de partir, lui adjoignil,

pour compenser les perles qu'elle ''cnail de faire,

la division Compans, laissa des lors le maréehal

Davousl avec trois dil'isions seulemenl, celle du

générnl Hicnrd ayanl déj[1 été délachée, ordonna

au mnréchal Davousl de rcmplacer le ma1·échal

Morlicr aulour de Krasnoé d'abord, puis dans

Krasnoé mcme, d'y lenir le plus longlemps pos–

sible, afin d'attenclre le rnaréehal Ney, mnis ele

suivre pourlanl le maréchal Morlier, orclre equi–

voque, qui, en imposant au ·I" corps clcux cle–

voirs inconciliables, cclui de rallier Ney, el celui

dene pas se séparcr de Mortier, faisait pcser sur

ce corps, le prcmirr en rcnomméc, endévoue·

mcnt, en héro'ismc, en discipline, commc en

rang de bataillc, la terrible responsabilité d'a–

bandonncr le maréclrnl 'ey. 11 etit clé plus

noble

il

Napoléon de prenclre lui-mcrne cetle

rcsponsabilité, car

il

étail seul capable de la

portcr.

l e rcmplaccmenl de la jeune garde pa1· les

trois divisionsqui restaient au nrnréehnl Dal'oust

ne se fil qu'avcc heaucou1>de peine. 11 fallait

manmuvrcr sans nrtillerie sur le platean de

Krasnoé, sous une eanonnade de plus de deux

cents bouches

a

fcu et sous les char•cs répélécs

de la nombreuse cavaleric russe, puis tour

a

tour

défiler ou s'arrcler pour se former en carré,

quelqucfois courir

a

la baionnelle sur les canons

de l'ennemi pour les éloigner, et enfin se retirer

suecessivemenl par échelons clans l'intérieur ele

Krnsnoé. Les dil'isions Morand, Gérard, Frié–

dérichs, soutinrent nvec moins de cinq mille

hommes l'efforl de vingt-cinq mille, ei couvri–

rent la terre eles morls de l'enncmi. Les50° de

ligne et 7° léger, souffranl l1•op de l'arlillerie

russe, foodircnl sur elle

a

la baionr.ette, lui en–

levercnl ses picces, et se débarrasscrent ainsi de

son fcu. Les lrois divisionsdu 1" corps rentrcrcnt

dans Krasnoé sans avoir élé enlamées. Toutefois

la division Friédérichs qui était

a

l'extrcme

droite, en se rcployanl la derniere, ful assaillie

par la cavalerie ennemie. Le 55° léger, régimenl

hollandais clont on avail cu lant

n

se plaindre

sous le rapport ele la discipline, se forma en

curré, résista opiniatrCmcnt aux chargrs furicu–

scs de la cavalel'ie russe, mais finil par étre en–

foncé el sabré en parlie.

Pendant ce lcmps Napoléon se 1·etirait en toute

h:ite par la roule de Krasnoé

a

Orseha. 11 aurail

pu la lrouvcr barrée, si Kulusof,apprenanl enfin

quºil é\nil cncore la, n'avait éprouvé un mouve–

mcnl ele faiblesse, el n'avnil ramené Tormasoff,

•1u'il avail d'abord placé en l1·avers de cette route.

Nnpoléon pul clone sorlir avec la garde en es–

suyant un fcu épouv:mtable, el snns renconlrer

cepenclanl d'obstacle inl'incible. Mais,

a

mesure

que choque corps défilail, on voyail les colonnes

de Tormasoff toul' Utour s'avnnccr ou s'arrCtcr,

comme altcnclanl visihlement l'ordre de fermer

cléfinitivemenl le chemin, que du reste elles cou–

n aicnt de fcux. A celte vuc on criail dans nos

rangs qu'il fallait partir, que bicnlól on ne pour–

rait p!us passer. Le maréchnl Morlie1', qui sor–

lail de Krasnoé sous les clwrges ele la cavalerie

cnncmie, en apcrccvant l'imminencc du dangcr,

fil pré1•cnir de son déparl le ma1·éehal Davousl,

et le pressa de le suivre, car il n'y arnit pas une

minulei1pcrdre. La nuil

eommen~ait,

les boulets

pleuraicnt sur Krasnoé, la

confu~ion

y

élait au

comble. Les lrois divisions qui restaient au ma–

réchal Davousl, el qui ne complaicnt pas cioq

rnille hommes, loujours sans a1·tillerie, <lcman–

cloienlqu'on ne les dévouat pas inulilemenl

a

une

mort ou

a

une captivilé eerlaines. Le maréchal

Davoust se conforma done

a

l'ordre qui dans le

momenl élail le seul exéeulable, cclui de suit·1·c

le mouvemenl duma1·échol )lortier. Le maréchnl

'ey,

lt

la rérité, se lrou1•ail abaodonné; mais

ii