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576

LIVRE QUAHANTE-CINQUIEME.

qui la faule, si elle étail

a

quelqu'un, sinon

¡,

cclui qui, au licu ele sorlir en masse de Smo–

lensk, a1•ail défilé en une colonnc Jonguc Je t.rois

marches? Le maréchal Davousl atlcndil jusqu'a

Ja nuil faite, s'il n'enlcnclrait ricn du cóté de

Smolcnsk; mais lemaréchalNcy n'étant parti de

Smolenskque Je

'17

aumatin, ne pouvait arrivcr

que le 18 au soir dcvant Krasnoé. Différcr jus–

quc-IU c'était, sans sauvcr le nrnréchal Ney, ex–

poscr les lroisdivisions clu ·1

«

corps aclrc prises

ou détruites. Le maréchal Davoust se mil done

enroute pour Liady, sans cessc harcclé par une

cavalcric innombrable, Cl

SC

rclournant aclrnquc

pas pour lui tcnir tete. Napoléon et la vicillc

garde s'élaient arrétés i1

Liady. MorLicr et Da–

vousl bivaqucrenl en plcin champ et comme

ils purent entre Krasnoé el Liady. Le lcndemain

on marcha, la téte de l'rnuéc sur Doubrowna,

la queuc sm· Liady, tout le monde, malgré

l'égo·isme des grands désastrcs, étanl consterné

du sort réscrvé aumaréchal Ney.

Nous avions bien, dans ces dcux journécs du

16 et du 17, laissé sur le tcrrain 5 mi lle morls

ou blcssés, touségalemcnt perdus pour J'armée,

sans compter 6 ou 8 ¡nillc Lrninards, dont les

Russes, dans leurs rclations ridiculcmcnt mcn–

songcrcs, firent des prisonnicrs rccucillis sur le

champ de balaillc. Nous avions perdu en ouLrc

unegrande quanlilé de bagages, decanonsel de

caissons abandonnés. Mais la plus grande perle

dont nousétionsmenacés élail celle du col'psen–

tier du maréchal Ncy, et de la division Ricard,

qui lui avait été confiée. Le 17 au malin, aprcs

avoir fait sauler les tou1·s de Smolensk. enfoui

dans Ja terre ou jeté dans Je Dniépcr Joule J'ar–

tillcric qu'il ne pouvait pus c111mc11cr, et poussé

dcvanL lui le plus possible de ces hommes qui

al'aicnt pris l'habitude de marehcr a la déban–

dadc, le maréelwl Ney était parti de Smolcnsk,

s'attendant a trouvcr l'cnncmi sur ses dcrriercs,

lllCllle

SU!'

ses flanes,

SC

préparanli1Jui lcnir tete

vigourcuscmcnL, rnui:; ne supposant point qu'il

dUt le

l'Cnconlrc1·

sul' ses pas, commc une mu–

raille de fer i111possible ;\ pcrcer. Le maréchal

Davoust Jui avait bien adrcssé de Kol'itnia, le ·IG

:.1u soir, un avis des dangcrs qui

s'annon~aicnt

pour la journéc du ·17 ; mais l'cnncmi s'étant

bicnlól intcrposé entre cux, il n'y avait plus cu

moycn de communiqucr avcc lui, circonslancc

des plus malhcureuses, car prévenu

il

temps il

aurait pu sorlir de Smolensk par In droile du

Dniépcr, et,en foisant une m11rchc de nuit, ga–

gncr pcut-élrc Orscha avant que les Husses,

avert.is

, cussent passé le fleuve sur la glace qui

n'était pas enco1·e solide parlout. Encouragé dans

sa confiancc ordi11ai1·e par le défau t d'avis pré–

cis, le rnaréchal Ncy partil done le 17, comme il

était ronvcnu, attcignit Koritnia le ·17 au soir,

momcnt oU legros de l'arméc était obligé d'éva–

cucr Krasnoé, cntendit la canonnade, ne s'en

étonna pas,

el

se p1·épara a franchir l'obstacle Je

Jcndcmain, comrnc ses eollcgues l'al'aient déja

faiL. 11 croyait que 111 ou d'aulrcs avaient passé,

il passcrait bien lui-mcmc. Le lendemain 18

il

s'achcmina sur Krasnoé.

La division llicard ar1·iva la prcrniere dcvant

l'enncrni. Habituéc

a

ne pas llilonncr, conduitc

par un offieicr distingué qui l'Oulait sorlir de la

disgn\ce oú il élaiLdcpuis l'aliaire d'Oporto, clic

marcha résolúmcnl sur l'cnncmi. Les Russes

étaicnt rangés en massc sur Je horddu rfwin de

la Lossmina, ayant. sur lcur front w1c arLillcric

formidable. En un inslant la nrnlheurcusc divi–

sion l\ica1·d fut cribléc, el perdit une g1·ande

parlic de son monde. Elle atlendit le maréchal

Ncy, qui,

étnnl

surrcnu,

et

ayant

vu

le dnngcr,

n

1

hésita point)

et

disposa

lout

son corps, ninsi

que la clil'ision Hica1·d, en colonnes d'altaque

pour l'ondresur la lignccnnemic ct sc faircjour.

En un inslant ses troupes furcnl formées. Le

48°, occupant J'cxt1·cmc droilc, dcvait, aprcs

avoi1·

íranchi

h: ravin, s'élnnCCl' SUI' les Russcs

a

Ja ba'ionnelte, et tachcr de les rcploycr sur Ja

gauehe de Ja route.

ToQt le reste du corps d'armée dcl'ait suivrc

cct

cxcmplc,

et, r.n se rilbnltanl

i1

gauchc, rejetcr

les Husscs par eólé , pou1· pénétrcr ensuitc dans

J(loasnor. Jamais troupe bien conrluite nesoutint

avcc plus de vigueur un fcu pareil. Les colonnes

de Ncy fu1·cnL accucillics par la mitraille des

qu'ellcs parurent sur le bor<l du ravin. Elles y

dcscendircnl el. en rcmonlcrent Je hord opposé,

toujours sous ccttc milraillcépouvantablc,et n'en

furcnt point arrctécs daus lcur élan. Elles réus–

sircnt mCmc

:'1

cnlcver quclqucs piCces enncmics;

mais f'oudroyéespa1· cent bouehes

ú

fcu, chargécs

ii

Ja ba'ionnellc, clics furenl rcjetécs dans le fond

du ravin, et ramcnécs au point d'ou clics éJaienl

partics. La vuc des colonnes russcs, qui étaient

les unes derriCre lcs

nutres,

carl'arméc dcKu–

tusof était la toutcnLicrc,nelaissait aucuncespé–

rancc. Scpl millc combattanls, réduils a quatre

mille en unehcurc, ne pouvaicnt assurénlent pas

cnfonccr cinquanlc

millc hommcs rangés enha–

laillc. Le maréchal Ney y

rcnon~a

done, muis

sans songer a se rendrc et a remct11·e son épée