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LIVRE QUAHANTE-CINQUIEME.
qui la faule, si elle étail
a
quelqu'un, sinon
¡,
cclui qui, au licu ele sorlir en masse de Smo–
lensk, a1•ail défilé en une colonnc Jonguc Je t.rois
marches? Le maréchal Davousl atlcndil jusqu'a
Ja nuil faite, s'il n'enlcnclrait ricn du cóté de
Smolcnsk; mais lemaréchalNcy n'étant parti de
Smolenskque Je
'17
aumatin, ne pouvait arrivcr
que le 18 au soir dcvant Krasnoé. Différcr jus–
quc-IU c'était, sans sauvcr le nrnréchal Ney, ex–
poscr les lroisdivisions clu ·1
«
corps aclrc prises
ou détruites. Le maréchal Davoust se mil done
enroute pour Liady, sans cessc harcclé par une
cavalcric innombrable, Cl
SC
rclournant aclrnquc
pas pour lui tcnir tete. Napoléon et la vicillc
garde s'élaient arrétés i1
Liady. MorLicr et Da–
vousl bivaqucrenl en plcin champ et comme
ils purent entre Krasnoé el Liady. Le lcndemain
on marcha, la téte de l'rnuéc sur Doubrowna,
la queuc sm· Liady, tout le monde, malgré
l'égo·isme des grands désastrcs, étanl consterné
du sort réscrvé aumaréchal Ney.
Nous avions bien, dans ces dcux journécs du
16 et du 17, laissé sur le tcrrain 5 mi lle morls
ou blcssés, touségalemcnt perdus pour J'armée,
sans compter 6 ou 8 ¡nillc Lrninards, dont les
Russes, dans leurs rclations ridiculcmcnt mcn–
songcrcs, firent des prisonnicrs rccucillis sur le
champ de balaillc. Nous avions perdu en ouLrc
unegrande quanlilé de bagages, decanonsel de
caissons abandonnés. Mais la plus grande perle
dont nousétionsmenacés élail celle du col'psen–
tier du maréchal Ncy, et de la division Ricard,
qui lui avait été confiée. Le 17 au malin, aprcs
avoir fait sauler les tou1·s de Smolensk. enfoui
dans Ja terre ou jeté dans Je Dniépcr Joule J'ar–
tillcric qu'il ne pouvait pus c111mc11cr, et poussé
dcvanL lui le plus possible de ces hommes qui
al'aicnt pris l'habitude de marehcr a la déban–
dadc, le maréelwl Ney était parti de Smolcnsk,
s'attendant a trouvcr l'cnncmi sur ses dcrriercs,
lllCllle
SU!'
ses flanes,
SC
préparanli1Jui lcnir tete
vigourcuscmcnL, rnui:; ne supposant point qu'il
dUt le
l'Cnconlrc1·
sul' ses pas, commc une mu–
raille de fer i111possible ;\ pcrcer. Le maréchal
Davoust Jui avait bien adrcssé de Kol'itnia, le ·IG
:.1u soir, un avis des dangcrs qui
s'annon~aicnt
pour la journéc du ·17 ; mais l'cnncmi s'étant
bicnlól intcrposé entre cux, il n'y avait plus cu
moycn de communiqucr avcc lui, circonslancc
des plus malhcureuses, car prévenu
il
temps il
aurait pu sorlir de Smolensk par In droile du
Dniépcr, et,en foisant une m11rchc de nuit, ga–
gncr pcut-élrc Orscha avant que les Husses,
avert.is, cussent passé le fleuve sur la glace qui
n'était pas enco1·e solide parlout. Encouragé dans
sa confiancc ordi11ai1·e par le défau t d'avis pré–
cis, le rnaréchal Ncy partil done le 17, comme il
était ronvcnu, attcignit Koritnia le ·17 au soir,
momcnt oU legros de l'arméc était obligé d'éva–
cucr Krasnoé, cntendit la canonnade, ne s'en
étonna pas,
el
se p1·épara a franchir l'obstacle Je
Jcndcmain, comrnc ses eollcgues l'al'aient déja
faiL. 11 croyait que 111 ou d'aulrcs avaient passé,
il passcrait bien lui-mcmc. Le lendemain 18
il
s'achcmina sur Krasnoé.
La division llicard ar1·iva la prcrniere dcvant
l'enncrni. Habituéc
a
ne pas llilonncr, conduitc
par un offieicr distingué qui l'Oulait sorlir de la
disgn\ce oú il élaiLdcpuis l'aliaire d'Oporto, clic
marcha résolúmcnl sur l'cnncmi. Les Russes
étaicnt rangés en massc sur Je horddu rfwin de
la Lossmina, ayant. sur lcur front w1c arLillcric
formidable. En un inslant la nrnlheurcusc divi–
sion l\ica1·d fut cribléc, el perdit une g1·ande
parlic de son monde. Elle atlendit le maréchal
Ncy, qui,
étnnl
surrcnu,
et
ayant
vu
le dnngcr,
n
1
hésita point)
et
disposa
lout
son corps, ninsi
que la clil'ision Hica1·d, en colonnes d'altaque
pour l'ondresur la lignccnnemic ct sc faircjour.
En un inslant ses troupes furcnl formées. Le
48°, occupant J'cxt1·cmc droilc, dcvait, aprcs
avoi1·
íranchi
h: ravin, s'élnnCCl' SUI' les Russcs
a
Ja ba'ionnelte, et tachcr de les rcploycr sur Ja
gauehe de Ja route.
ToQt le reste du corps d'armée dcl'ait suivrc
cct
cxcmplc,
et, r.n se rilbnltanl
i1
gauchc, rejetcr
les Husscs par eólé , pou1· pénétrcr ensuitc dans
J(loasnor. Jamais troupe bien conrluite nesoutint
avcc plus de vigueur un fcu pareil. Les colonnes
de Ncy fu1·cnL accucillics par la mitraille des
qu'ellcs parurent sur le bor<l du ravin. Elles y
dcscendircnl el. en rcmonlcrent Je hord opposé,
toujours sous ccttc milraillcépouvantablc,et n'en
furcnt point arrctécs daus lcur élan. Elles réus–
sircnt mCmc
:'1
cnlcver quclqucs piCces enncmics;
mais f'oudroyéespa1· cent bouehes
ú
fcu, chargécs
ii
Ja ba'ionnellc, clics furenl rcjetécs dans le fond
du ravin, et ramcnécs au point d'ou clics éJaienl
partics. La vuc des colonnes russcs, qui étaient
les unes derriCre lcs
nutres,
carl'arméc dcKu–
tusof était la toutcnLicrc,nelaissait aucuncespé–
rancc. Scpl millc combattanls, réduils a quatre
mille en unehcurc, ne pouvaicnt assurénlent pas
cnfonccr cinquanlc
millc hommcs rangés enha–
laillc. Le maréchal Ney y
rcnon~a
done, muis
sans songer a se rendrc et a remct11·e son épée