Table of Contents Table of Contents
Previous Page  377 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 377 / 570 Next Page
Page Background

LA BÉRÉZINA. -

NOl'EltnRE

18·12.

563

avec lui. Guídal le suit. Tous lesdcux pcrsistant

dans lcur crédulité, mais ne voulant pas tucr un

ancicn camaradc, imposcnt silencc au duc de

Rovigo, et sans lui fairc de mal l'cnvoient 11 la

Concicrgerie, ou déji1 le préfct de police était

transféré par les memes moycns.

Jusqu'ici tout va bien; mais l'arrestation du

duc de Rovigoa retardé un peu ccllc du ministre

de la guerre, et de son cclté le général Malct

pcrd du tcmps

¡,

ccllc du général llulin, com–

mandant la place de París. S'étant transporté

cl1cz lui avcc un détachement de la mémc co–

horte, il lesurprcnd au lit, le fait lcvcr, emploie

auprcs de lui les assertions qui onL déja cu tant

de succcs, ne le trouve pas incrédulc a la nou–

vellc de la mort de Napoléon, mais trcs-récalci–

trant quand il s'agit du rétablissement de la ré-

. publique par une délibération du Sénat, et en

re~oit

pour réponse l'iuvitation de produire ses

ordres. Le général Malet, plus fidclc a son plan

qué ses complices improvisés, répond au général

Hulin qu'il va les lui cornmuniqucr dans son ca–

binct, se foit conduire dans ce cabinct, et la ren–

verse le général d'un coup de pistolet tiré

a

bout

portant. Malet sort ensuite, se rend chez lechef

d'état-major Doucct, luí répctc tout ce qu'il avait

dit aux autrcs, lui annoncc deplussa nomiuation

au grade de général, et l'cngage

i1

lirrer sur-lc–

champ le commandement de la place. Soit que

l'acte de violence auqucl legénéral Malet vcnait

de se portcr etit aíTaibli sa résolution, soit que le

premier Cloute rencontrédans cette journée !'cut

ébranlé, il se montre moins fcrmc avec ce chef

d

'état-major.JI

hésitc, perd du tcmps, etencou–

rage l'incrédulité qu'il n'accable passur-lc-champ

d'une affirmation absolueou d'un nouveau coup

de pistolet. Un autre officier de la place, nommé

Laborde, survie11t, se rappelle les traitsdu géné–

r~I

Malet, devine tout de suite qu'il s'agit d'une

audacieuse conspiration, appelle un officier de

policc qui justement connaissait Malet, et qui

avait contribué

¡,

sa translation d'unc prison

a

l'autrc. Cet officier de police, ccrtain que le gé–

néral est un des sujets de son autorité, lui de–

mande pourquoi et commcnt il a quitté sa pri–

son, l'embarrassc, le déconccrtc, et luí fait pcrdre

tout ascendant sur sa troupe. Malet veut alorsse

servir de ses armes. On se jette sur luí, on lui

líe les mains, on le met en arrestation devant sa

troupe hésitante et

commen~ant

a

eroirequ'ellca

été trompée.

11

se llatte encore d'étre sccouru

par ses complices, mais au lieu d'eux ce sont des

soldats de la garde impériale, qui, prévenus en

toutc hatc, accourent, débarrassent l'état-major

de la place de ses assaillants, ·et font prisonniers

ccux <¡ui étaient venus faire des prisonniers.

En une he11re leduc de Rovigo cst délivré, le

préfct de police également, et chacun d'eux a

repris possession de son minisLcre. Ce qui pa–

raitra plussingulier que tout ce donL on vient de

lirc le récit, c'cst que le préfct de la Sei;1c, arri–

vant de la campagne

ii

la pointe du jour, surpris

de tous cótés par la nouvellc dont !'hotelde ville

était plein , n'avait pas pu croire qu'cllc fllt

invcntéc, et s'étaiL mis

a

disposer les apparte–

ments Clcmandés, lentement

a

la vérité, non pas

qu'il doutut, mais parce qu'il avait peu de gotit

pour le gouvcrnemcnt républicain qui paraissait

devoirsuccéder

o

l'Empire. Ce qui n'étonnerapas

moins, c'csl que le chef du régimcnt qu'on avait

chargé de gardcr les barrieres, avait obéi, et

avait envoyé des détachcments pour s'en em–

parer.

JI

étaiL

a

peine rnidi que tout était terminé,

fJUC

les choses étaient

l'CIDÍSCS

a

Jeur place, les

aulorités, un moment surprises, rétablies dans

leurs fonctious, et que París , apprenant cetlc

rapide succcosion de sccncs, passaiL de lacrainte

que luí inspiraient toujours les tcntatives de ce

qu'onap"pelait les

terroristes,

a

un irnmcnse éclat

de rire contrc une poiice détestée, et siaisémcnt

prise au dépourvu. Que tout autrc ministre etit

été cnlevé, soit; mais le ministre de la police

lui-rncme

!

e'est ce dont on ne pouvait trop rire,

lrop s'arnuser, trop parlcr, et la crainte, aprcs

avoir précédé le rire, le suivait aussi, car il y

avait

a

foire de bien tristes réflexions sur un pa–

rcil état de choscs.

Tant <le .crédulité

n

admeLtre les ordres les

plus étranges, tanL d'obéissance

a

les exécuter,

accusaient non pas les hommes, toujours si fa–

eilcs

it

tromper, et si prompts 11 obéir quand ils

enont pris l'habiludc, mais le régimc sous Jeque!

de tcllcs choscs étaient possibles. Sous ce régime

de sccrct, d'obéissance passive et aveugle, oit un

homme était

a

luí seul le gouvernemcnt, la

constitution, l'Élat, ou cet homme jouait tous

les jours le sorL de la Francc et le sien dans de

fobuleuscs aventures, ilétait naturcl de rroirc a

sa mort, sa mort admise de chercher une sortc

d'autorilé dans le Sénat, et de continucr

;1

ob€il'

passivcmcnt, sans

cx:rnicn,

sansconlcstation, car

on n'était plus habitué

a

concevoir,

:'!

souffrir

une contradiclion. On n'auraiL pas

su~pris

par

de tels moyensun Íltat libre, parcequ'il y a mille

contradicteurs

¡\

rencontrer

il

chaque pas dans