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L!VRE QUARANTE-CINQUIE!!E.
sccours il s'était procuré, dans un licu voisin de
sa maison de santé, des uniformes etdes pistolels.
Le 22 oclobrc au soir, jour mcme ou Napoléon
manreuvrait autour deMalo-Jaroslawctz, il pro–
filc de
la
nuit faite, s'échappc par une fcnctrc de
la maison de santé ou il était (le prctrc, qui
l'avait assisté de sa plumc, s'était enfui
a
l'aYancc), court au logcmcnt ou l'attcndaicnt ses
dcux jeuncs gens, hobillc )'un d'cux en aidc de
camp, revct Jui-mcmc l'habit de général, lcur
dit que Napoléon cst mort le7octobrc
a
Moscou,
que Je Sénat, réuni Ja nuit, a voté Je rétablissc–
mcntdela république,et,montrant les faux ordres
soigncuscmcnt préparés dans sa prison, se rcnd
a
Ja cascrnc Popincourt oú se trouvait la dixiemc
cohorte de la garde nationalc, commandéc par
un aocien officicr tiré de la réformc. Ce dcrnier,
avant d'ctrc mis
it
la tete deccttc cohorte, avoit
scrvi quclquc tcmpsen Espagnc, el tres-honora–
blcmcnt. 11 s'appclait Soulicr. Le général Malct
le fait évcillcr,s'introduit auprcs de son lit,, Jui
annonce que Napoléon cst mort, tué
it
Moscou
d'un coup de fcu Je 7 octobrc, que le Sénat s'cst
asscmblé sccretcmcnt, adécidé Jerétablissement
de la républiquc, anommé legénéralMalct com–
mandant de la force publique dans Paris, et
fcignant de n'étrc pas le général Malet, mais le
général J,amotlc, l'un des généraux employés 3
París, dit qu'il vient parordre supéricur prcndrc
la
JO•
légion pour la conduirc sur divcrs points
de la capitalc ou il a des missions
¡,
rcmplir. Le
commandant Soulicl', saisi de ccttc nouvcllc,
n'inrnginant pas danssa simplicité qu'on pút l'in–
vcnlcr, ladéplorc, mais se mct en dcvoÍJ•d'obéir.
11 se leve, fait asscmblcr Ja cohorte, lui transmct
dans Ja cour de la cascrnc la nouvcllc apportéc
par le prétendu général Lamoltr., nouvcllc ac–
cucillic avcc surprise, mais saos incrédulité, lant
clic parail
a
lllUSnaturcllc et
it
qucJqueS-UOS
agréablc, car il
y
avait dans les cohortes d'ancicns
officiers républicains rappclés au scrvice, el
bcaucoup de soldats tirés
ii
leur grand déplaisir
de Jeurs foycrs, aprcs avoir satisfoit plusicurs
fois 3 !outcs les Jois de la conscription. Tous
obéisscnt sans un doule, sans une objection.
Le général Malct, prétcndu général Lamotlc,
les conduit
a
la Force avant le jour, mande le
chef de la prison, lui montrcun ordrc <l'élargis–
scmcnl pour les généraux Lahoric et Guida!,
obticnt lcur délivrance par suitt: de la mcmc
crédulité, les foit appelcr, lcur annonce en les
cmbrassant lagrandenouvclle, les trompecomme
les autrcs, assistc
a
leur joic qu'il fcint de par-
lager, leur exhibe les décrels du Sénat, et lcur
trace la conduitc qu'ils ont
a
lenir. Guida) doit
a!ler cnlcvcr le ministre de la gucrre, Lahorie
doit se rcndrc chcz le ministre de la police, le
saisir, le transfércr
a
la Concicrgcrie, tandis
que Jui, Malct, se transporlant
a
l'état-major de
la place, s'cmparera du général Jlulin. La con–
signe donnéc, c'est de faire sautcr la ccrvellc
a
quiconquc rcíuscra d'obtempérer aux ordrcs du
Sénat, que Guida! et Lahoric ne songcnt méme
pas a ré1•oquer en doutc.
~lalct
s'était <lit a1•rc
raison que des compliccs trompes n'hésitcraicnt
point, et cxécutcraicnt ses instructions nvec une
bonnc foi qui entrainerait tout
le
monde. Malct
sesert de !'un de ses jcuncs gens pour cnvoycr
au préfet de la Seine, Frochot, les faux décrcts
du Sénat, et l'injonction de préparcr l'hi\tcl de
ville, ou doit se réunir le gouvcrncment provi–
soil'c. L'autrc agent improvisé de Malct court 3
!'un des régimcnts de la garnison, avcc ordrc au
coloncl de garder par des délachcments toulcs
les barrieres de Paris, de maniere
il
ne laisscr ni
entrer ni sortir pcrsonnc.
Toutcs ces choscs rapidcment convcnues, afio
de mcncr 11
bien cetlc surprisc de Paris cn–
dormi, on se rcnd chcz le duc de Rovigo au
momcnt
0[1
le jour allait poindre. Le minis–
tre de Ja police, ayant passé la nuit
il
cxpé–
dier des dépCches, avait rigoureusemcnt inlcr–
dit qu'on l'évcillat. Le général Lahoric,
ii
Ja tete
d'un détachcmcnt de la IQ• cohorte, pénetre
daos son hótcl, cnfoncc la porte de sa chambrc,
cutre
a
traVCl'S Jes débris de
CCtlC
porte, Ct Je
frappc de surprisc en apparaissant dcvant luí.
JI
nvait serví avcc Je duc de Rovigo, et avait avcc
lui des rclations d'amitié. " Rcnds-toi saos ré–
sislance, luí dit-il, car je t'aime et ne vcux pas
te fairc de mal. L'Empcrcur est mort, l'Empirc
cst aboli, et JeSénat a rétabli la républiquc. ,
Le duc de Rovigo répond
á
Lahoric qu'il est
inscnsé, qu'unc leltrc de l'Empcrcur arrivéc
dans la soiréc dément cctlc asscrtion, que la
nouvellc cst fausse, et <1u'il cst l'auteur ou le
jouct d'unc imposlure. Lahoric, aussi convaincu
que pcut l'étre le duc de Rovigo, affirmc; le duc
de Rovigo nic. Lahoric ordonnc alors qu'on Je
saisissc. Le ducde Rovigo cherche
a
détrompcr
la troupe, mais il csl naturcl a l'hommc qu'on
arrétc de contcstcr, et sa position suffit pour
cmpéchcr qu'on ne le croic. Lahorie, d'apres ses
instructions, aurait du brúlcr la cer1•cllc au duc
de Rovigo; il ne le vcut pas, court aupres de
Guida! qui était pres de la pour se consultcr