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LIVUE QUAllANTE-CINQUIEME.
aurait fallu les laissc1· venir sans fai1·c fcu, pour
les milrailler
a
outrancc quand ils n'auraicnt
plus cu le tcmps de rétrogradcr. Mais dans lcur
ardcur, les artillcurs bavarois qui scrvaient ces
batteries ayant til·é trop tót, les Russcs avcrtis
s'élaicnt avancés avcc plus de mesure qu'il
n'e1it éié
a
souhaitcr pour le succcs de nolre
manmuvrc. Toutcfois ils s'étaient porléssanshé–
siler vcrs ce fronl de la villc que la Polotn ne
protégcait point. Mais les divisions Lcgrand et
Mai>on s'élaicnt déployécs, el avaicnt marché
a
cux résoh\mcnt. La division Maison surtout,plus
cxposéc que la division Legrand, avait tcnu
fcrmc quoique assaillie de tout cóté, et avait fini
par rcjctcr l'ennemi
¡,
une grande distancc. La
division Legrand n'avait pas été indigne de sa
voisine, et parlout les Russes avaient été contc–
nus et rcpoussés. Le maréchal Saint-Cyr, ne se
laissant pas trop alfectcr par le danger de so
droitc, avait cu la sagcssc de ne pas dégal'llir sa
gauchc, et bien il avait foit , car le princc de
Jackwill, débouchant
a
son tour, s'était jeté sur
les rcdoutcs de la Polota. En lui pcrmcllant d'ar-
1·i\1Crjusqu'nu
picd des
ouvragcs,
on l'cllt
nccnhlé
par les fcux sculs des 1·cdoutcs. Mais les Suisscs,
commc les llavarois, péchant par trop d'arclcur,
avaicnt fondu sur les Russes
a
la ba'ionnctte, et
en les rcfoulant avaicnt paralysé l'artillcric de
nos rcdoutes, sous lesquellcs ils étaicnt venusse
placer. De plus, ils avaicnl sacrifié des hommcs
pom· un résultat que nos boulcts sculs auraicnt
obicnu. Néanmoins sur ce point commc sur
l'm1lrc,
l':wméc du
comtc
de Wittgenstein
nv~lit
été
rcpousséc nvcc une perle
de
5
lt
4 milie hom–
mes. Not1·e perle
ii
nous n'était pas de la moilié.
Si le comtc de Stcinghcl n'cut pas mcnacé de
le lll'cnd1·c 1 dos, le maréchal Saint-Cyr pouvail
se considércr commc bien établi
SUL'
Ja Dwina.
Mais le corps de Finlandc, aprcs avoi1· passé la
Dwina, en rcmontnitJari\'c gnucl1c pour fairc sa
jonction sous Pololsk avcc une partie des forces
de Wittgenstein. En préscncedece nouvcau dan–
gcr, le maréclrnl Saint-Cyr avait renforcé les
Bo–
varois sous
le
général de \Vrcdc de elétachc–
mcnts pris danschacune de ses t1·ois divisions, el
l'avaiL
mis
en mesure de résislcr au comtc
de
Stcingl1cl. Le
'17,
en cffct, apres un choc vigou–
rcux, le corps de Finlande avaiL été obligé de
rélrograder. Mais dcvant uneeloulJlc atlaquc sur
les elcux rivcs de la Dwina, qui rne,na<;ait de se
rcnouvclel' nvee plus d'enscmblc
cLde
vigueur,
surtoul elcpuis que les dcux armécs cnnemics,
nrrivées
it
In mCme haulcur, pouvnicnt
commu~
niqucr d'une rivc
a
l'autre, il n'était pas prudent
de s'obslincr, et le maréchal Saint-Cyr avaiL cru
devoir évacuer Polotsk pcndant la nuit, pour se
retircr en bon ordre derricrc l'Oula, que le canal
de Lepe!, commc on l'a vu, réunit
a
la JJérézina.
En se rctirant , nos troupes avaient fait un af–
frcux carr.agc des Russcs, t1·op prcssés dese jeter
au milieu des ruines de la villc de Polotsk in-
ccndiéc.
Les jours suivants nous avions continué ccttc
retrailc, le général de Wrcelc tenant tete au
comtc de Slcinghcl, le maréchal Sainl"Cyr au
comte de Willgcnstcin, elans l'cspéranee de rcn–
conlrcr le duc de llcllune sur l'Oula.
Cclui-ei, en cffct, aprcsavoir longtcmps hésilé
entre l'amiral Tchitehakoff qui arrivait par le
sud, et les généraux Wittgenstein cL Stcinghcl
qui arrivaicnt par le nord, avail étédécielé enfin
par l'événcmcnt ele Pololsk
a
courir au llOJ'd '
afin de porlcr sccours au maréchal Saint-Cyr.
Malheureusemcnt se trouvant établi non pas
a
Witebsk mais
a
Smolcnsk, par suite de la nou–
vclle disposition qui avaiL ehangé la routc de
l'arméc,
il
avnit cu un nsscz long: trajct
a
fait·c
pour se rcndrc
a
Lepe!. Le maréehal Saint-Cyr,
g1·icvement blcssé 11 la dcrnicrc journéc de Po–
lotsk, avail dú abanelonncr le commandemcnl,
que le maréehal Oudinot, Lrcs-imparfaitcment
remis ele Sa blessure , avait rcpris avce
Ull ZCIC
des plus louablcs.
Ainsi
a
la fin d'octobrc deux armées, !'une de
55 millc hommes cnviro11, \'nutre de
1,5
mille, la
prcmicrc ayanl échappé au prince ele Schwar–
zenbc1·g, la seconele refoulant devant elle le
2c
corps, étaicnt prCs de se donner la nrnin sur
la haute Bérézina, et ele nous fermcr la 1·ctraitc
avce 80 millc hommes.
11
n'y avait que la réu–
nion et la vicloirc des maréchaux Oudinol et
Vietor qui pussent conjurer ce
grave
danger.
Nous allions done trouvcr Smolensk privé du
puissanl rcnfol'L clu
9°
corps, et mémc de la di–
vision llal'agucy d'llillicrs, que Napoléon, aprcs
l'avoir préparéc ele longuc main, avait aLLiréc sur
Jelnia, quand il song:caiL
it
marchcr sur Kalouga.
11 cst vrai qu'il avait depuis eonlrcmandé cct
ol'elrc, mais trop tare!, el la division Ba1-agucy
d'Hilliers, déja portie, pouvait tombcr au milicu
de toulc l'arméc de Kulusof. Ainsi les ell'con–
slanccs inquiétanlcs se multipliaient de toulc
part sur les pas de Napoléon. L'abondanec clont
on s'<'tait flallé de jouir 1 Smolcnsk n'étail plus
tcllc qu'on l'avait cspéréc. La navigation inlé–
ricurc
de Dnntzig
a
Kowno n'ayant pu Ctre con-