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LJVfiE QUAnANTE-CJNQUIE!IE.

elrux millci1emporlcr. Napoléon,eonscrvantsa

sollicitudc pour les blessés, donna l'ordrc d'cn

chargcr les voilures debagn&cs, et imposa i1 loul

oílicier,

a

tout canlinicr, 11

toul réíugié de Mos–

couqui nvait une voiture, l'obligation de prcn–

drc une particdccc précieux fardeau. Lcchirur–

gicn Larrcy, dans sa bonlé inépuisablc, était

accouru :\ !'avance pour donncr aux blcssés ele

Kolotskoi les soins qu'un séjour rapidc lui pcr–

mcttraitelclcur consac1·c1'. ll fit enlcvcr ccux qui

élaicnt lransporlablcs, proeligua aux aulrcs les

elernicrcs rcssourccs ele son arl, et lrouvanl

Ja

des oílicic1·s russcs qui lui elcvaicnl la vic, el qui

lui en lémoignaicnl lcur graliludc, il en cxigca

pour uniquc récompcnsc lcur parolc d'honncur,

que, libres, el mailres sous quclqucs hcurcs de

lcurscompagnonsd'inforlunc, ils lcurrcnelraicnl

lebien qu'ilsavaicnt

rc~u

du chirurgicn en chef

de l'arméc

fran~aisc.

Tous le promircnL, et Oicu

scul apu savoirs'ilspayercul ccttcdctlccontrae–

téc envers le mcilleur deshommes

!

L'arriCrc·gardc du maréchal Davoust quitta

le 3·1au matin ces lieux aflreux, et allaeouchcr

a

moitiéchcmin de la pctitc villc de Ghjat. La nuit

fut des plus froides, et on

commcn~a

des lors

a

souflrir vivcment de la tempéraLurc. L'enncmi

coutinuait 1 nous suivre avcc de la cavalcric ré–

gulierc, de l'arlillcric bien allcléc, et une nuée

de Cosaqucs, le lout so11s les ordrcs de l'hctman

Plalow. Quant

a

l'arméc principalc on ne la

voyait plus. Le général Kutusof, depuis Malo–

Jaroslawctz, avaitétéaussi pcrplexc queson ad–

vcrsairc avait ététristc. Dans sn rarc

pn1dcncc,

il

se disait quece n'élait pas la peinedecourir les

chances d'actions sanglantcs contrc un cnncmi

que le mauvais tcmps, la fatigue, In miserc al–

laicnt lui livrcr presquc délruit, el qui étail ca–

pablc auconlrairc, sion l'allaquait lorsr¡u'il élnit

cncorc dans toutc sa force, de se rctournm·

commcun sanglicrprcssé pal' les chasscurs, et de

porlcr des coups morlcls aux imprudcnls qui

auraicnl osé l'abordcr de trop pres.

JI

aimait

micux dcvoir modcslcmcntlc salut de sa patrie

au lcmps, a la pcrsévérancc, que de le dcvoir i1

uncvictoirc, gloricusc mais inccrtainc, etencela

il méritnit

Ja

rcconnaissancc de sa nation aulant

qur. lcsélogcs de la poslérité!

La jcunessc présomptueusc et passionnéc,

les oflicicrs anglais

accourusJi

son camp, l'ob–

sédaicnt, le gourmandaicnt souvcnt po111· qu'il

lcnlat eontrc l'arméc

fran~aise

1¡uclque chose

de plus décisif, et il s'y rcfusait avcc un cou–

ragc plus mériloirc que cclui r¡u'on déploic

sur un champ de balaillc. Cornmc nous l'avons

di!., il avait écarlé Barclay de Tolly, et la mort

l'arnit délivré de Bagralion. Mais il lui rcslait le

rusé et audacicux Bcnningscn, le fougucux Milo–

radovitch, un jcune élal-major exalté, et il

y

avait

lii

de quoi lasscr sa palicncc, si clic avait

été moinsgrande el moios réfléchie. Le surlcn–

dcmain du combat de Malo·Jaroslawctz, landis

que Napoléon rétrogradait sur Moja'isk, il avait

rétrogradé sur Kalouga, jusqu'll un licu nommé

Gonzcrowo, sous prélexlc de couvrir la roule de

Médouin, qu'il aurait bien plus súrcmcnt cou–

vcrle en rcslant 1 Malo-Jaroslawelz, mais

évi~

dcmmcnt pour évitcr une balaillc, dont avcc

raison il voulait se préscrvrr.

Bicntót ayanl apprisque Napoléon avait gagné

Moja'isk, il l'avait suivi, pensant qu'au licu de

prendrc la route de Smolcnsk déja ruinéc, il

prendrait laroutc plus au nord, qui se dirigepar

Woskrcscnsk, Wolokolamsk, Bieloi sur Wi–

tcbsk, routc i1 laqucllc Napoléon avait songé

daos son grand projct offensif sur Saint-Pélcrs–

bourg, et que le princc Eugene avait en eflct

lrouvéc asscz bien fournic. 11 avait ainsi couru

aprcs nous fort inutilemcnl jusque pres de Mo–

jaisk, faisanta notrc suilclcdétourdc Wcrcja.

S'élanl

apcr~u

de son errcur, il avait rebroussé

chcmin, et avail rcpris la roule de Médouin et

de Jucknow, latéraleacelle de Smolcnsk, que le

maréchalDavousl avail vainemcnt proposéc. Par

cctlc roulc il allait flaoqucr la marche de l'ar–

méc

fran~aise,

la harceler chcmin faisant, el

pcut-élre la dcvancer 11 quclquc passagc diíli–

cilc, oú il scrait possiblcde l'arrclcr. DcJucknow

UWiasma notammcnt, il

y

avuiL un chcrnin as–

scz courl et asscz praticablc, qui 1•cnait lornber

sur lagrande roulc de Smolcnskaux cnvirons de

Wiasma. Ydcvancc1· l'armée

fran~aisc

que lant

d'cmbarras rctardaicnt, et se rncllrc en travcrs

pour l'cmpéchcr d'allcr au dela, n'eí1I pas été

impossiblc.

~!ais

le sage Kulusof était loin de

nourrir desi grandes prélcnlious. S'cxposcr

o

ce

qucl'armée frangaisclui passat surle cor¡is étail

un lriomphc qu'il ne voulail pas lui

ménogcr~

mais la harccler conslammcnl, lui cnlcvcr de

tcmps en lcmpsquelr¡ucs colonncsaltardécs, rc–

nouvelcr ce suecos le plus souvcnl possililc, la

mcncr ainsi

jusqu'a

Wilrrn, oU clic arrivcrnit

épuisée, :\ pcu pres détruile, était une lactique

ccrtainc et point dangcrcusc, qu'il préférail, et

1¡u'il élaitdécidéa fairc pré1,aloir par lapaticncc,

par Ja rusc mcmc, quand il ne leJlOllrrail point

par l'cmploi dircel de son a11lorité. JI continua