l.A
TitRl~ZINA .
-
ocronRE
1812.
rcdoutc. 11 y avait de plus ici !'incendie, qui aroit
ajouté
a
la mo1't de l10Ul'CJ1cs difTormilés.
On biraqua Je creur
s~rré,
en pcnsant 11 ce qui
se préparait pour Je Jcndcmain. Nnpoléon avoit
c:unpé un pcu enarriCrc de la Lougcn auvillagc
de Gorodnia. Ce beau mouvemcnt dont il avait
cspéré, el dont il aurait obtcnu le soeces, s'il
n\'nit manc:cuvré
it
la tCtc de masscs moins consi–
dérables, n'était plus possiblc sans une grande
bntaillc, que ccrtaincmcnt il aurnit gagnéc ª"ce
des troupes qui savairnl eombattrc dans la p1·0-
portion d'uncontrc trois, mais il vcnait de
\'Oir
depuis quatrc jours ce que pouvait étrc une pa–
rcillc rctrailc, gCnée par une si grande quantité
de bngagcs, harccléc par une innombrable cava–
lcric légcrc, et il frémissait
a
l'irléc d'avoir dix
millc blessés
a
portcr
¡,
Ja suite de l'arméc. Lo
journéc Jui enavait donné dcux millc au moins,
les nutres étant ou morls, ou non transportables,
et dcvant, ¡, la grande elou!cur de tout le monde,
étrc abandonnés snr le tl1é:itrc de Icor gloricux
dévoucmcnt. 11 passa done ccltc nuit
a
fümincr
dans savastc tele, plcinc eléji1de crucis soucis,
les chances favorables ou contraircsd'unc marche
obstinéc sur Kalouga, et se li:itade montcr
a
chc–
valdes le25 au nrntin, pour rcconnaítrc la posi–
tion que les Russcs étaicnt allés occuper i1une
liruc au dela. SorLi du villagc de Gorodnia et
rntouré de ses principaux officicrs, il était sur le
bord de la Lougea, prét ¡, la franchir, lorsquc
tout
a
coup on cntcndit des cris tumultucux de
vi\'andicrs et de ''i\'andiCrcs poursuivis par une
nuéc de Cosaqncs, qui, au nombre de quatrc
a
cinq millc, Ol'aicnt passé Ja Lougca sur notrc
droitc, avcc un a1·t de surprise qui n'apparticnt
qu'1'1
ces s;iuvagcs
iníatigables,
travcrsant
les
ri–
l'iéres
:i
Innagc, galopant sur le Oancdes cotcaux
commc en plainc, rusés, impitoynblcs, nussi
prompls
:'1
:-e montrcr qu
1
i1
disparnilrc. Le rCvc
constant de l'hctnwn Platow, et de toutc la na–
tion r.osaquc, c'étnit rl'cnlcYcr legrandNapoléon
et de l'cmmcncr prisonnicr
a
Moscou. lis pcn–
saicnt que des ccntaincs de millions ne seraicnt
pas un trop grand prix pour une tcllc capture,
et ccltc fois, si un scul d'cntrc cux avait connu
le Yisagc de cclui qui" cxcitait si forl lcur al'idilé,
lcur rC\
1
CClit été 1·éalisé.
Courant
i1
droitc et
:1
g:rnche, ils se
ruCi·cnt
ii
coups de lance
su1·
le
groupc impérial, et altaicnt
y
foirc des victimes,
rncmc des ¡Jl'isonnicrs, lorsquc Mural. Happ,
Bcssiercs avec lOUS les omeirrs dr l'état-major
mircnt JcsnLrc
:i
l:i nrnin, et
comlx1tli1·cntscrrL:S
autour de Napoléon, qui som·iait de cctic mésa-
rcntm·c. llcurcnscmcnt les dragons de la gardc
araicnt apcrqu le elangcr. lis nccoururcnt au ga–
lop sous le braYc lieutcnant Dulac, fondircntsur
les assaillants, en sahrcrcnt quclqucs-uns, el les
ramcnCrcnt vcrs le lit fangcux ele la
Lougca,dan~
Icqucl ces cal'alicrs du Don se plongercnt commc
des aninrnux habilués ¡, vivre dans les maréco–
gcs. lis avaicnt enlevé quclqucs piéces de canon,
quclqucs voiturcs de uagngcs qu'on lcur rcprit.
et on les rcnl'oya ninsi passaulcmcnt maltraités
vcrs les lieux d'oti ils étaicnt venus. Dcpuis Ja
sortic rle
~loscou
on ne les aYait pns cncorc l'US
de si
~res,
parce que l'ctcnduc ele nos ailcs les
tcnnit éloignés.
~fois
ilsnvnicnt
rc~u
tout réccm–
mcnt un rcnfort de douzc millc cavalicrs réputés
les mcillcurs de lcurs tribus, et on pou1•aitjngcr
de ce qu'ils fcraicnt par le spcclacle qu'on arait
sous les ycux. Des ccntaincs rlc chcvaux que les
valcts ele l'arméc mcnaicnt i1 l'aurcuvoir, ayant.
échappé
a
lcurs conductcurs, erraicnt qi1et li1 ;
des quantités de voilurcs d'artillcric et de baga–
gcs, cnlcvécs du pare oi1 clics avaicnt passé Ja
nuit, jonchaicnl la plainc en clésordrc; des
fcmmcs, des cnfnnts,
poussaicnt
des cris:
c'étail
une confusionaussi inquiét:inlc que
désagrt:ahlc
H
voir.
Napoléon alTccta de n'cn tenir comptc, el con–
tinua In rcconnaissancc qu'il avnil commcncéc nu
dela de Malo-Jaroslawctz. ll ful frappé plulól
qu'ému de la vuc de cet alTrcux champ deba–
taillc, ca1· nncun
hommc dnns
l'ilistoirc n'avnit
assisté 11 de plus horriules sci:ncs de carnagc. el
nes'y était plus habitué, et il olla rcconnaitrc de
trCs-prCs J'arméc russc. Le sage
Kutusorn'nyant.
plus l'appui de Malo-Jaroslawctz que nous lni
avions
cnl~vé,
craignant d'aillcurs d'ctrc lourné
sur sa clroitc ou sur sa gaud1c s'il s'obstinait
b
défcndrc le bord mcmc de la Lougca, al'ait jugé
prudcnt de prc.ndrr. une position un pcu pin;
éloignéc, ot't il était couvcrt par un forl ravin,et
lnissait aux
Fran~ais,
s'ils vcm1icnt 1':lttaquc1\
l'inconvénicnt ele livrcr batnillc avcc la Lougca
dcrricrc cux. Napoléon, apres avoir parcourn le
lcrrain dans tous les scns, et l'avoir profondé–
mcnt étudiécn.silcncc, tandisqueses licutcnants
l'étudiaicnt aussiattcntivcmcnt quefui, rcbroussa
chcmin, r·cpassa InLougcn, etvinl discutcr, dans
unegrangc du villagc de Goroclnia, le parti qu'il
co1wcnait de prclltlrc, et qui dcvait décidcrdu
sort de la grande nrmée, c·cst-h-dire de J'em–
pirc.
ll posa
lo
qucstion ouxgénéraux préscnts, el
les admit i1rlonnrr lcur avis en parfaitc lihel'té.