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LIVllE QU.111.\NTE-CINQUIEME.
et on éprouvait pour l'enncmi le plus
déclain. Ce prcmier jou1· on fit trois ou quatrc
licues au plus. On dcvait en foirc davantagc Je
joursuivant.
Le Jcndemain 20, le tcmps ayant continué
it
Clrc bcau, on viut par une fortc nrnrchc camper
entre la Desna et la Pakra. Napoléon, pa1·ti le
matindeMoscou, arriva promptcmcnt auch<.itcau
de Troitsko'ié, et Ja, e11 royaut la situation des
di.lux armées, en rélléchissant aux
renscignc~
rnents
re~us,
il prit soudain la résoluLion Ja plus
importante. 11 était so1·ti de Moseounonpas avcc
l'idée de battrc en rctraite, mais arce eclle de
punir l'cnncmi de la surpl'isc de \Vi11kowo, de
le 1·cfouler au dclii de Kalouga, de s'établir en-
. suitedans ectte ville, en tendant une main aux
troupes vcnues de Smolensk sur Jelnia, et en
l'cportant son aulrc rnain
''c1·s
Morticr, laissé au
Kremlin. A
la
vuedu tcrrain et de la positionde
l'cnnemi, il modifia tout
it
coup sa détermina–
tion, avee une admirable promptitude. En clfet,
il y avait dcux routcs pour se rcndre
it
Kalouga,
l'uncii droitc, latéralc
a
cellc de Smolensk, dite
Ja 1·outc ncuve, passant par Schcrapowo,Fomins–
koié, Ilorowsk, Malo-Jaroslawetz, enticrcment
libl'Cd'enncmis, oceupée pm· Ja division Brous–
sicr, et traversant de plusdes pays qui n'avaicnt
pas été dérorés; l'autrc, cellc que noussuivions,
passantpt1rDcsna, Gorki,Woronowo, Winkowo,
T1ll'outino, sur Jaqucllc les Husses étaient fortc–
rncnt établis dans un eamp préparé de longuc
main. Pour les délogcr, il J'allait lcur livrer une
g1·ande lrntaille, et l'avantagc de In gagner ne
valuit pas l'ineonrénicnt de perdrc douze ou
1¡uinze millc hommcs peut-et1·e, et tl'avoir
it
traincr avcc soi, on d'abantlonncr sur les routcs
dix millc lilessés. Micux valait assurémcnt, si on
lepouvait, défilcr dcvantl'armécrussc sans ctrc
apcr~u
d'cllc, luí dérobcr son mouvcmcnt en se
portant par un brusc¡uc détour
it
droitc, de la
virillc routc de Kalousa sur Ja nouvcllc, prcndrc
par Fominsko'ié, Borowsk, ntalo-Jaroslawctz, et
se
mctt1·c ninsi hors d'nltcinte
aprCs
avoir com–
plétcrncnt trompé l'cnncmi. Cettc mauoouvrc si
habilc, si heureusc, dans le eas ou clic au1·ait
réussi, était un triomphc qui valait la victoirc Ja
plus brillante, et qui clcl'ait couvrir deeonfusion
le
généralissime russc, car saos
combnt
nous
aurions asa foee
gagné
la
routc
de
Kalouga, re-
1
C'csluncidée¡;énérulemc11t:l!.lrnise partouslcshisloric11s
soit
fran~ais,
soit
étrangcrs, mCmc pai·
~l.
Fain, c1ui
nvail
cu
pourlanl connaissancc tl'une parlicdc la con•es¡iondauce im–
pél'iale, que
~apoléon
sorlitde Moscouavec la
résolutiou
dé-
couvré nos conununications compromiscs , el
conquis le pays le plus fertilc que nouspussions
rcncontrcr dans ces climats el dans cctte saison.
Mais cellc résolution en impliquait une autrc,
c'était J'abandon définitif de Moscou. Lorsquc
nous en sortions pom· hatlrc les Husscs, pour
les rcfoulcr dcvant nous, la routc de Moscou
it
Kalouga se trouvait poul' ainsi dirc débarrasséc
de Jcur préscncc, et s'ils rcvcnaicnt sm· Moseou
aprcs que nons les aurions batlus, Jcur 1·ctou1·
sur ecLtc capitale
a
lasuite d'uncgrande défaite,
n'était pas pour nous un cmpechemcnt de com–
muniqucr avcc clic. Mais
rcuon~anl
1 les vaincrc
afin de les évitcr, les Jaissant entre Moscou et
nous avcc cent
mi lle
hommes
bien
intncls, nous
ne pouvions plus maintcnir le nia1·éclrnl Morticr
dans le Krcmlin, car
il
cút élé irnpossiblc de l'y
sccourir. D'aillcurs, apres dcux journécs deceLt.c
marche,
aprCs
la
vuc de
ces immeuscs bngagcs,
suivisen flanc el en queue
par
unemullitu<lcde
Cosaques,
nprCs
avoir arruché
eufin
son corps,
son dmc, son orgucil surtout ele Moscou, Na¡m–
léonétait plus fa('ilc 11 décidcr
h
ccttc évacuation
définitive, et, prcnant son partí avcc la p1·ompti–
tude
dlun grand cnpitaine,
le
soir mi:me
il
cxpé–
dia du chateaudeT1·oitskoié l'ordrc au nrnréchal
Mortier d'évaeuer Moscou avec les tlix millc
hommes qui lui :mlicnl
élé
confiés, de
fuirc
sau–
tcr JeKrcmlin au moycn des mines pratiquécs
¡,
l'avance,
et d'emmcner
tout
ce 1¡u'il
pou1•r;.tiL de
maladcs et de blcssés, luí rappelant qu'i1!lome il
y avaiL des récornpcnscs pou1· chaquc citoycn
<lont on saurnit Ja liberté ou la 1·ic. 11 lui indi–
t¡uait la routcdcWercjaeommcccllcpar la<¡uelle
il
dcrnil rejoindrc
l'arméc; lui
assign~it
le 22 ou
le
25
pour
rnettrc
Je
fcu
aux
mines, mon1cnl oú
notremarche de flanc scrait presquc aehevéc, et
cnjoignaiL au général Junot d'évacucr Mojaisk
avcc lesdcrnicrcs colonnes deblcssés par laroutc
de Smolcnsk, que l'arméc allait couv1·i1· par sa
préscncc sur Ja nouvcllc routcde Kalouga '·
Ces ord1·cs cxpédiés rclativcment
a
l'é1·acua–
tion de
~loscou,
Napoléon s'occupa de clonncJ'
ccux
qui
conccrnaient
le
mouvemcnl de gauche
u
droitc, que l'arméc dcvait exécuter, afin de se
porlcr dela vieillc routc de Kalouga sur la nou–
vcllc. 11 choisit pouropérc1·ecmouvemcntlc chc–
min
de travcrse
de
Gorki
U
Fominskolé
par
Jgna–
towo (voir Ja
eartc
nº 55), et ordonna au princc
finitil•c <lequillcr ccllcca¡1italcpour 1·culre1·cn Polognc,et
11u'il
sedirigea
tl'abord
su1·
Ja \'icille 1·oule de
Kaloug,1,
avcc
l'iu1cn1ion com;uccl'a\·:111ce<lcchangcrtlcdircctionenehcmin,
Je .!.e reporlct·
de la
1•ieille1·oute
~u1·
l:l
nouvelle,
afln de
sur-