Table of Contents Table of Contents
Previous Page  358 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 358 / 570 Next Page
Page Background

LIVfiE QUAl\ANTE-CINQUIEME.

sortir des lors par la nouvclle roulc de Kalouga,

en laissant Mural sur la vicillc roulc, pour

y

trompcr I1cnncmi par sa préscncc, arrivcr avec

le grosde l'arméc

a

Malo-Jaroslawclz dcuxjours

plus lot, et s'assurcr de la sorlc beaucoup plus

de chances de pcrccr sans combat par la roule

de Kalouga. Mais il aurait fallu pour qu'il en füt

ainsi que Napoléon se fut résigné dans Moscou

mCmc

a

l'idée d'unc

rct.railc,

ce qui

n'él3it

pas, puisqu'il n'cn sorlit qu'avcc l'inlcnlion de

manreuvrcr, puisqu'il ne prit leparli définilif de

s'cnséparcr qu'a la vuc des licux, en rcconnais–

saut la possibililé d'unc manreuvrc hardic, en

apcrccvnnt l'occasion de rachclc1· l'cffct facheux

d'un mouvemcnt rétrogradc par l'effet éclalanl

d'unc saranlc manoouvrc, rnanoouvrc qui , sans

combat, lui rendail ses communicalions, le rc–

mellait sain et sauf au milieu d'un pnys riche et

habitable en hiver,et exposaitaux risées del'Eu–

rope l'ennemiqui l'avait laissé éehapper.

c'esluuc longue lell1·c¡lu l8

1

dans laquellc il o1·dounc!ice

rnnréchal de s'yé111blir nvec

cm'i1·on

IO millc hommcs,

d'y

faircSCS\'i\Tcs poUl'plusicurs mois,dcs'y 1·c11·anchc1', d'y

rénnit• lous

les

maladcs, etc. On pourrail clirc qucc'é1ail

I~

unc fcinlc; mais d'abordil n'avail nucunc raisond'cmploycr

u11lelsublerfuge,caril n'eu :m1it pas besoinpour lesucces

Je sonmouvcmcnt. Secondcmenl, Jorsr1ueNupoléonn\'ail 1·c·

courstl u11c feinle, il l'avounil tl ccluiqu'ilcn chargeai1,afin

1¡uc

celul-ci

entr~l

mieuxdans

s~s

inlcnlions, el. y eonlribuat

plus sUrement,eLde lous les hommcs il n'ycn avaitpas un

:rnquel il

pUtdavantagcconfierun sccrclqu'oumo1·échal )Jor-

1icr.EufinNapoléon,cmploya11Lune feintc, n':111rnitpas donné

touslcsdC1ailsqu'ildonncsur l11 maniéredcfo1·1ific1·et1ledC–

fenth•c Je

Krcmlin,

Ccllc letlre

cst

tcllement 1m.kise el détail–

lée, qu'ellenc pi.:ut laisscr aucun tloutesur son iutcution vé–

l'italilc.

Enfin

il

y

a

de

celte

inlenlion

uue

p1·euvc moralc,

irréfragah1c. ll re$lait

ti

Moscou quelquesccnlaiucsdehlcssés,

qu'il

01·don11ade

réuuir les

uns au Krcmlin,

les

au11·esnu..

Enfon1s trou\'és,ct lors11uc \c':10nusoir il clrnngcadc délcr–

mination, il p1·csc1·ivit loul 1tcoup uu maréchal

~lorticrde

les

cnrn1cuc1·

1

111émcs111· les che\'nux

de

l'élt'll-majot', lui rappe·

laul qu'i1 y;;i\•ait

~

Bome

eles

récompcn.,cs

po111·

ctuxqui

sau–

\'aicnt uncitoyen. Or si Napo!éou

n'arnil

pas \'Oulu

sa1·dr1·

~loscou,

il

n'uurait

pas

pcrdu lrois jour.s pou1· íoi1·e

partir

ces

blcssés,

et

des

le

I~

il

les aurail ache:ninés sur

la

roulede

Smolensk pai· les moycns qu'on dul cmployer Je 2S. Enfiu,

envoyonl dcsord1"esttl'i11te11dan1,illui faitdirelel8 :

l cmaJol'9i111iraldl'i111e11du111 9i11ünl.

"

L'Empe1·eur ordonne

<1uc les

voiture.s de

ll'llll~porls

mili–

.. 1aircs

chargécs

de "incs cl lcs arnbuh111ces soicnl

parquécs

"dcmaiu matin

lt

la

pointcdu

jom.,ct

mCme

1lans la

nuir,

"dnns\1:s1·andcmplaceme11tqui sct1·ou1•cpl'i!Gdesohélisqucs

" deht

porte de

Kulouga.

Je vous 1wé1icns 1¡11e l'Empcreur

" ¡101·1c ce

soir son

1¡11al'lie1· ¡;énéral

dan~

Je fauhourg

Je

Ka–

" louga, afin d'Ctre en

mc~ure

de mcllrc

dc111ai11

l':mnéc

en

" rnou1•emc11tpou1· mal'che1·~u1·l

'cnncnti.Jc

1•0us recommnndc

" de donncr lrsortll'csles plus précispourr¡ue 1ouslcs lrnm–

" mes rrs!Csdnnslcs hópltuux soient 1t•1111spor1Cs 1lcmain aux

" E11fo11l:; trou\·és,commcje,ous l'aiéc1·iLil yn un momcnt.

<l

L'Empercur Jais:.e Jemartchal due de Tré\'isea1·ec tout

Voila de quelle maniere étrange Napoléon se

décida cnfin 3 battre en retraite et

a

évacuer

n.losCOll ,

~OUr

ainsi dire a

!'impro~iste,

sans

l'avoir voulu , par une soudainc inspiration du

moment. Ce sacrifice

f~it,

sacrificedont il se dé–

dommagcait par

la

pcrspeclive d'unc marche

prodigieuscmcnt hardic el habile, il passa In

journée entreTroitsko'ié et Krasnoé-Pekra, pour

assister lui-mcme au défilé de son arméc, qui

conlinuait

a

présenter le speclacle le plus singu–

lier et le plus inquiétant sous le rappor.l des em–

barras qui eneombraient ses derrieres. Au pas–

sage de lous les ravins, de tous les pctits ponls,

que le.plussouvent il fallait ré1rnrcr ou consoli–

der, au passage de tous les villagcs dont il fallait

lravcrscr les longucs

a\

1

cnucs, les colonnes s'al–

longenient afin de franchir ces cléfilés , s'allar–

daient bicnlót de la maniere laplus fdchcuse, et

il était facile de prévoir que, lorsqu'on serait

suivi par une innombrable cavaleric légCrc, on

(1

soncorps pour

¡;at·clc1·

le Kremliuet

les

principaux

maga~

" sins de Ja1·i\lc.

Quaut au

qun1·tier

géuc!ral

tic l'iutcndance,

" composé de loul ce qui en fail pnrlie

el du

t1·ésor, il

se

u

1ic11d1·aprCt

a

pal'lirdcmain au

soir;

ilpartira

sous

l'es·

" corle dela

divisio11du

gCnCral Rogul'!.

" L'i11tcntion de l'Empe1·cur csl quc rous désigniez uno!'–

•!

donnalcur cl 1¡uclqucscommissaires dcs gucn·cs, undi1·ec·

.. tcurdcs hópi1aux,cnfinlcsofficicrs dcsan1éctagcnl&nC–

«

cessaircs, tant pour

Padmi11i~11·a1ion

des ma¡;asius1¡uc pour

" soi¡;11er lcs maladesnon transpor1:iblcs,<1uiseronltousréu·

n 11isa11xEnfonls lrot1\'és.

«

l 'Empcrc11r

ttunt da111 l'intmtio11

de

revc11fr ici,11011s

"9urderonslesprinci¡iaux

ma9(1Silu de

(arinc, d'avoint

el

u á'um-de-vic. Tous lrsagcnlsdontjc \'icnsdc partcrei·des·

" su3 coucl1cl'Onl uu K1•cmlin, el Ponlonnateur pr('ndro. les

"01'llresduducde T1·é1•ise.

u

ll estdo11ccertain<1uele l8!'\'apoléóuvoulaitdeuxchoscs :

1omarcl1c1·

b.

l'enncmi ; 2olaisscr Morticr ¡iou1· gardc1· Mos–

cou. Toutbcoup le 20ausoir,

nu

chtilcaude Troitskoié,ses

inlcntio11scho11gent,ctnu1icudcma1·cherbl'ennemi, ilprend

!i droilc,cl dounc!lesinslruclions pour ll·a11sportc1• l'an11éc

\le la1•icillesurln nou\'elle 1·ourede Kalouga. Enmémetemp-'

il prescl'it a Morlicr d'éracuer le Kremlinet dele joindrc par

loroutede Wcrrja. l.cs1ylcdesordrcs íuJic¡uc u11edé1c1·mi–

nalion souduinc, instanlunéc

et lcllcment uou\'ellc,<1u'elle

entrulnc In 1·Cvoca1ion tl'ordrcs dCjb. \lonnés. - 'fout s'ex·

plique

Jorsq•1'on

atlmct

<1u'ur1·hé

~ur

les lieux,

\'O)'anl

les

l\usses obsliuésUse te11i1· sur

la \'h:illc

route de Kalougu, el

conce\·anl l'espérancedeleur t!Crobcr sa marche par la nou·

velle

route, ilnimcmirux

n1-rhe1·a~o11 but

s:ms

l.lalaillc,saus

dixoudouzcmille

blcssésqu'ilfautl1·11itlrainc1·a sa suite,

el

ne vculplus

11lo1·s

laisser Mortier seul, séparC de lui pa1·

uuc

a1·nJtlciutac1ccLnoubattuc.C'csll'unit1ue 1·c1·sio11quicon–

corde:H'CC

tous lcsordres émis.

Une fois

admisc,

elle

rC1·~le

ce foitimportnn1,queNnpoléon,

mCmecnc1uillanl1"o~cou,

ne

pou\'aitsedéciderlt l'é1•ncuer,etellcfoit 1omhcr lc 1·cprocbc

tl'a\'Oit· perdu

en

routc

tlcux jour3,

tloul la ¡>el'le

f

ut

déei~i

1·c

pourlcmou1'{'mcnt surKalouga.

S'il

D\'ait

\'Oulu) morclicr

directcmcnt

el

sans comlia1,

it

y

auroil ma1·ché

!out

simple–

Jll(•n1par

la

rou1e nouvclle,

et se se1·ait

bornéUunc faussedé–

monslrationsu1·lavicille roule.