LA BÉnI\ZJNA. - ocrunnE l812.
33U
lai1·e, d'éeouter, de réfléchir sur ce qu'il cnlcn–
dail., lorsqu'il cbcrchait l'opinion <les autrcs.
11
parait qu'il se tul et réscrva sa décision, ainsi
qu'il luíétait a1·rivé dans plus d'une occasion de
ce gcnrc.
11
fallait durcstc chcrchcr <lansscs pcrplcxités
la cause de son silcncc.
11
aurait voulu rcslcr,
111ais il scnlait la difficulté en rcslant de vivrc et
de
COllSCl'VCl'
ses communications. Réduit
a
par–
ti1· il aurail préféré la 111a1·chc auno1·el, qui avait
le caractCrc de l'offcnsivc; rnais la
11rnuvt1isc
srii–
son, l'apparilion sur le bas Dniépcr de l'amiral
Tcl1ilcbakoff, le 1·amcnaicnt IOrcérnent au rnidi,
cL
la marche
su1·
Kalouga, l'élablisscmcnt dans
ccttc 1·ichc provincc, cu laissanL une gornison
11u
Krcmlin, et en
pla~anl
leduede llcllune
a
Jclnia
pou1· communiqucl' ª''CC
Smolcnsk, lui
scm–
blaicnt définitivcmcnt le plan le micux app1·0-
prié aux circonslanccs. 11 était done elécidé i1
l'adoptcr; nrnis la
va¡JUC
cspérancc de
rccC\'Oir
deSaint-Pélc1·sbourg une réponsc, bien qu'iln'y
compl:il gucrc, la lc11lcu1· des évacualions due
au manque de 1·oitu1·cs, le beau tcmps qui 'tait
éblouissanl, co111me si la nalurc cút été eomplicc
eles Russes pour nous !romper, cnlin la répu–
gnancc toujours grantlc
¡¡
commcnccr un mou–
vcment rétrogr:1dc , Je rclinrcnL cncorc quati·c
ou einq jours, el il allail se décide1·
ii
donner ses
dcrnicrs ordrcs pour la marche sur Kalouga,
lorsquc le IS oelobrc un accidcnL soudain cL
g1·a1¡ rint l'arracher
i1
ces déplo1·ablcs rclnrds.
Le ·18 en clfeL, pa1· une supc1·be 111ati11ée, il
passaiL en rcvuc leco1·ps du maréehal Ncy, lors-
11uc tout
a
coup on cntcndit les sour<ls rctcnlis–
scmcnls du canou, dans la dircetion <lu midi ,
sur la roulc de Knlouga. Ilicntól un oflicicr cx–
pé<liéde \Vinkowo
annon~a
que Mu1·at,complanL
sur la parole vc1·balc qu'on s'était donnéc de se
prévcnir quclqucs hcurcs
ii
!'avance dans le cas
d'une repriscd'hostilités, avait été su1·pris ctas–
snilli le malili mémc par l':irméerussc toulcn–
tiCrc; que, suivant son usagc, il s'cn étail tiré U
force de bravourc cL de bonhcur, mais non sans
perdrc eles hommes et <lu canon. Voici elu reste
Je détail de ce qui s'élait passé.
Dcpuis quclquc lcrnps on voyail les rcnfoi·ts
a1·rivcr
ú
l'arméc-rvssc,
et, aux
détonations
con–
tinucllcs des armes
a
fcu, il élait focilc d'npcrcc–
voir que Je vicux Kutusof
cxcr~ait
ses 1·ccrucs
pour les incorporer dans ses bnlaillons. Débar–
rassé de J'infortuné llarclny ele Tolly p:ir l'inlri–
guc1de llagration par le fcu de l'cnncmi, il ne
luí rcslaiL d'aulrc ccnscur incornmode que Ben-
ni11gscn
1
ct il chcrchaiti1 s'cndélincr,Ul'annulcr
du moins,afin des11ivreplus librcmentsa propre
pcnséc. Ccllc pcnséc, profondémenL sagc, co11-
sistait
ii
rcnforccrlra11quillcrnc11t sonarméc pe11-
dant que cellc des
Fran~ais
diminuail,
a
llCríen
brusqucr,
a
ne ricn
i·isqucr
contrc un cnncrni
le!que Napoléon, el a n'agi1· conlre luí que lo1·s–
que le climaL le luí livreraiL vnineu.aux trnis
quarls. Encore voulail-il le laisscr lcllcmcnl
vaincrcpal'
le
climat
qu'il
ne 1·csl:it prcsquc ricn
a
faircascssoldals, lant il aimaÍL i1jOUCI'
a
COUp
stir ,
cL
lanL il
c1·aignait
son ad\'Crsairc! Les
chosrs jusqu'ici s'élaicnL passécs cornmc il le
souhailait. 11avait
rc~u
vingt et quclc¡ucs
1·éoi-
111enls de Co aques, tous vicux soldnts, sceo111·s
fo1'l appréciablc quand on aurnil
a
poursuÍlrc
l'cnnemi. 11 lui était 1•cnu des dépóts de nom–
brcuses 1·ec1·ues qu'il avail ineorporées dans ses
régimcnls.Dcaucoupdesoldntségn»és ou légc1·e–
rncnt blcssés l'avnie11Lrejoinl, et il complail i1ln
mi-octobrc cnriron 80 millehommes d'infanlcric
cL de cavnlcric régulierc, cL
20
millc Cosaqucs
cxccllcnls.Cu111'ormé1nenL aux intentionsdcl'e111-
pc1·cm· Alcxa11d1·c, il n'avaiLricn répondu UNit–
poléon, nOn <le prolonger le séjour <les
Frai1~ais
a
Moscou.
~lalgré
sa résolulion ele ne poiut agir cncorc,
la siluntion ele Mu1·at avnit Je quoi le tcntcr,
car, aiusi que nous l':n
1
011s
Jit, MuraLétaiL au
milicu d'unc grande plainc, derJ'icrc le ravin de
la Czcrnicznia, sa droilc couvcrlc par la partic
profondc de ce ravin, qui nllait lomber dnns Ja
N1.1ra, mais sa ga11chc rcstéc en l'air, parce que
de ce cólé la Czcrnicznia ay.111t pcu de JH'OÍOn–
dcu1· n'élait pns un obslaclc cont1·e les allaqucs
de l'cnncrni. En profilant rl'un bois qui s'ctc11-
<lait entre les dcux eamps, et qui pouvaiL cachrr
lcs mouvcmcnts de l
1
nrméc russc, il Ctait facilc
de débouehcr sur In gauchc de Mural, de le
toul'llcr, de le coupcr de Woronowo, et pcut–
clre de eléil'LIÍl'e SOll COl'JlS, qui COOlJlrCllUÍI ,
ou11·e l'infanlcric de Ponialowski, prcsque toutc
la cavalc1·ic francaisc.
L'arelcnt colo1;cl Toll,ayant deeoneert.avcc le
général llcnningscnrcconnu ccllcposilion, avnit
proposé el'inaugurcr la reprise <les hosLilités par
ce hardi eoup <le main, :iprcs lcquel Nnpoléon,
si on réussissait, sorait tcllcmcnt nffaibli, c¡u'il
tombcraiLtout Ucoup dans une trCs-grandc in–
fériorilé numél'iquc parrapportil l'arméc russc.
Quoiquc bien déeidé 11 ne ríen risquer, Kulusol
vnincu par la vrniscmblanec elu sueccs, pni· les
inslanecs du colonclToll, par la crainlc de don-