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uvnE QUAllANTE-CINQUIEME.
russc tic Kronslaell pouYail prochaincmcnl se
l1'ouvcr cnfcrméc dans les glaccs, et cxposéc
it
clcl'cnir la proic des
Fran~ais
: il se décida au
sacriflcc péniblc ele la conficr aux Anglais.
11
fit
appclcr lord Cathcarl, lui avoua ses appréhcn–
sions, Jui déclnra en mCmc lcmps ses clétermina–
Lions irrévocaU!cs, et lui en donnn la
prcn\'C
la
moins équivoquc en lui elcmandanl de prcndrc
en elépól la flott.c russc avcc toul ce qu'cllc aurail
ii
bord, lui elisonl qu'il la confiail
n
l'honncur el
ii
la bonnc foi ele la Grandc-Ilrctagnc. L'ambas–
sadcur brilanniqnc, cnchanté cl'unc parcillc ou–
vcrlurc, promil que le clépól scrail fldclcmcnl
gardé, el que la flottc russc scrail
rc~uc
avcc la
plus cordialc hospitalilé daos les porls cl'Angle–
tcrrc. Alcxandre ordonna de la mcllrc 1 la voilc,
de la chargcr de loul ce qu'il avail de plus pré–
cieux, el de l'achemincr vcrs le Grand-Ilclt, pour
la foirc sorlir ele la Ilaltiquc au prcmicr signa!,
sous !'escorie el la protcclion du pavillon britan–
nique. Jlcaueoup cl'autrcs objets appartenanl
¡,
la
couronnc, surtoul en fail de papicrs dttat,
fu1·cnl clirigés sur Archangcl.
Aces précautions, priscs pour le cas tic no11-
veaux malhcurs, Alexaudrc en ajouta de beau–
coup mieux cntenclucs, el donl l'effcl probable
dcvail clrc de foirc sueeéder la vicloirc ¡, la elé–
foitc. 11 vcnail ele se mctlre d'aecord avec la
Sui:dc pour l'cnvoi en Livonic du corps d'arméc
tl11 général Slcinghcl, qui avail été jusquc- li1
rclcnu en Finlandc.
11
ful eonvenu que In plus
grande partic de ce corps, t1·ausportéc par mcr
d'lfclsingfors
o
Rcvel, irail par tcrrc
i1
Higa,
pour
sy
joindrc au comlc de 'Wittgenstein, ce
qni procurcrait
/1
ce dcrnier une force totalc de
GO millc hommes.
11
arrcta définilivcmcnl ses
résolutions rclalivcmcnt
;1
l'arméc
de l'amirrd
Tchitchakoff, et
renon~anl
1 tous les planssédui–
sants, mnis
nctucllcmcnt funcstcs,
qui lui
avaicnt
i'lr! proposés, il ordonna formcllcmcnl
¡,
ramiral
ticmarchcr sur la Volhynic, d'y réunir sous so11
commandemcnt les
troupes
du géuéral Torma–
soff,
ce qui dcvait
lui
composcr
une
nrmée
de
70 millc hommcs, el de rcrnonler le Dniépcr
pour concourir
it
un mom-cmenl conecntriquc
des armécs russes sur les dcrricrcs de Nnpoléon.
Parmi les idécs donl l'al'ail constammcnt cntrc–
tcnu le génél'al Pfuhl,
il
y en avail unequi avail
particulii:rcmcnl frnppé Alexandrc, c'étail ccllc
cl'af;Ír su1·
les
flanes
et
les dc1TiCrcs de l'arméc
frnn~aisc,
lorsqu'on l'aurnit altiréc dans
l'inté–
ricur de rempirc. Cettc icléc, prémnturéc en
juillct qunnd Nnpo11·on étniL
o
Wilna, prrmn-
turéc encorc qunncl il élail entre Witebsk el
Smolcnsk, et en mesure de cléjoucr toutes les
tcntativcs préparécs sur ses flnncs, vcnait fort
:'t
propos, pouvait ctre ele grande conséqucncc en
octobrc, quand il se trouvait 1
~loscou.
C'étail,
en cffcl, le cas ou jamais de se porlcr sur sa
1ignc de communication, car il élait bien loin de
son poinl de cléparl, les troupes qu'il avail lais–
sécs en
arriCre
n'avnicnt acquis
nullc
part
un
asccndant décidé, el si Je comtc ele Wittgenstein,
largcmcnt
renforeé, parvcnait
a
rcpousscr
le
maréchnl Saint· Cyr de la Dwina, et
a
s'avanccr
entre Witcbsk el Smolcnsk, daos la trouéc
mcmc par Jaquellc Napoléon avail passé pou1·
marcher sur Moscou; si l'amiral Tchitchnkoff,
laissanl un corps dcvanl le princc de Schwar–
zcnbcrg pour
le
eontcnir, rcmontait
avcc
'•º
millc hommes Je Dniépcr el la Bérézino, pour
donncr
la
rnain
,¡
Wittgenstein ,
ils
pouvaien
t
!'un el l'autrc se réunir sur Ja haute Ilfrézino,
el
y
rccevoir, ¡, la tete de cent millc hommrs,
Nnpoléon rcvcnanl ele Moscou, épuisé par une
longuc marche, hnrcclé par KuLusof, el exposé
¡,
clrc pris entre dcux fcux.
Amcné
n
ces rucs par ses cntrcticns avcc le
généi'al Pfuhl, cncouragé
a
y pcrsél'ércr par son
aidc de ca1np pi<\montais Micli.1ud, .l'cmpercur
Alcxnnrlrc chargca M. de Czernichcff de se
rcndrcaupres clu Jll'incc Kutusofpour lesJui f:drc
agréer, d'nllcr
cnsuitc
les cornmuniquc1· l1 l'nmi–
rnl Tchitchakoff, de se lransportcr cnfi11 pour le
mcme objcl auprcs du comtc de Wittgenstein,
eL
de
eourir
sans
cesse <les
uns
aux
autrcsjusqu'h
ce r¡u·i1 cut1•éussi ¡,les réunir el ¡,les fairc con–
couri1• nu mcmc but. Ce n'est pas avcc de parcillcs
vucs q11'Alcxandrc aurail pu répondrc favorahlc–
mcnl aux ouvert.ures de Napoléon. Aussi eles
qu'il
nvait
connu
ces
ouvcrturcs,
avait-il
pris la
résolution de ne pas les écouter. Elles lui cause·
1·enttoutcfois une
vive
satisfaction, car
il
y
trouvn
une
nouvelle prcuve
des
embarrasque les
Fran–
<;ais
commen<;aient
l1
éprouvcr
au
milicu tlc Mos–
cou. cmbnrras
qui lui
présagcnicnt non-scule–
mcntJesalul, mais letriomphcdeInI\ussic.Pour–
tnnt il importnit de relcni1· Nnpoléon
a
Mosco11
le plus lonrrtcmps possiblc, car s'il en so1·tait trop
tOt, il pourrail en
revenir sain
et snuf,
e~
par cr
molif Alcxandrc résolul de lui fnirc allcndrc sn
réponsc, snns laisscr
soup~onncr
qurl en
srrnit
Je scns. En eonséqucncc des projels que nous
vcnons c1·cxpose1·, M. de Czcrnicheff étail parti
pou1•
le camp du générnlissimc Kutusof, et lui
avnit communiqué le plan ndopt1! de se tnirc, de