LA BÉRÉZINA. - octol!Ri 1812.
capitale, la peur, il faut le dire, avaft égalé la trois batailles pcrdues, par un lrailé plus ou
douleur.
moins défavorablc, mais no pas en venir
a
une
Saint · Pélersbourg, création artificicllc de de ces gucrres de dr.slruction, comme les Espa–
Pierrc le Grand, ville de fonctionnaircs, de gens gnolsensoulenaicnt une conlrc JaFrancc depuis
de cour, de
commcr~ants,
d'étrangcrs, n'élait quatre annécs. Ce qui était plus étonnant,
µas, comme- Moscou, le creur mcmcde Ja Russie, M. Araktchcjcí Jui-mcmc, récemmcnl l'un des
clic en élait plutót Ja tete, tete toute rcmplic plus énergiqucs parlisonsdelagucrre
a
oulrance,
d'idécs empruntécs nu dehors. Au commcncc- inclinait aussi
ii
lo paix. M. de Romanzoff, qui se
ment clic al'ait désiré la
gu~rrc,
quand clic n'y laisnit dcpuis que les nouvcllcs inimiliésavcc Ja
avait vu que le rélablisscmcnt des rclations com- France nvaicnt donné un si cruel démcnli
n
son
mercialcs avec Ja Grandc-Brclagne; mais main- systcme, et qui c1it été déja totalcment écarté
tcnant qu'clle y voyait une Jonguc carricrc de des affaircs, si Alcxandrc, en frappant le rcpré–
sacrificcs el de dangcrs, clic en él.ait un pcu scntaM de Ja politique de Tilsit n'avait paru se
rnoinsd'n1•is. Elles'cn prcnait,clic aussi, des mal- condamner Jui-mcrnc,
M.deRomanzoff avait re–
heurs aclucls i1ce syslernc de retraitc in<léfinir,
1
trouvé lavoix pour parlcr en favcur de la paix.
qui nvait amcné les
Fran~ais jusqu'au
centre de Toutefois lrs cris de gucrrc avaicnt couvert ces
l'cmpirc; clic accusait les généraux de trnhison timidcs paroles de paix, et les émigrésallcmands
ou de Jacheté, J'cmpercur de faiblessc, et se ven- rnrtout, qui étaicnt venus chcrchc1· un asile en
geait des terreurs qu'elle éproul'ait par un lnn·
1
Russic, et lui dcmandcr de se meltrc
ii
la tele
gagc des plus nrners et des plus violcnls. Le gé- d'unc insurrcclion europécnne, voyant leur
néral Pfuhl ne pouvoit paraitre dans les 1·ues sans cause pres ele succomber, redoublaient d'cfforls
courir Je riSC]llCd'ctre insulté. Le génfral Pau- et d'instanccs pour cncourager la famille impé·
lucci, supposé son contrndicleur, était accu illi
rialc
n
la résislancc. M. de Stcin,
h
lcur tete, se
avec les démonslrations les plus flallcuscs.
monlrait le plus véhément et le plus ferme. Au
La pensée queNapoléon marchcrnil bicntól ele
1
milicu de ce couflil entre la hnine el la erninlc,
Moscou sur Sainl-Pétersbourg élait u11il'crsclle- J'agilalion étnit généralc
et
profondc.
ment répanduc, el déj11on faisait des prépnra-
Alcxandrc al'ait le creur nal'ré des malheurs
tifs de départ. Des quantités d'objets préeicux
1
aclucllemcnl irréparables de Moscou, des nrnl·
étaient·acheminés sur Archangel el sur Abo. On
l
11curs possiblcs ele Sainl·Pétersbourg, n'élait pos
étail partagé quant
¡,
la conduite
a
lenir. Les bien
SÚI'
de pouvoir sauvc1· celtc dm1iC..c capi-
esprils ardents l'Oulaicnt unc guerre i1 outrancc, tnlc, et aurait foibli pcut-élrc , tnnt il étail
et n'hésitaicnt pas
ii
di1·e que si Alcxanclre fié-
J
éhrnnlé, si son orgucil profonclément blcssé ne
chissail,
il
fallail Je déposei', el appcler au trune l'c1it soutenu. Hendrc cncoreune J'ois souépée
ii
la g1·ande-duchcsse Cnlherine, so sreur, épousc cct i111péricux allié ele Tilsit et d'Erl'u1·1, par le-
du princc d'Oldcnbourg, cclui dont Napoléon que] il arait été traité si dédaigncusemcnt, lui
avait pris J'héritage, princessc bcllc, spirituclle, scmblait iinpossiblc. 11 al'nil In noble fierté de
entreprenante, répulée ennemie des
Fran~ais,
et pt·éférer la mort
n
cctte humiliation, et disait ,\
résidanl en ce mome11l aupres de son mari, gou- ses intimesque luietNapoléon nepoul'nicnt plus
vm·neur des prol'inccs de Twcr, de Jnroslaw et régnet' ensemble en Europc, et qu'il fallait que
de Kostroma. Les esprits les plus modérés, au l'un ou l'autre disparút de Insci:ncdu monde.
contrairc, étaient cl'avis de saisir une occasion
On reste, au sein de ce clrnos d'opinions dis-
pour négocier. Voir les
Fran~ais
a
Saint-Pélers· cordanles, nffccté de Ja timidité des uns, froissé
bourg,J'empereur en fui le Ycrs Ja Finlande, pro- par l'ardeur prcsque insultante des autrcs,
fn-
vinee doulcuse, ou vers Archangel, province ligué du tumulle de lous, il s'étail souslrnil aux
située sur la mer Blanehc, les épouvantait. L'im- regards du publie, el nvail pris en silcncc la ré-
pératricc mere, cclle princessc si fiere, si pcu solution irrévocablc ele ne pas cé<lcr. Un instinct
favorable aux
Fran~ais,
eflrayéc des dangers de seerel lui disait que, pnrvcnu
a
Moscou ,Nnpoléon
son fils et de J'empire, al'ait senti tout
a
coupson courait plus de dangers qu'il n'cn faisait courir
CCJ!Ur défaillir, r.l était l'Cl'enue
a
J'idéc de la paix,
a
JaRussic, el l'hil'cr d'aillcurs, lout pres d'arri-
commc le grand-duc Constantin lui-mcmc, qui l'er, Jui semblnil un nllié qui couvriroit.bicntól
avuit quillé l'armée dcpuis Japerle de Smolcnsk, Saint-Pélcrsbourg d'unhouclicr de glace.
et pensait qu'il fallail se bornct•
a
une de ces
Sn résolution arrctéc, il ndopln les mcsm·cs
guerres politiques qu'on termine npres dcux ou qui en devaient clre Ja conséqucnce. La flotte
f,ONSUt.AT.4.
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