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LIVl\E QUAfi.INTE-GINQUIEME.
Supposezune Lataillc Lie11 complétcrncnt gagnéc
sur Kutusof aux environs de Taroulino ; suppo–
sez Je plus un hivcr d'unc rigueur ordinairc, et
ce plan avait degrandes chances de réussir, sans
cornpler que si l'on voulaitdéfinitivernent se rap–
procher de la Pologne, Mortier pouvait prcndre
des vivrcs pour dix jours, évacuer Moscou par
la roule directe qu'on avait déja suivie, et ren–
trcr 1ra11quillcment a Smolcnsk, en recucillant
lous les postes inlcrmédiaires, et en élant cou–
" rt par la présencc de Napoléon
a
Kalouga.
Cctte cornbinaison
a
elle seule suffisait pour ra–
mencr l'arniral Tchitehako!f sur Mozyr, et pour
le décourager de ses projels fcintsou récls conlre
Je grand-duché.
Celle nouvelle conception, preuve de l'inépui–
sable fcrtilité d'csprit de Napoléon, était non pas
eelle qu'il eút préférée, mais celle que dans le
momcnt il croyait laplusconvenable. Une légc1·c
geJée étant tout a COUp SUl'\'CnUC le
15
octobre,
sansque le Leau lcrnps dont on jouissait en fút
altéi·é, tout le 111ondc sentit que le moment était
arrivé de se déciJcr. Napolfon réunitscs maré–
chaux pouravoir Icur avis, bienqu'ordinaircmenL
il se souciat peu Je l'opinion d'aulrui ; mais dans
la position oi1 l'on se lrouvait, chacun acquérait
avec la gravité
croissa11tc
des cfrconstanccs un
ccrtaíndroiL d'Ctrc cousulté.
Le
princc EugCnc,
le nrnjor général Jlc1·thier, le ministre d'Élat
Daru , les maréchaux Mortiel', Davoust cL Ncy
1
nssistaicnt
~l
ccltc réunion.
ll
n'y ma11quait que
MUl·at et llessicrcs, rclcnus Jcvant le earnp de
Taroulino. La premicrc qucslion porloit sur la
situntion Je ehac¡uc corps, laseeonde sur le parti
¡,
prendre. J,'état des corps n'avait rico que de
triste quant au nombre, car cclui du
11rn1·éclrnl
Davoust était réduit de 72 mille hommes
a
2~
ou 50 mi lle; cclui du ma1·échal Ncy, de
5~
a ·IO
ou
1'I
mille. Le prince Poniatowski ne complait
plus que 5 mille hommcs, les Westphalicns
2 millc;
1a
gardc, sans avoircombattu, 22 rnillc.
En tout on pouvait, avcc les pares, cstimcr l'ar–
mée
i1
cent etquclques mille combattanls, au lieu
dc175 mille qui composaicnt sa force récllc en
¡lal'tant Je Wilebsk, au licu de 1,20 qui la com–
posaicnt en passant le Niémcn. Du reste, l'élat
des homrnes était satisf'aisanl.. lis étaient frais,
reposés, pleins de résolution, quoique asscz in–
quicls de cclle position hasarJéc que lcu1· rare
intclligence appréciait parfaitemcm.
Quant au parti a prendre, lesopinionsse trou–
vcrent fort partagées. Le maréchalDavoust fut
d'avis que les hornmcs légeremcnt blessés étant
dans les rangs, les col'ps étant parfoitc–
mcnt rcposés, il étaiL grandcmc:nt temps de par–
tir ;que la route de Kalouga nous ramcnant au
milicu de pays fcrtiles et point dévastés, et sous
des climats moins rigom·cux, il n'y avait pas
d'autrc direction
a
suivre. On pouvait aperccvoir
au Iangage du maréchal Davoust queseloo lui
011
élait déja Jcmeuré trop longlemps
a
Moscou. Le
majo!' général Berthicr, SOUl'Cíll disposé a con–
trcdire le mat•échal Davoust, et ehargé nalurel–
lcmcnt de défendre les résolutions qui avaicnt
prévalu, puisc¡u'il représentail l'élat-majo1· gé–
néral, soutint au contraire que leséjour
¡,
Moscou
avait été utile et nécessaire, qu'on lui avait dú la
possibilitéJe refaire les troupes, et Je lcur rcndre
la santé et les forces,
11
convint toutefois <1uc
le moment de partir élait venu. Habitué
a
se
conformer
a
l'opinion de Napoléon, et sachaut la
préférencc qu'il avait loujours euc pou1· la roulc
du nord,
il
proposa le rctou1· sur WiteLsk, cu
marchan! latéralcment
a
la l'OUtCde Smolensk
par Woskresensk,Woloklamsk, Zubkow, Bieloi.
C'était le plan de Napoléon quand il n'était plus
lemps de l'exécute1'. Le ma1·échal Mortier, loyal
mais soumis, opina commc BerLhic1·, le rcpré–
se11lant ordinaire Je lapcnsée impériale. Lema–
réehal Ney, rude et indocile quand il suivait son
premier mouvcmcnt, appuya forternent l'opinion
Ju
maréchal Davoust, cousistanL
;'1
dirc qu
1
on
éLait assez <lcmcuré
U
1\Ioscou, ce
qui
signiHaiL
lrop, et qu'il fatlait en ¡rnrli1· leplus lót possiblc.
11
pal'ia beaucoup de l'élat Je son co!'ps réduit i1
'IO
millc hommcs, sans les
Wurtcmberg~ois,
et
souLinL
que
In dircction
de
Kalouga était lnseulc
aJrnissible. Le princc Eugc11e, trop donx et il'OJJ
ti
mide
pour avoi1·
une autrc opinion que ccllc de
J'élat-majo1: général, pal'la comme llcrlhier.
M. Dal'll au conlraire n'hésita point
a
déclarer
(JU'il
11
1
était de !'avis ui eles unsni des autrcs, et
ú
souleni1· qu'on devait hiverncr
i1
l\loscou.
11
y
avnit, sclon
lui, dans la
ville des 'vivrcsen
riz,
farinc, spfritucux pour tout l'hivcr. On pouvait,
en étcndant ses quarticrs, se procurer des four–
ragcs, et noul'l'il'
¡m
ce moyen le bélail et les
chcvaux. 11 étail done possiLlc J'évitc1· lc doublc
inconvénicnt
d'un
mouvcmcnt rélrog1·adc , et
d'unc
rclraitc
i1
travcrs des pays, les uns ifcon–
nus,
les nutres
ruinés
par un
prcmicr pa::isagc,
dans une saison tres avancée, avcc des soldats
fort propresauxmarchesolfensivcs, tres-pcnaux
marches
rétrog1·adcs.
Napo!éon, qui élait si prompt
a
former son
opinion et
a
l'exprimel', avait l'habitude de se