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538

LIVl\E QUAfi.INTE-GINQUIEME.

Supposezune Lataillc Lie11 complétcrncnt gagnéc

sur Kutusof aux environs de Taroulino ; suppo–

sez Je plus un hivcr d'unc rigueur ordinairc, et

ce plan avait degrandes chances de réussir, sans

cornpler que si l'on voulaitdéfinitivernent se rap–

procher de la Pologne, Mortier pouvait prcndre

des vivrcs pour dix jours, évacuer Moscou par

la roule directe qu'on avait déja suivie, et ren–

trcr 1ra11quillcment a Smolcnsk, en recucillant

lous les postes inlcrmédiaires, et en élant cou–

" rt par la présencc de Napoléon

a

Kalouga.

Cctte cornbinaison

a

elle seule suffisait pour ra–

mencr l'arniral Tchitehako!f sur Mozyr, et pour

le décourager de ses projels fcintsou récls conlre

Je grand-duché.

Celle nouvelle conception, preuve de l'inépui–

sable fcrtilité d'csprit de Napoléon, était non pas

eelle qu'il eút préférée, mais celle que dans le

momcnt il croyait laplusconvenable. Une légc1·c

geJée étant tout a COUp SUl'\'CnUC le

15

octobre,

sansque le Leau lcrnps dont on jouissait en fút

altéi·é, tout le 111ondc sentit que le moment était

arrivé de se déciJcr. Napolfon réunitscs maré–

chaux pouravoir Icur avis, bienqu'ordinaircmenL

il se souciat peu Je l'opinion d'aulrui ; mais dans

la position oi1 l'on se lrouvait, chacun acquérait

avec la gravité

croissa11tc

des cfrconstanccs un

ccrtaíndroiL d'Ctrc cousulté.

Le

princc EugCnc,

le nrnjor général Jlc1·thier, le ministre d'Élat

Daru , les maréchaux Mortiel', Davoust cL Ncy

1

nssistaicnt

~l

ccltc réunion.

ll

n'y ma11quait que

MUl·at et llessicrcs, rclcnus Jcvant le earnp de

Taroulino. La premicrc qucslion porloit sur la

situntion Je ehac¡uc corps, laseeonde sur le parti

¡,

prendre. J,'état des corps n'avait rico que de

triste quant au nombre, car cclui du

11rn1·éclrnl

Davoust était réduit de 72 mille hommes

a

2~

ou 50 mi lle; cclui du ma1·échal Ncy, de

5~

a ·IO

ou

1'I

mille. Le prince Poniatowski ne complait

plus que 5 mille hommcs, les Westphalicns

2 millc;

1a

gardc, sans avoircombattu, 22 rnillc.

En tout on pouvait, avcc les pares, cstimcr l'ar–

mée

i1

cent etquclques mille combattanls, au lieu

dc175 mille qui composaicnt sa force récllc en

¡lal'tant Je Wilebsk, au licu de 1,20 qui la com–

posaicnt en passant le Niémcn. Du reste, l'élat

des homrnes était satisf'aisanl.. lis étaient frais,

reposés, pleins de résolution, quoique asscz in–

quicls de cclle position hasarJéc que lcu1· rare

intclligence appréciait parfaitemcm.

Quant au parti a prendre, lesopinionsse trou–

vcrent fort partagées. Le maréchalDavoust fut

d'avis que les hornmcs légeremcnt blessés étant

dans les rangs, les col'ps étant parfoitc–

mcnt rcposés, il étaiL grandcmc:nt temps de par–

tir ;que la route de Kalouga nous ramcnant au

milicu de pays fcrtiles et point dévastés, et sous

des climats moins rigom·cux, il n'y avait pas

d'autrc direction

a

suivre. On pouvait aperccvoir

au Iangage du maréchal Davoust queseloo lui

011

élait déja Jcmeuré trop longlemps

a

Moscou. Le

majo!' général Berthicr, SOUl'Cíll disposé a con–

trcdire le mat•échal Davoust, et ehargé nalurel–

lcmcnt de défendre les résolutions qui avaicnt

prévalu, puisc¡u'il représentail l'élat-majo1· gé–

néral, soutint au contraire que leséjour

¡,

Moscou

avait été utile et nécessaire, qu'on lui avait dú la

possibilitéJe refaire les troupes, et Je lcur rcndre

la santé et les forces,

11

convint toutefois <1uc

le moment de partir élait venu. Habitué

a

se

conformer

a

l'opinion de Napoléon, et sachaut la

préférencc qu'il avait loujours euc pou1· la roulc

du nord,

il

proposa le rctou1· sur WiteLsk, cu

marchan! latéralcment

a

la l'OUtCde Smolensk

par Woskresensk,Woloklamsk, Zubkow, Bieloi.

C'était le plan de Napoléon quand il n'était plus

lemps de l'exécute1'. Le ma1·échal Mortier, loyal

mais soumis, opina commc BerLhic1·, le rcpré–

se11lant ordinaire Je lapcnsée impériale. Lema–

réehal Ney, rude et indocile quand il suivait son

premier mouvcmcnt, appuya forternent l'opinion

Ju

maréchal Davoust, cousistanL

;'1

dirc qu

1

on

éLait assez <lcmcuré

U

1\Ioscou, ce

qui

signiHaiL

lrop, et qu'il fatlait en ¡rnrli1· leplus lót possiblc.

11

pal'ia beaucoup de l'élat Je son co!'ps réduit i1

'IO

millc hommcs, sans les

Wurtcmberg~ois,

et

souLinL

que

In dircction

de

Kalouga était lnseulc

aJrnissible. Le princc Eugc11e, trop donx et il'OJJ

ti

mide

pour avoi1·

une autrc opinion que ccllc de

J'élat-majo1: général, pal'la comme llcrlhier.

M. Dal'll au conlraire n'hésita point

a

déclarer

(JU'il

11

1

était de !'avis ui eles unsni des autrcs, et

ú

souleni1· qu'on devait hiverncr

i1

l\loscou.

11

y

avnit, sclon

lui, dans la

ville des 'vivrcsen

riz,

farinc, spfritucux pour tout l'hivcr. On pouvait,

en étcndant ses quarticrs, se procurer des four–

ragcs, et noul'l'il'

¡m

ce moyen le bélail et les

chcvaux. 11 étail done possiLlc J'évitc1· lc doublc

inconvénicnt

d'un

mouvcmcnt rélrog1·adc , et

d'unc

rclraitc

i1

travcrs des pays, les uns ifcon–

nus,

les nutres

ruinés

par un

prcmicr pa::isagc,

dans une saison tres avancée, avcc des soldats

fort propresauxmarchesolfensivcs, tres-pcnaux

marches

rétrog1·adcs.

Napo!éon, qui élait si prompt

a

former son

opinion et

a

l'exprimel', avait l'habitude de se