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LA BÉRÉZINA. - ocronRE

1812.

357

route detestable, sans compter JOO pour venir

de Smolcnsk

a

Moscou, ce qui en faisait 280

pour les rcnforls qui auraient

a

joindre lagrande

armée en marche sur Saint-Pélcrsbourg, tandis

qu'a Witebsk, par exemplc, on n'en serait qu'a

-150 licues. Si lacampagne prochaineconsislait

a

diriger ses cfforts sur la sccondc capitalc de la

Russie,

il

valait micux évidernmcnt partir de

Witebsk que de Moscou ; c'était rnéme le scul

point de départ qu'on pút adoplcr.

L'hivcrnagc

a

Moscou soulcvait clone les plus

graves objcctions. Toulcfois la répugnancc de

Napoléon pour un mouvement rétrograde était

si prononcéc, qu'il n'cxcluait pas l'hypothCse de

l'hivcrnage

a

Moscou, et que lout en ayant or–

donné le départ des blessés transportables, afin

d'clrc libre de ses mouvemcnts, il faisait forlificr

le Krcmlin, déblayer les approchcs ele ce cha·

teau, couvrir ses portes de lambours, armcr de

canons ses muraillcs et ses tours, amcnc1· des

renforts

a

l'arméc, et porter assez loin ses posles

avancés pour étudier les ressources du pays soit

envivres soit en fourrages.

Au milieu de ces erucllcs pcrplexités, la pré–

fércnce de Napoléon élait Loujours pour la bclle

manreuvre qui, le rnp¡ll'ochant de la Polognc pa1·

une marcheoblique vers lenord, J'eút placé cler–

ricre le duc de Bellune

a

Veliki-Luki, et lui cút

donnél'apparenecnonpas deserelirer,maisd'ap–

puyer un mouvement offensif sur Saint-Pétcrs–

bourg. Malhcul'Cuscmcnt chaquejour qui s'écou·

lait, en omenant l'hiver , rcndait une dircction

aunor·d plusanlipathique

a

l'armée, etd'aillcurs,

les nouvelles venues du midi reportaicnt forcé–

ment de ce cólé les combinaisons du moment.

Tandis que !out était staliounaire sur la Dwina,

que Macdonald se morfondait devant Riga sans

pouvoir assiégcr cctte place ,

que.le

maréchal

Sainl-Cyr reslait immobiic

a

Polotsk, sans pou–

voir tircr desavictoircdu ·18 aotit d'aulrc résul·

tal queeelui de se maintenir dansso position, au

contraire, l'amiralTchilchakoff rcvenantdeTur–

quie, aprcs la signaturc de la paix avec les

Turcs, avait traversé la Podolie et la Volhynic,

et, rassuré par la neutralité de la Gallieie seerc·

tcment convcnue a1·ec J'Autrichc, avait pénétré

jusqu'aubord du Styr pour renforeer Tormazoff.

Obligéde laisscr quclques mille hommcs sur ses

derricrcs, il n'cn amcnait gucre que50 mille, ce

qui portait

a

60 mille les deux armécs réunics.

11

en avait pris le commandcment général, et il

avait ohligé Scbwarzenbcrg et Reynicr, qui n'en

comptaient pos 56 mille

a

euxdeux, de se replier

sur le Bug, puis derricre les marais de Pinsk,

afin de eouvrir le grand-dt,1ché. De tout ce que

Napoléon avait demandé pour le prince de

Srhwarzcnberg

il

n'élait arrivé que le balonde

maréchal, et la promesse d'un renfort de 7

a

8

mille hommcs qu'on ne voyait point paraitre.

J,'alarmes'était de nouveau répandue

a

Varsovie,

oU régnait, au Iieu <l'un enlhousiasme créateur,

un aballcmcnt géuéral, ou l'on se disait aban· .

donné par Napoléon, oú l'on se plaignait dece

qu'il n'avait pas réuni laLithuanie

a

laPologne,

oú J'on faisait de toutcs ces plaintes une excuse

pom

1

ne point agir, pour n'cnvoycr ni rccrucs ni

matériel au princc Poniatowski.

Ce n'est pas daos une situation pareille qu'on

JlOUl'ait penser

a

Un lllOUVClleOl l'ers le nord,

car c'cut été laisscr un ehamp lrop vaste auxen·

trcprises de l'amiral Tchitclwkoff.. Une marche

vcrs Kalouga eonvenait bien mieux a ladirection

actuelle des forces ennemics et

a

la disposition

des csprits, qu'on rassurait en leur offrant en

pcrspective leclimatc! l'abondance des provinces

méridionales.

Par toules ces raisons, Napoléon imagina une

combinaison mixtc, consistant

a

se porter sur le

camp de Taroutino,

a

en chasser Kutusof, ce qui

n'avait pas certes l'apparenee d'une retraitc,

a

Je

rcfoulcr soit

a

droite, soit

a

gauche,

a

se porler

ensuite sur Kalouga,

a

y amcncr par laroute de

Jelnia le duc de Bellune, ou au moins une forte

division toutc pretca Srnolensk, d'hiverner ainsi

a

Kalouga, au milieu d'un pays ferlile, sous un

ciel pcu rigourcux, en communication par sa

droitc avcc Smolensk, et par ses derricrcs avec

Moscou. Dans ce plan, Napoléon songcait

a

gar–

dcr le Ktcmlin,

a

y laisscr le maréclrnl Morlier

avee 4 mille hommcs de la jcune garde, avcc 4

millc hommes de cavalcrie démontée organisés

en batail!OnSd'infantcric, O)' dépOSCI' son maté·

riel le plus lour<l, ses blcssés, ses malades, ses

trainards,

it

fournir ainsi

U

CC

maréchal

d'u11 CU·

ractereéprouvé

10

millebommesde garnison, et

des vivrespour six mois. Napoléon, placé

i1

Ka–

Jouga, auscind'unc sorte d'abondance, pouvaul

donncr la main ouau maréchal Morticr, dont il

serait

a

cinq journées, ou au duc de Bcllune,

dont il serait

a

cinq journées aussi cn l'amenant

a

Jclnia, se trouvcrait comme une araignée au

cenlre de sa toilc, prct

a

courir parlout ou un

mouvement se fcrait sentir.

JI

n'aurnit de celle

fa~on

rien CvacuC; il aurait au contrairc cnvahi

de noul'ellcs provinces, en prenant positiondans

lepays le plus bcau, leplus central de la Russie.