LA DÉREZINA. - ocrom
181~.
ruinées de Moscou pour prendre sa position de la variété, l'étrangcté de ces équipages, char-
marchc pres de la porte de Kalouga. Le lende- rcttcs, calCchcs, droskis, berlines, trainés par
moin
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octobrc, prcmicr jour de cctte rctraite de mauvais chevaux, encombrés de sacs de
fa-
a
jamais mémorablc pa1•le malhcur et l'hérolsmc rinc, de vctemcnts, de mcublcs, de malades, de
qui la signalcrent, l'armée se mil en mouvc- fcmmcs et d'enfants, olfraient un spcctacle bi-
ment. Le corps du princc Eugcne défila le pre- zarrc, prcsquc sans fin, et de plus trcs-inquié-
mier, cclui du maréchal Davoust le sccond, celui tant, car on se dcmandait comment ou pourrait
du maréchul Ncy le troisicmc. La gardc impé- manreuvrcr avcc un scmblable attil'Oi!, et com-
riale fcrmait la marche. La cavalcric sous Murat, ment surtout on pourrait se défendre contre les
les Polonais sous le princc Poniatowski, une Cosaques. Quoiquc daos la largc ovcnuc de Ka–
division du maréchal Davoust sous le général louga on morchllt sur huit voiturcs de front, et
Frédérichs, étaient
lt
Woronowo, en facc des que la file ne ful pas un instant inlerrompuc, la
arrit\rc-gordcs russcs. Une division du prince sortie, commencéc le matin du 19, continuait
Eugcne, ccllc du général Broussicr, avait de- encare le soir. Nopoléon surpris, choqué, alarmé
pu is quclqucs jours pris position sur la nou- prcsquc
a
cettc vuc, voulut d'abord mettrc ordrc
vclle routc de Kalouga, laqucllc passait entre
a
un parcil embarras; mais apres
y
ovoir réflé-
l'ancicnnc routc de Kalouga que suivait le gros chi, il se dit que la marche, les occidcnts de la
de l'arméc , et ccllc de Smolensk. L'arméc route, les consommations journalicrcs, auraient
présentoit un étrongc spectacle. Les hommes, bicntót réduit la quantité de ces bagages; qu'il
comn1e on l'a vu, étaient sains et robustes, les était done inutile d'affiiger lcurs propriétaires
chcvaux moigres et épuisés. Mais c'était surtout par des rigueurs auxquelles la néecssité sup–
la suite de l'urméc <¡ui offrait l'aspeet le plus pléerait toutc seulc; qu'au surplus, si l'on a1•ait
cxtraordinaire. Aprcs un immense attirail <liar- des combats, ces voitures serviraicnt
a
porter
tillcrie commc il le fallait pour GOO houehcs
a
des blcssés, et par ces raisons il conscntit
i1
lais–
fcu abondumment approvisionnées, vcnaicnt des ser cbocun trnincr ce qu'il pourrait. Sc11lcmc11t
masscs de bagages tclles quejamaison n'on avait il ordonna de ménagcr un eertain cspace entre
1•u de parcillcs depuis les siccles barbares, ou
les colonnes de bagngcs et les eolonncs de sol-
sur toute lo surfacc de l'Europe des populations dais, afin <1uc l'arméc pul manreuvrer libre-
enticres se
dépla~aicnt
pour aller ehereher de ment. Quaut
a
lui, il ne sortit de Moscou que
nouvcaux territoires. La craintc de manqucr de le lcndemain, 1•oulant veillcr de sa personne
vivrcs nvait conduit ehaque régimcnt, chaque aux dernie1·s détails de l'évacuation, et comp-
l1ataillon 8 mettrc sur des voiturcs du pnys tout tant sur la focililé qu'il aurait toujours de rega-
ce qu'ils étaicnt parrcnus
1i
se procurcr en pain gner
a
chcval la téte de l'armée, des que sa pré-
ou en farinc, et ceux qui uvaient pris ecttc pré- scnce y scrait nécessaire.
cnution n'étnient pas les plus chargés. D'autres
Cetlc prcrnicrc journée du 19, employéc
a
nvaicnt njouté nux bngagcs les dépouilles re- sortir de .Moscou, ne le fut poilll
1t
faire du
eueillics dons !'incendie de Moscou, et beaucoup chemin. Al'l·ivé su1· les hauteurs qui dominen!
de soldnts en avaient rempli leurs sacs, commc Moscou, on s'arréta pour jcter un dcrnier rc–
si leurs forces avnient pu sullire
a
porter
a
la
gard sur cette villc, terme cxtréme de nos fabu–
fois leurs vivres et lcur butin. La plupart des leuscs conquétcs, prcmier terme de nos im–
oflicicrs s'étaicnt cmparés des légcres 1•oiturcs
meuses infortunes. Au pied des cotcoux que
des Russcs, et les avaicnt chargées de virrcs ou
l
uous avions gra1•is, on ape1·ccvait la large et
de 1•ctements ehauds, afin de se prémunir con- intcl'lninnble colonno de nos bagages, au dela
trc In di ctte et le froi<l. Enfln les fnmillcs fran- les dómcs dorés de logrande capitule moscovite,
~aises,
italienucs, nllemnndcs, qui avaicnt o é
1
ccux du rnoins que !'incendie n'avait po déro–
rcstcr urce nous
lt
Moscou. craignant le rctour rés, et au fond de ce tablcau le cicl le plus pu1·.
des llus,sc ,
ª'
nicnt demandó
il
nous accompa- On contempla encore uue fois ces objcts qu'oo
gncr, et formaienl une sortc de colonie éplorée ne de1•nit plu revoir, et on continua sa routc
lt
la suite de l'arméc. A c · f.1millcs s'étaient arce le dé-ir d'a1•oir bientól rcgagné les contr·écs
mdm' joints le· •cns d théñtrc, nin i que les
de la Pologne et de l'Allcma•nc, qu'on étail i
mathcurcuscs f rnmrs qui \'il'aient
h
Moscou de ficr nanucre, et qu'on étoil i facbé aujourd'l1ui
proslitution. tous 1•ctloutont égalemcnt la colcre
1
d'•roir tnnt dépas·écs. Le cicl du re te étail
d holiitonts rontrcs dans lcur l'ille. Le nombre, toujour parfoitcmcnt pur; on avnit de vi1'l'cs,