528
LIVHE QUAílANTE-QUATnlRME.
qu'on devait renoncer
a
transporter.
11
défcndit
de s'occuper des premicrs qui pouvaicnt se re–
tire!'
a
picd, Cl des dcrniel'S qu'i) faJlait JaiSSCl'
mourir sur place; il or<lonna l'évacualion des
aulrcs sur Wilna, soit au moyeo des voilurcs du
pays, soit au rnoycn des voilurcs du train des
équipages, dont il y avait environ ·1,200
a
Mos–
cou, et donl il consacra 200
a
cet objct. Dons
Ja
supposition méme de l'hivcr passé
a
Moscou, car
dans sa perplcxité Napoléon n'cxcluait aucune
hypothése, il cntrepril des travaux de défense
au Kremlin, fit détruire les balimcnts adossés i1
ccUe forteressc, hé1·isser les tours de canons,
couvrir les portes ele tarnbours, forlifier quel–
qucs-uns des principaux rouvcnls de Javille scr–
vant de magasins, fabriquer avec les poudrcs
trouvécs au Krcmlin des gargousscs et des car–
touches, afin d'assurcr un double approvisionnc–
mcnt aux 600 bouchcs
a
fcu de J'arméc, vciller
avcc le plusgrand soin
a
ladécouvcrlC,
a
Jacon–
scrvation des dcnrées alimeolaircs, de maniere
i1pourvoir choque corps de cinq ou six mois de
vivrcs, en pain , sel, spirilueux, viandcs sa–
lécs.
L'approvisionnemenl en J'ourrages étant tou–
jours !. principale difficulté, il porta le princc
Eugénc sur Ja roulc de Jaroslaw, el le maréchal
Ney sur ccllc de Wladimir,
a
une distancc de
douze ou quinzc licues, pour occupcr, pacificr,
conserver une grande étendue ele pays, et s'y
111·ocure1· l'alimcnl elu bétail et de Ja cav:dcrie.
De plus il tacha d'aUu·er ks paysans, en payant
comptant et i1 ll·és-haut prix les légurncs, les
fourrages, les vi1•rcs de loutc especc.
11
fil chcr-
eher des popes, et les engagea
a
rouvrir les
églises de Moseou,
a
y célébrer Je cultc divin,
a
)' pricr mernc pour !cursouvcrain Jégitime, l'em–
pcrcur Alexandrc. Enfin, non pour s'amuser,
car il n'eo avait pas bcsoin, mais pour distraire
ses officicrs, surtout pour donner du pain
a
de
pauvres
Fran~ais exer~ant
en Russic Je métier
de comédicns, il fil rouvrir les théalres, et, cn–
touré d'unc brillante eour rnilitairc, nssista aux
rcprésentations dramatiques qui faisaicnl jadis
les délices de 1; noblcssc russc, s'yprcnant ainsi
de son micux pour ressusciter le cadavre de Ja
malhcurcusc Moscou.
11
passait cnsuite les nuits
ó
cxpéelicr les n!faircs admioistrativcs de son
crnpirc, qu'unc cstafcuc arrivant·de Paris en
dix-huil journécs Jui apportait plusieurs fo is par
scmaine, Quelc¡uefois il étail altiré lout a coup
aux fonétrcs du Kremlin par des colonncs de
ruméc, s'élc1•ant de tcmps en lcmps de l'inccndie
qui consumait cnco1·c sourdement Ja villc infor–
tunéc. Confianl quand il rcvcnait au souvcnir de
tant de dangcrs gloricuscment surmontés, triste
quand il voyait J'abirne dans Jeque) il s'était cn–
f'oncé si profondémenl, il ne rnonlrait rico sur
son
supcr~c
visagc de ses agitations intéricurcs,
car il n'y avait pas un cccur aulour de Jui qu'il
cut voulu cxposer au pesant fardcau de ses eon–
fidcnccs. Ainsi, tanlót rassuré, lantót inquict,
pouvant foire encare un miracle aprCs en avoir
accompli tanl el'autrcs, il élait la, dans cct an–
Liquc palais deseznrs, au solsticc de sa puissancc,
c'cst-i1-elirc i1 ccUc espccc de tcmps indélerminé
qui séparc l'époquc de la plus grande élévation
des aslrcs de cclle de lcur déclin.