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MOSCOU. -

OCTUBRE

1812.

123

de sa grandcur fút cxposé

a

s'écroulcr d'un scul

coup. Déja Torri:s-Védras avait scmblé arrclcr

sa puissancc au Midi; loulcfois il y avail une

cxplication, c'élail son abscncc, el la préscncc

en Portugal de !'un de ses licutenants qui, qucl–

quc grand qu'il fúl, n'était pas lui. Mais s'il rcn–

conlrait au Nord, 111 ou il commandait en pcr–

sonnc, et i1 la tele de ses principales ormécs, un

nouvcl o!Jstaclc, on n'allait pas nrnnqucr de le

rcgardcr comme définiti1•cmcnl arrcté dans le

cours de ses vicloircs; on allait conccvoir l'cspé–

rancc de le vaincre, et une scule espérancc rcn–

duc

a

l'Europe esclavc pouvait la soulcvcr loul

cnlicrc sur ses dcrricres, et submergcr le nou–

veau Pharaon sous les llots d'unc insurrcclion

curopécnnc.

Napoléon avait done raison de se préoccuper

gravemcnt de la maniere dont il quitterait Mos–

cou, el de ne vouloir en sortir qu'avcc l\1ttitudc

d'un cnncmi qui manmuvrc, el non pas avec cellc

d'un cnncmi qui bat en rctraite. Dans cctte vue

plusicurs conduites s'offraient. Ainsi, par excm–

ple, un rctour par la route de K•louga, oi1 l'on

trouverail toutcs les 1·essources des richcs pro–

vinccs du miJi, sur laquclle on battrait l'armée

russe, et d'ou l'on pourrail cnfin revc,nir par

Jclnia sur Smolcnsk, de1•ait bien ressembler

a

une manccuvrc autant

qu'a

une rctraitc. I\lais

cette marche, qui scrail toujours au fond un

mouvemcnt rét1·ograde, quclquc soin qu'on pril

de le dissimulcr, car il serait impossiblc d'hivcr–

ncr

a

Kalouga

a

cause de la distance de ccllc

villc

a

Smolcnsk, llOUScoudamucrait

a

un trajct

de cent cinquantc licues au moins, et

a

toutcs les

perles inseparables d'un pareil trajet ; clic nous

procurcrait

il

la vérité l'avantagc de renco11treret

de batlt'C

l'armée russe, rnais en nous obligcantde

porler avccnouscinq ou sixmillc blessés,

a

moins

qu'on ne les livrát

a

l'exaspération de l'cnnemi, et

tout en nous ramcmmt vcrs nos quarticrs, ramC–

nc1·ait aussi les Russcs vers lcurs provinccs les

plus riches, et surtoul vcrs les renfortsqui leur

arrivaicnl de Turquic. Aussi Napoléon n'avail-il

que trcs-peu de pcnchanl pour cellc opération,

et,

a

batlrc en retrailc, il aimait micux puremcnl

et simplemcnl rcfairc la routc,

a

nous connue,

de Mojaisk, Wiasma, Dorogobougc, Smolcnsk,

moins lo11guc que cclle de Kalouga d'unc cin–

fJUantainc de licues, ruinéc il csl vrai, mais sur

laquelle les convois de 1•ivrcs sortisde Smolcnsk

pouvaicnl venir

i1

notre rcncontl'C jusc¡u'il mi–

chcmin, el sur laqucllc d'aillcurs devaicnl nous

suivrc dix jours de vivrcs lirés de Moscou; sur

laqucllc cnrin nous protégcrious loutes nos éva–

cuations par notrc sculc préscncc, et ne serions

que trcs-peu CXJlOSés

a

IÍVl;Cr baloillc, et

a

llOUS

chargcr de nouvcaux blessés.

Mais ni !'un ni l'aulre de ces projcts, qui tous

dcux étaienl une rcnonciation evidente

¡\

l'offcn–

sivc, neeonvenait i1 Napo!éon. Le plan le scul bon

a

ses ycux, élait celui qui réunirait .les qualre

condilions suivanles:

de le rcplnce1· dans

des communications certaincs el quotidicnnes

avcc París; 2° de rapprocher l'armée de ses rcs–

sources en yivres, équipement et reerucs; 3º de

conscr1•cr cntier le prestigc de nos armes ;

4.

0

cn–

fin d'appuycr fortemcnt les négociations de paix

réccmmcnt essayécs. Ces quatre conditions, il les

avait, lrouvées dans un plan que son génic iné–

puisablc, et fortemenl excité par le danger de la

siluation, a\lait

eon~u,

et qui était digne de tout

ce qu'il avait jamais imaginé de plus profond et

de plus grand. Ce plan consistail dans une rc–

lrailc oblic¡uc vers le nord, qui, se combinanl

avcc un mouvcmcnt offcnsif du duc de Bellunc

sur Saint·Pétersbourg

1

aurait

le

doub!c avantage

de nous ramener en Pologne, en nous lnissant

aussi

mena~ants

que jamais, dCs lors tout aussi

puissants pour négocier. Voici le détail de ce

plan que Napoléon voulut rédigc1., el rédigea en

cffcl, commc il ovail coutumc de fairc quand il

chcrchail

a

se bien rcnd1·c complc de ses JH'oprcs

idécs.

Napoléon, ainsi

lfll

1

0Il

ra

vu,

s'étail ménngé,

outrc l'arméc du princc de Schwarzenbcrg sur

le Dniépcr, et l'armée des maréchaux Saint-Cyr

et Macdonald sur la Dwina, le corps du duc de

Bcllunc au centre, Jeque! attcndait

a

Smolensk

des ordrcs ultéricurs. Le corps de ce nrnréchal,

fort de50 millc ho1_nmes, pouvait ct1·c élcvé :i

1,0

millc pai· la réunion d'unc parlic des lroupcs

wcslphalicnncs, saxonncs, polonaiscs qui n'a–

vaicnl pas cu le temps de rcjoindre, et des ba–

laillons de marche dcslinés au recrulemcnt de

l'arméc.

JI

était focilc de le porlcr au nord de la

Dwina, sur la routc de Saint-Pélcrsbourg par

Wilcbsk el Veliki-Luki. (Voir la carle n'

51>.)

lléuni l:i au maréchal Saint-Cyr el

a

une dirisiou

du maréchal Macdonald, il dcvait complcr 70

millc hommcs au moins, prCls

a

se dil'igersur la

sccondc capitule de la Russic, siégc actucl du

gouvernemcnt. Dcvanl ce corps, le p1·incc de

Wittgenstein n'au1·ait aulrc chosc ,\ fairc qu'a se

rclircr promptcmenl sur Saint-Pétcrsbourg. Au

momcnl oú le duc de Bcllunecommcncc1·ait son

mouvcment, Napoléon avcc la gardc, le princc