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020

u vnE

QU.\11.\NTE-QU;\TRll~ME.

mais il était résolu

a

ne pus soulTrir de lapart de

Kulusof un établisscment inquiétant sur nos

derricrcs, et asortir de Moscou pour aller livrcr

une scconde bataillc, si le général russe prenait

position trop pres de nous et de notre ligne de

retrailc. Le maréchal Davoust, dont la pré–

voyancc s'inquiétait

a

Javue d'un cnncmi resté

assez fort pour manccuvrer sur nos flanes, sup–

plia Napoléon de partir immédialement pour

ollcr le combattre et l'écrascr, aprcs quoi on

pourrait dormir tranquille

a

Moscou, mcmc !out

l'hivcr, si on le désirait.. Napoléon élait bien de

eel uvis, pourvuqu'il ne fallut pas allcr chercher

les Russes trop loin. L'urmée, en cliet, n'était

lt

Moscou que depuis sept jours, dont quatre

passés au milieu de flammes, et il ne vouluit pas

l'arrachcr aux premicres douccurs du rcpos,

n

moins que ce ne fut pour frappcr un coup déci–

sif. 11 se tint done prét

a

partir, muissans <lépla–

ccr cncorc ses principaux corps d'armée. en

attendant qu'on c(1t éclairei le mystcre de la

nouvelle position prise par les Rnsses.

Voici, pendant ce lcmps, qucllcs avaient été

les résolutions dugénéral Kutusof el les mouve–

menls exéculés par son armée. Sa peasée, en

sorlant de Moscou, avait été de suivre un plan

moycn entre tous ceux qui luí avaient été pro–

posés, et d'allcr se placer sur le flaneeles Fran–

~ais,

muis en ne lournanl pas trop pres d'eux,

afin de ne pas les avoir lrop tót sur les bras. En

conséqucncc son prcmicr projct, concerté avcc

l'ai<le de eamp d'Alexandrc, l'ofllcicr piémontais

Alichaud, avait été ele rétrograder jusque der–

riCrc J'Ob, puissantc riviCrc r¡ui, naim nt au

midi, passant par Orcl,Kalouga, Rinzan,rccueille

une quantité el'aíllucnls, nolammcnt la Moskowa

(voi1· la carle n'

M),

et va se jcler dans leWolga

a

Nijney-Nowogorod. Derric1·e celte riviere

011

cut été bien couvert, et abondammcnt noul'l'i

par tous les p1·oduits eles provinccs du Midi,

lransporlés de Kalouga par l'Oka clle·mémc.

~bis

c'était s'éloigncr bcaucoup des !1ran,ais,

lnisscr un vastc clrnmp

a

Jcurs fourragcs, el

acc1·oit1·c infinimcnl le découragement de l'armée

russc

1

quicroyaít avoirmanquésamissiondcpuis

qu'cllc n'avaiL pu eléfenelre Moscou. En elTet la

trislcsse, l

'abaltcmr.nt

étaicnt au comble dans

celtearméc,et lc,peclacleeles milliers ele famillcs

qu'elle lrainait a sa suite, les unes

a

pied, les

aulrcs sur des chars, n'était pas fait pour elimi–

nucr les sentirncnts amers qui l'oppressaient.

Aussi toul Rnsse qu'il élait, le vicux Kutusof

commcn9ail-il

a

n'étre pas beaucoup plus popu-

laireque Barclay de Tolly. Pour refaire sa popu–

larilé, il cherchait, par des propos perfidcmcnt

scmés,

a

répandre l'opinion que ce n'élail pas

luí qui avait voulu évacucr Moseou, qu'il y avait

été forcé par plusieurs chefsde l'armée, et parmi

ces chefs

il

désignait llarelay de Tolly, Ben–

ningscn lui-mCmc, car ce dcrnicr, depuis la

mortdeBagralion, devenait

a

son tour l'objet de

ses ombrages. Craignant l'elTet que la perle de

~loscou

pourrait proeluire surloul

1

Saint-Péters–

bourg, il avait expéelié l'aide de camp Miehaud,

pour allcr exposer

a

la cour ses résolulions et ses

molifs, et faire agréer les unes et les autres.

Tcl était l'élat des choscs lorsque lout

a

coup,

dans l'alTrcusc nuit du

16

au

I

7, le vent violeut

du nord-oucst arait porté jusc¡u'a l'armée russe,

qui tournait autour de Moscou, les mugisse–

ments el les sombres lucurs de !'incendie. Ce

spectacle horrible surgissanl

a

l'horizon eomme

l'éruption d'un

''olean,

avait arraché l'armée et

le peuple fugitif" leurs bivacs, et tous, s'appe–

lant les uns les autres, s'étaicnt levés pour cou–

templer ce désastre de la 1•icille capitule de leur

patrie. La furcur

a

cetle vue avait été portée au

comble. Le vérilable inccndiaire,

c'est-a-d~e

le

comle ele Roslopchin, et Kutusoflui-mcme, qui

n'avait pas le secret du eomle de Roslopehin,

mais qui le soup9onnait, s'étaient hi1tés d'aa–

noncer que c'élaicnl les

Fran~ais

qui avaient mis

le fcu ;\ Moscou, et ccllc calomnie, si pcu vrai–

sernblable, s'était répandue dans les rangs du

peupleet ele l'orméc avce une ineroyable promp·

litudc. " Les Frnngaisonl mis lefcu

a

Moseou

!"

criail-on de loutes parls, et

11

cette nouvelle la

haine était devenue ardente comme l'immense

bucher de In malheureuse cité. De lous eótés on

poussait des cris de ruge, on se monlrait avee

désespoir les lraits de fcu qui jaillissaient de ce

1•aslc incendie, et qui de temps en tempséclai–

raicnt l'horizon entier d'unc éclatanlcet sinislre

lumicre. On dcmandait vengeanée, on voulait

tout ele suite allcr nu combat

1

Ainsi Roslop–

chin, quien brulant Moscou ne nous avait privés

de ríen, car il rcslail elans cettc vaste capitule

assez de toits pour nous abriler, assez de vivrcs

pour nous nonrrir, avait néanmoins creusé un

abimcentre les deuxnations, réveilléconlrenous

toule la violence des haincs nationalcs, rendu les

né¡:;ociations irnpossiblcs, etranimé

loutc

l'éner–

gic de l'armée russe, que l'impuissance appa-

1

J,epl'incc dc Wu1·tcmbcrgdildonsscs Mémoires,quelui

el beaucoup d'nutres regat·duientln

c:i.use1•usse

commeper–

duc

ripr~s

In sortie1le1lloscou

1

snrtout

~

canse dn découroge-