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QU.\11.\NTE-QU;\TRll~ME.
mais il était résolu
a
ne pus soulTrir de lapart de
Kulusof un établisscment inquiétant sur nos
derricrcs, et asortir de Moscou pour aller livrcr
une scconde bataillc, si le général russe prenait
position trop pres de nous et de notre ligne de
retrailc. Le maréchal Davoust, dont la pré–
voyancc s'inquiétait
a
Javue d'un cnncmi resté
assez fort pour manccuvrer sur nos flanes, sup–
plia Napoléon de partir immédialement pour
ollcr le combattre et l'écrascr, aprcs quoi on
pourrait dormir tranquille
a
Moscou, mcmc !out
l'hivcr, si on le désirait.. Napoléon élait bien de
eel uvis, pourvuqu'il ne fallut pas allcr chercher
les Russes trop loin. L'urmée, en cliet, n'était
lt
Moscou que depuis sept jours, dont quatre
passés au milieu de flammes, et il ne vouluit pas
l'arrachcr aux premicres douccurs du rcpos,
n
moins que ce ne fut pour frappcr un coup déci–
sif. 11 se tint done prét
a
partir, muissans <lépla–
ccr cncorc ses principaux corps d'armée. en
attendant qu'on c(1t éclairei le mystcre de la
nouvelle position prise par les Rnsses.
Voici, pendant ce lcmps, qucllcs avaient été
les résolutions dugénéral Kutusof el les mouve–
menls exéculés par son armée. Sa peasée, en
sorlant de Moscou, avait été de suivre un plan
moycn entre tous ceux qui luí avaient été pro–
posés, et d'allcr se placer sur le flaneeles Fran–
~ais,
muis en ne lournanl pas trop pres d'eux,
afin de ne pas les avoir lrop tót sur les bras. En
conséqucncc son prcmicr projct, concerté avcc
l'ai<le de eamp d'Alexandrc, l'ofllcicr piémontais
Alichaud, avait été ele rétrograder jusque der–
riCrc J'Ob, puissantc riviCrc r¡ui, naim nt au
midi, passant par Orcl,Kalouga, Rinzan,rccueille
une quantité el'aíllucnls, nolammcnt la Moskowa
(voi1· la carle n'
M),
et va se jcler dans leWolga
a
Nijney-Nowogorod. Derric1·e celte riviere
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cut été bien couvert, et abondammcnt noul'l'i
par tous les p1·oduits eles provinccs du Midi,
lransporlés de Kalouga par l'Oka clle·mémc.
~bis
c'était s'éloigncr bcaucoup des !1ran,ais,
lnisscr un vastc clrnmp
a
Jcurs fourragcs, el
acc1·oit1·c infinimcnl le découragement de l'armée
russc
1
quicroyaít avoirmanquésamissiondcpuis
qu'cllc n'avaiL pu eléfenelre Moscou. En elTet la
trislcsse, l
'abaltcmr.ntétaicnt au comble dans
celtearméc,et lc,peclacleeles milliers ele famillcs
qu'elle lrainait a sa suite, les unes
a
pied, les
aulrcs sur des chars, n'était pas fait pour elimi–
nucr les sentirncnts amers qui l'oppressaient.
Aussi toul Rnsse qu'il élait, le vicux Kutusof
commcn9ail-il
a
n'étre pas beaucoup plus popu-
laireque Barclay de Tolly. Pour refaire sa popu–
larilé, il cherchait, par des propos perfidcmcnt
scmés,
a
répandre l'opinion que ce n'élail pas
luí qui avait voulu évacucr Moseou, qu'il y avait
été forcé par plusieurs chefsde l'armée, et parmi
ces chefs
il
désignait llarelay de Tolly, Ben–
ningscn lui-mCmc, car ce dcrnicr, depuis la
mortdeBagralion, devenait
a
son tour l'objet de
ses ombrages. Craignant l'elTet que la perle de
~loscou
pourrait proeluire surloul
1
Saint-Péters–
bourg, il avait expéelié l'aide de camp Miehaud,
pour allcr exposer
a
la cour ses résolulions et ses
molifs, et faire agréer les unes et les autres.
Tcl était l'élat des choscs lorsque lout
a
coup,
dans l'alTrcusc nuit du
16
au
I
7, le vent violeut
du nord-oucst arait porté jusc¡u'a l'armée russe,
qui tournait autour de Moscou, les mugisse–
ments el les sombres lucurs de !'incendie. Ce
spectacle horrible surgissanl
a
l'horizon eomme
l'éruption d'un
''olean,
avait arraché l'armée et
le peuple fugitif" leurs bivacs, et tous, s'appe–
lant les uns les autres, s'étaicnt levés pour cou–
templer ce désastre de la 1•icille capitule de leur
patrie. La furcur
a
cetle vue avait été portée au
comble. Le vérilable inccndiaire,
c'est-a-d~e
le
comle ele Roslopchin, et Kutusoflui-mcme, qui
n'avait pas le secret du eomle de Roslopehin,
mais qui le soup9onnait, s'étaient hi1tés d'aa–
noncer que c'élaicnl les
Fran~ais
qui avaient mis
le fcu ;\ Moscou, et ccllc calomnie, si pcu vrai–
sernblable, s'était répandue dans les rangs du
peupleet ele l'orméc avce une ineroyable promp·
litudc. " Les Frnngaisonl mis lefcu
a
Moseou
!"
criail-on de loutes parls, et
11
cette nouvelle la
haine était devenue ardente comme l'immense
bucher de In malheureuse cité. De lous eótés on
poussait des cris de ruge, on se monlrait avee
désespoir les lraits de fcu qui jaillissaient de ce
1•aslc incendie, et qui de temps en tempséclai–
raicnt l'horizon entier d'unc éclatanlcet sinislre
lumicre. On dcmandait vengeanée, on voulait
tout ele suite allcr nu combat
1
•
Ainsi Roslop–
chin, quien brulant Moscou ne nous avait privés
de ríen, car il rcslail elans cettc vaste capitule
assez de toits pour nous abriler, assez de vivrcs
pour nous nonrrir, avait néanmoins creusé un
abimcentre les deuxnations, réveilléconlrenous
toule la violence des haincs nationalcs, rendu les
né¡:;ociations irnpossiblcs, etranimé
loutc
l'éner–
gic de l'armée russe, que l'impuissance appa-
1
J,epl'incc dc Wu1·tcmbcrgdildonsscs Mémoires,quelui
el beaucoup d'nutres regat·duientln
c:i.use1•usse
commeper–
duc
ripr~s
In sortie1le1lloscou
1
snrtout
~
canse dn découroge-