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MOSCOU. -

mTEmlllE

·1812.

317

épaulcs : inforlunés, qui ignoraicnt que les plus

f'avorisés pourraicnt

íl

peiuc

y

rapporler lcur

corps ! On réussit ccpcndant

a

mcltrc fin au

désordre, et on

y

subslitua des rcchcrchcs 1•égu–

liCrcmcnt conduilcs, pour crécr des nrng:asins,

et pour sr. procurcr ainsi le moycn de passcr i1

illoseou tout le tcmps néecssaire. Les rechcrchcs

auxqucllcs on se livra révélorcnt bicntót l'cxis–

lcnce de quantilés considérablcs de grains, de

viandes salécs, de spiritucux, surtout de sucrc

el de café, hoisson précieuse dans les pays ou le

vin cst rare. On partagea lavillcentre les divers

corps d'armée,

a

peu pres commc nu jour de

leur arrivéc, cbacun ayant sa tete de colonne au

Krcmlin, el sa masse principale dans la partie

de la ville ¡iar laquelle il était entré, le princc

Eugcnc entre les pot·lcs de Saint-Pétcrsbourg et

de Smolcnsk, le maréchal Davoust entre cellcs

de Smolcnsk et de Kalouga, Je prince Ponia–

towski vcrs la porte de Toula, la ca1•alerie en

dehors,

a

la poursuite de l'enncmi, le maréehal

Ney

a

l'est, entre les portes de Riazan et de

Wladimir, la garde sculc au centre, c'cst-it-tlirc

au Krcmlin. On réserva pour les officiers les

maisons conservées, et onconvcrtiten nrngasins

les grands batimcnts qui avaienl échappcr

a

!'in–

cendie. Chaque corps dut déposcr dans ces nrn–

gasins ce qu'il découvrail journellcment, de ma–

niere

a

fairr., indépendamment

de~

dislributions

quolidienncs, des provisions d'avenir, soit qu'il

fallut rester, soit qu'il folhit partir. On acquit la

certitude qu'il y aurail. en pain, viandcs salécs,

boissonsdu pays, des vivrcs pou1·plusicurs mois,

el pour toute l'armée 1.

Mais la viande fraiche, qu'on ne pouvait se

procurer qu'avee du bétail, et le bétail qu'arcc

du fourragc, était un sujcl de grave inquiétudc.

La conscrvation des chcvaux de l'artillcric

e~

de

la cavalcrie, qui dépcndait également des four–

rogcs, élait un sujetde préoccupationencorc plus

grave. Napoléon cspéra y pourvoir en étcudant

ses avant-postes jusqu'ii dix ou quinzc licues de

Moscou, de maniere

lt

cmbrasscr une portion de

lerriloire assezvaslc pour y trouvcr des légumcs

et des fourragesenc¡uantilésuffisonte.

11

imagina

une autrc mesure, c'était d'attirer les paysans en

les payant bien. Les roublcs en papier étaut la

monnaicqui avait cours en Russic, et le trésor

de l'armée en contenant une quaotité donl nous

avons

dit

!'origine, ignoréc de lout le monde, il

1

J.e

docteu1· Larrc)', l'un tlcs témoins les micux info1·111Cs

Ueccllesitu:illon,croynil qu'ou pou\'uilvivrcsixmoissur ks

pro\·isionstrouvéesUMoscou.

CONSDl.AT

, ,.

fil annonccr qu'on paycrait complant les vivres

opportés dans Moscou, surlout les fourragcs, et

rccommonda cxprcssémcnt de protéger les

pnysans qui répondroicnt

a

cct appel; il lit oe–

quillcr la solde de l'armée en roublcs-papicr ,

oyant loutcfois la précaution d'ojoutcr (ce qui

était un acle indispensable de loyauté enrcrs

l'arméc) que les officiers qui désircraientcnvoyc1·

lcurs :ippoinlcmcnts en Froncc, auraient la

fa–

culté d'y fairc convertir en argent,

a

lous les

lmrcaux dn trésor, ces papiers d'originc étran–

gcrc.

Jlelevant l'cmploi de ces moyens par un acle

d'humanilé digne de lui et de l'arméc

fran~nisc,

il

flt

distribucr des seeours

a

tous les incendiés.

On aida les uns

il

se créer des cahulcs, on offrit

un asile aux nutres dans les balimcnls qui ne

scrvaicnt pas

i1

l'arméc, et en outrc on lcur ac–

corda des vivrcs. Mois ces ''ivrcs, dont le bcsoin

pouvait devenir bien !)!'and, suivant la duréc du

séjour

a

Moscou, étaicnt lrop précieuxpour ctrc

donnés longtcmps

a

des étrangcrs' lo plupart

cnncmis. Nnpoléon aima micux lcur fournir de

l'argenl, afin qu'ils se pourvussent au dchors, et

il lcur

flt

distribuerdes rouhlcs-papicr. Les Fi·an–

~ais

ancicnnemcnt élablis

ú

Moscou furcnt lrailés

commc notre proprc arméc, et ccux qui étaicnt

lctt.rés furent cmployés

¡,

e1·écr une administro–

tion municipalc provisoirc, en allcndnnt qu'on

ctil romené les Russcs

r.ux

-mémes dans lcur ca–

pilalc.

Au-dcssous des murs du Krcmlin, Napoléon

avait sous les yeux un vostc hatiment qui, des

le jour de son cntréc

a

Moscou, avait attiré ses

rcgards : c'étoit l'hospice des cnfants trouvés.

Cct hospicc magnifique, placé sous

la

dircction

de l'impéralricc 111i:re, objcl de toutc la prédi–

lection de ectte princcssc, avait été évacut! en

grande parlic. Mais la difficulté des trausports

avait

élé

cause qu'on

y

avait laissé les cnfants en

has age, les plus difficiles ¡, déplaccr, et les

moins menacés, car nos soldats cusscnt-ils été

aussi féroccsqu'on se plaisait

a

Je dire, n'aurnicnt

pas cxercé lcur barbarie sur des enfants de

quatrc ou cinq ans. Quand nous entrames daus

i\loscou, ces

pau\'I'CS

cnfants, saisis d'épouvantc,

étaient en plcurs autour de lcm· rcspectablc

gouvc1·ncur, le général Toutclminc, vicillord en

chevcuxblancs. Napoléon, avcrti, lui cnvoya une

sauvcgarde qui vcilla sur ce noble étoblissemenl,

ovont et pcndanl )'incendie. Rcvcnu

t\

Moscou,

il s'y 1·cndit

n

piccl, car il n'ovait qu'n franchi1·

la porte du Kremlin pour se lronvrr dans

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