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nroscou. -

sm•••••

rn12.

515

fléau desuspendre sa fureur, car les hommes n'y

pouvaicnt plus rien, ni pour l'cxcilcr ni pour

l'élciudre. On avaiLpris et fusillé quclqucs-uns

de ces misérables inccndinircs , qui subissaicnt

lcur supplice sans mot dirc>et

n'éln.icnt,

sur les

gibets auxqucls onL les suspcndaiL, qu'un avcr–

tisscmcnt inulilc, cm· lcurs compliccs n'avnicnt

plusde mal

a

foire. Le vcnt y suffisait, et dcvan–

~ait

loutcs les mains avcc son lrnlcinc infcr–

nale.

Par un dernicr et fatal soubresaut, le vcnt

passa le Jcndcmain du sud-ouest1 J'ouest pur, et

alors les torrcnls de flammcs furcnt portés vcrs

les quarlicrs de J'cst, vcrs les rues de Mcssnits–

kaia et de Bassmanaia, et vcrs Je palais d'été. Les

1·cslcs de la population se réfugicrent dans les

champs découverts qui se rencontrent de ce

coté. L'inccndic approchant de son affrcusc rna–

turilé, on cnlcndait

a

choque minute des écrou–

Jemcnts épouvantablcs. Les toits des édifices,

donL les appuis élaicnt consumés, s'affaissaic11t

sur cux-mCmcs, et s'abimaicnt avcc fracas, en

faisant jaillir des torrcnts de llammcs sous Ja

pression produitc par Jcur chute. Les

fa~ades

élégantcs, composécs d'ornements appliqués sur

des constructions en charpcntc, s'écroulaicnt, et

remplissaicnt les rucs de leurs décornb;.es. Les

toles rouges, emportées par .Je vcnt, allaicnL

tomber

~·et

lacncorc toutes brillantes. Le ciel,

rccouvert d'un épais nu:1gc de fuméc, apparais–

sait difficilement ;, Lravcrs ce voile, et choque

jour le solcil se monLrait

ii

peine con1mc un

globe d'un rouge sanglant. !'as un inslant dans

ces trois journées des

'iü,

·17, ·18 seplcmbre, Ja

naturc ne cessa d'étre aussi cffroyablc da11s ses

aspccts

(jUC

dans ses effels.

Enfin, les quatrccinquicmcs de Ja villc étant

dévorés, }'incendie s'arri:ta presquc sans cause;

car dans

nolrc

monde fini, le mal, 1nCmc cxccs–

sif, ne s'achevc pos plus que Je bien. La plnic

qui, dans J'équinoxe, succedeordinaircment aux

violenccs du vent, lomba touL 1 coup sur ce vol–

ean, el, sans l'élcin<lrc, parvint

a

l'amorlil'.

D'ouragan qu'il était, Je fcu se eonvcrtit en un

affreux brasier, dont la pluie, heurcnscmcnl

persistante, calma pcu

u

pcu les ardcurs. On ne

voyait dcbout que quclqucs murs en bri<¡uc,

quclqucs hautes chcminécs échappécs au feu,

et se préscnlanl comme les spcctrcs de ccllc ma–

gnifique cité. Le Krernlin étaiL souvé, et arce Je

Kremliu un cinquiemc

n

pcu pres de la villc.

La garue impériale, en pot'lant de l'cau avce des

scaux, et en la jclant sur les loits d'un eertain

nombre d'habitations, avait conll'ibué

¡,

les ga–

rantir.

Dans diverses maisons

ti.

moilié brülécs, dans

d'autrcsqui l'élaicntcntiercmcnL, la populacc de

Moscou avait tenté de s'inlroduirc, et de déro–

bcr ce qu'clle avait pu. JI n'était gui:rc possiblc

d'empeehcr nos soldals d'cn fairc autant pour

cux-mCmcs, et on lcuravait pcrmis ccllc cspCce

de pillage, r¡ui ne eonsislait, aprcs!out, qu'i1 pil–

Jcr!'incendie. lisétaicnt donerentrés par bandcs

pour cssaycr de soustrairc au feu quelques·unes

des rcssourecs qu'il allaiLdélruirc. Ilientót ils

s'apGl'~urcnt

que sous les décombres de ces mai–

sons inccndiécs,si on pénétr::iiLjusqu'aux caves.

on trour:iit des provisions de bonchc, quelquc–

fois un peu échauITécs, mais engénéral intactcs,

et it·es·abondantesdans un pays ou régnaiL l'ha–

bitudc,

a

cause de Ja Jongucur des hircrs, de

s'approvisionncr pour plusicu1·s mois. lisdécou–

vrircnL en grande c¡uantilé du blé excellcnL, de

Ja viau<le saléc, du vin, <le J'eau-dc-vie,dcl'huilc,

du suere, du café, du lhé. Dans bcaucoup de

maisons oU le fcu, snns tout

délruirc,

arnit

donné cepcndant le droit de fouillcr, ils trouvc–

rcnt les objelsdt1plus bcau luxe, des H\tcmcnls,

des fourrurcs surtout, que l'hivcr qui s'apprc–

chait rcndait fort appréeiables, de l'argcnterie

~ue

lcur imprévoyanleavidité les po:·tnit i1 pré–

fércr aux -vCLcmcnts et aux vivrcs, des voiturcs

que lqperspcct.ivc du rcLour faisait.cstimc1·beau–

coup, enfin des porcelaincs supcrbcs, donL lcur

ignorancc riait, et quiils brisaicnt nonchnlam–

mcnl.

llicntóL Je bruil de ce singulicr gcnrc de sau–

vctagc s'étnnL répanrlu parmi les corps demcur«s

en dchors de la villc, il fall ut lcur pcrmctlrc

d'allcr cliacun

a

Icur tour lcvcr ccLlc dime su1·

l'inccndic, et s'y pourvoir de

vincs,

tÍc spiri–

tucux, ele vcLcments chauds. On miL des sauvc–

gardcs, dans J'intérct des officiers, des blcssés et

des malades,

it

tous les bi\Limcnts conscrvés, et

on livra Je reste

:i

Ja curiosíté et

a

l'avidité clu

soldat, guidé par la populaec de Moscou, qui,

connaissanl les lieux et les habitudes rlu pays,

découvrait micux les secrcls asiles oú J'on pou–

rnit fairc de précicuscs Lrouvaillcs. Ce ful un la–

mentable spcctaclc, lamentable et grolesque Lout

i1la fois, que cctlc foule desoldatset degens du

peuplc fouiltant clnns les décombrcs fumnnts

d'unc nrngnifiquc cnpilalc, s'nfTublanL en riant

drs plus singulicrs c9stumcs, cmportnnt dnns

leurs mnins les objcls les plus préeicux, les ven–

danLprcsque pour rien 1 eeux qui étnicnLcopa-