dQ COU.
SEPTEMOllE
1812.
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eoneetement notre lnngue, se préscnta sur-le–
ehamp dernnL ce roi que les peuplcs ennemis
connaissaicnt si bien, et s
1
informa ele ce qu'il
voulnil. i\lurnL nynnl exprimé le dési1· de snvoir
que! étnit le eommnndanL de eeuearrii:re-gnrde,
Je jeune Russc monLra un
oflicic1·
~t
chcvcux
blanes, re1•étu cl'un mnnteau de bivoc
a
longs
poils. Mural, avcc sa bonnc .g:rdcc accoutuméc,
tendit In rnnin nu vicil o01cier, et celui-ci la prit
avcc ernpresscment. Ainsi la haine nntionnle se
taisnit dcvnnt la vnillancc! i\lurnL demanda au
commandant de l'arriCre-gardc cnncmie si on Je
eonnaissaiL. " Oui , réponclit celui-ci par le
mayen de son jcunc intcrprCte, nous vous avons
asscz vu au feu pour rous connaitrc.
11
~lurat
ayant paru frappé de ce mantenu
i1
longs poils
qui sernblaiL devoir étre íort eommodc au bi–
vnc, le vieil o01eier le détacha de ses épaules
pour lui en fnire préscnl. Mural le rceevanL avee
autanL de courtoisie qu'on en mettait
a
le lui
offrir, prit une belle rnonlre, et en fil don
a
l'o01eier enncmi, qui aeeepla ce présent eomme
on avait aeccplé le sien. Aprcs ces politesses,
l'arricrc-garderusse défila rapidcmenL pour eédcr
le lerrain
a
nolreavant-gnrclc. Le roi de Napks,
suivi de son état-major et d'un clétachcrncnt ele
cavalerie,
s'eníon~n
dans les rues de Moscou,
traversa tour
a
tour cl'humbles quarticrs cLdes
quarticrs magnifiques, <les rangécs de maisons
en bois scrrées les unes eontrc les aulrcs, et eles
suites de palnis splendidcs s'élcvant nu milicude
vaslcsjardins: parlout il n'apergut t¡uc lasolitude
la plus profomlc. 11 scmblail qu'on pénétri1L daus
une ville mortc, et dont la population nurnit
subilemcnt dispnru. Cepremier nspeeL, foil pour
surprendre, ne rappclait point notrc cnlréc :'1
Dcrlin ou
a
Vicnne. Cepcndnnt un prcmier sen–
timent de lcrrcur éprouvé par les lwbilnnls
pouvait cxpliqucr cettc soliLu<lc. Tout
n
eoup
quelques individus éperdus apparurenl :c'étaient
des Frangais, npparlcnant aux famillcs élrnn–
gcrcs établies
a
Moscou, et demnndant nu nom
du ciel qu'on les sauvót eles brignnds de1'cnus
rnaitrcs de la 1•illc. On lcur fil bon nccueil, on
cssaya mais vaincment de dissiper lcur clfroi, on
se
fit
condui1·c au
Krcmlin,
et
U
peinearrivé en
vuc de ces vicux murs, on cssuya une décliargc
de coups de fusil. C'élaicnt les bandits cléchainés
sur Moscou par le férocc pnlriolismc du comle
de llostopchin. Ces misérablcs arnicnt cnvnhi In
ciladcllc sncréc, s'étaienl cm1inrés des fusils de
l'arscnnl, et tirnicn
t
snr les
Fran~nis
qui vcn:iicnt
les troublcr dnns lcur rcgnc annrchiquc <leque!-
ques
heurcs.Onen sabrn 1ilusicurs, cL
011
purgca
le Krcmlin <le lcur préscnec. Mais en c¡ucslion–
nant, on nppril que loulela populationavait fui,
cxccplé un pctit
nombre d'étrangcrs
ou de
llusscs éclnirés sur les mreurs des Frangais, et
ne redoulanL pas lcur présenec. CeLte nouvcllc
attrista les chefs de notrc arnnt-garclc, qui
s'étaicnt flnttés de voir venir au-dcw111t d'cux
une population qu'ils nuraicnt le plaisir de ras–
surer, de rcmplir de surprisc el de rcconnnis–
sancc. On se hala de rcmettrc un pcu d'orclrc
dans les c¡uarticr de In ville, et de poursuivrc
les pillmls, qui avaient cru jouir plus longtcmps
ele la proic que le eomtc lloslopchin leur avait
livrée.
Ces détails, Lrnnsmis
a
Nnpoléon, l'amigcrent.
Il avnil allcndu Loulc l'aprcs-micli les clcfs de In
villc, qu'aurait ilti lui apporlcr une populnlion
so:Jmisc, rcnnnt implorer. sa clémcncc toujours
promplc
i1
dcsccudrc sur les vaineus. Ce mé–
comptc, succédnnt
a
unmomcnt d'cnthousiasmc,
ful pou1· ainsi dire l'aurorc de la mauvnisc for–
lunc. Ne voulnnL pas entrer In nuit dans eellc
vnstc cnpitnle. qu'un cnncmi implacable évacuait
¡,
peine,et qui pouvailrceélcr biendesembtiches,
Nnpoléon s'arrcta dans le faubourg ele Drogo-
111ilow, ctclll'oyaseulcmcnt des clétachemcnls de
eavnleric pour oecuper les portes de In ville, el
en fairc la poliec. 11 était nnLurcl de supposcr
que beaueoup de blcssés el de trnina1·ds se trou–
vaieut cneore clnns Moseou,
el
il étoit simple de
chcrchcr
i1
s'cncmparer. EugCnc,
i1
gnuche,garda
la porte
i1
lnqucllc nbouLit la routc de Saint–
Pétcrsbourg ;Davoust, aucentre, gnrdaccllc de
Smolcnsk par laquelle arrivait le gros de nolrc
armée, eL.s'étcndit mcme par sa d1·oitc jusqu'a
ccllc de Toula. La canlerie, qui nvnil tral'crsé
la ville, dut gardcr les portesdu nord et ele l'cst.,
opposécs
a
eclles par lesquclles nous nous préscn–
lions. Alais dans l'ignornncc oú l'on était des
lieux,
c11
l'abscnccd'habilants
1
on laissaouvcrtes
bien des issues, et il pul s'éclrnpper encare douzc
ou quinzc millc trninards de l'arméc russc,
capture qui etil été bonnc
i1
foire. Toutefois il
resta quinzemillc blcssésau moinsqucles llusses
rccomnwndC1·c11L I1
l'humanité
frnncaisc.
C'cst
h
l'humanité russc qu'ils nuraieut dli les reeom–
mnnrlcr, car ces rnalheurcux allnicnL périr par
craut1·cs mains que les
nótrcs
!
L'arméc hivaqua ccltc
11uiL,
el nejouit point
encore de l'abondancc et des déliees qu'clle se
prornctlail. Le lcndernnin nrntin
-ID
seplembre,
Napoléon fiL son cntréc dans Moscou
ii
In tétc ele