AIOSCOU. -
SEPTEMBl\E
181~.
507
licues en avant, commc au picd deses murs, on
eút ólé ballu, sculcmeut on l'cul été plusdésas–
treusement en combatlaul le dos appuyé 11 la
villc, el en ayant un poul el quclques rucs
étroilcs pom· uniquc moycn de rclraile. Acom–
baltrc, il fallait se banicader dans l'intéricur de
Moscou, en dispuler loutes les issucs, cngagcr
avcc soi la populalion lout entit\rc,
y
soutcnir
opiniatrément
la
gucrre des rues comme
a
Sara–
gosse, et en ayant soin dedisposer en dehors, sur
la roule par laquelle on voulai.t s'en allcr, la plus
grande portie de l'armée. La villc cut péri dans
les flammcs, car elle élait conslruite en bois et
non en picrrc comme Sarflgossc, muis on aurait
immolé plus d'ennemis qu'a Borodino, en pcr–
dant soi-mcme peu de monde, ce qui etit été un
imrncnsc résultat. A défcndre
~loscou,
il n'y
avait que ce rnoyen ', qui consislait du reste
a
la détruirc pour
la
défendre ; rnais personne n'y
avait pensé, parce que pcrsonnc ne songcait
a
sacrifier cette capitule, et qu'on ne pcnsait pas
que la livrer aux
Fran~ais
füt une maniere de la
faire périr. Ne pouvanl combaltre en avant de
Moscou, ne voulant pas la détruirc pour la dis–
pulcr, se retirer était le scul parti
a
suinc. llé–
lrogradcr sur Wladimir, comrnc le proposail
Barciay deTolly, c'élail pousser trop loin le sys·
teme de rctraile, que le général Pfuhl n'avait pas
poussé asscz loin en imaginant de s'arréter
:i
Drissa; c'élait d'ailleurs pcrdre les eornmunica–
tions avcc le rnidi de l'cmpire, bien plus richc
que le nord en ressourccs de tout genrc. 11 n'y
avait done d'admissible que la relrailc sur la
droitc de Moscou (la droile par rapport ¡, nous),
laqucllc
pla~ail
l'arméc russe sur les comrnuni–
cations des
Fran~ais,
et
In
mcltait en communi–
cntion directc avcc les provinccs du midi et avcc
l'armée rcvenanl de Turquic. Mais marchcr im–
médiatemcnt dans ccLtc dircction, commc l'avait
propasé le coloncl Toll, c'était toul de suite atti–
rcr sur soi les Frangais, qrn, se contcnlant d'oc–
cuper Moscou par un délachemcnt, se précipitc–
raicnt
]1
l'instant mCmc sur
rarméc
russc pour
l'achever ; c'élait lcqr révélcr la pcnsée du sys–
tcme de rclraite qu'on allait adoplc1·, et qui con–
sislait, maintcnanr qu'on avait amené
les
F1·an–
~ais
si loin, 3 manreuvrcr sur Jcurs flanes pour
les assailli1· des qu'ils scraicnt sunisammcnt af–
faiblis. lis pouvaicnl bien, enclfct, avcrtis silól,
se ruviscr
i.i
tcmps, s'arrCtc1·, et c:ourir pom·
l'accabler sur l'enoemi qui laisscrail voir de
lcllcs inlcntions. 11 y avait un plan bien micux
calculé, c'était dese rclircr au lravcrsde Moscon
mcmc, de li1Tcrccllc capilalc comrnc une dé–
pouille qu'on jcllc sur les pas d'un enncmi afin
de l'occuper, de profitcr du temps que les Frnn–
~ais
pcrdraicnl inévilablemcnl ¡,se saisir deccll.c
riche proic, pour défilcr lranquillernenl dcvant
cux, et pour
pr~ndrc
cnsuilc sur lcur flane, en
lournanl aulour de Moscou, la position mcna–
ganlc que le colonel Toll conscillait de prcndrc
immédialcrncnt, et sans aucun délour. C'cst 1'1
ce qu'il fallait lircr de loul ce qu'on avail <lit, et
c'cst ce qu'en tira le vicux Kutusof,
U\'CC
une
profonde sagessc, sagcssc fatalc pour nous, nrnis
qui, quelquc funcslc qu'cllcait pu nous devenir,
n'cn mérilc pas moins l'admiralion de la poslé–
rité.
En eonséqucncc, il décida qu'on se rclircrail
dans la nuit du '13au H scplembre, qu'on lra–
verscrait Moscou sans mol dire, cu évitant les
combals d'arricrc-garde, pour que ccltc grande
villequ'onvoulait sauvcr, et qu'oncroyaitsauvcr
en la rcmcttanl dans les mains des Francais, ne
fUt pas inccndiéc par les obus' ; qu'cn;uilc on
ne suivrait, ni la 1·oulc de Wladimir, lrop di1·i–
géc au nord, ni cellc de Kalouga, trop dirigée
au midi, surtoul lrop indicalive de la secrete
pcnsée
qu'on
nourrissait, mais une route inter–
médiairc, ccllc de lliazan, de laquellc il scrait
facile, moycnnanl un légcr détour, de rcvcni1·
se placer quclqucs jours aprcs sur la roulc de
Kalouga, r¡ui étaitla vérilahle surlaqucllc
il
fal–
lait opérer plus tare!.
Ccllc résolulion , une des plus im1Íortantes
qu'on ait jamais priscs, et qui cst un des princi–
paux tilrcs de gloirc clu général KuLusof, une
fois adoplér:, il l'annon9a a1•cc fcrmcté, quclquc
désagréablcs r¡uc fussenl les e1·is de l'arméc, el
quelquc craintc que lui inspirosscnt les crnpor–
lcrncnts de la populal.ion de Moscou.
11 fallait avcrtir le gouvcrncur lloslopcl1in,
Russc plcin de passioos sauvagcs, cachées sous
eles mrours polies, et plcin surlouLd'unscnlimcnL