Table of Contents Table of Contents
Previous Page  323 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 323 / 570 Next Page
Page Background

MOSCOU. - ""'"'"" 1812.

S09

dit

pas

davantagc nu colonel Wolzogcn, qui clilns

le momcnl ne snisit point sa pcnséc ', t11:1is qui

la eomp1;ilplus lard.

L'arméc russc cmploya loulc h1 soiréc du

15,

loule la nuil du ·15 au

11.,

el une parlic de la

journée du ·I/., odéfilcr

ii

lral'crs la l"ille de Mos–

eo11. Les troupes, :11·1·c1écs au pont de la Mos–

kowa, qui étail. le seul cxistant

su1·

ce point

1

s'accumulCrcnt

drms

le fou!Jourg de Drogomilow

jusqu'h foirc crnindrc une échnuffouréc, et on

put aínsi se formcr une idéc du

clésnst1·c

r¡u'on

se sc1'ait préparé, si l'onavait cuccttc

tr:l\'cl'séc

de la ville 1 exée11te1· aprcs une halaillc perdue.

L'cncombrcmcat augmcnta11t, les lroupcs prircnt

le pal'li de passcr la Moskowa Ugué, ce qui

1niL

fin

1.i

fongorgemcnt. Kutusof

1

n'aynnt pas lecou–

rngc de sasagcssc, se cnchnen travcrs:rnt Mos–

eou; Barclay de Tolly, au conlraire, se li11l os–

tensiblcmcnl :\ chcral

n

la tetede ses soldais. Le

désordre, daus celle malbeurcuse capitale, élait

3.

SOll

combJc. tes ric1Jcs

1

nobles

Oll COllllllCl'–

~anlS,

ovaicul dejo fui pour se rclirc·r dans leurs

t.crres les plus éloignées. Les aulres , :ipprehanl

la contrnintc odicusc qu'on prélcndait cxcrccr

sur cux , cntcndant aussi parlcr d'inccndic p:ir

lamain des

Fran~ais,

s'étaicnt clécidés, ledéscs–

poir dans

ramc, n

quittcr Jcur·s demcurcs, cm–

mcnanl leurs familles, el emporta11l ce qu'ils

uvaicnt de plus précicux sur des voiturcs

1

ou sur

leurs épaules qui pliaicnt sous le poids. Les gens

du pcuplc, ne snclrnnt oú ils iraicnt, commcnt

ils vivraicnt, poussaicnt d'alTrcux gémisscmcnts,

el suil'aienl rnaehinalemenl l'armée. Pourtant

lous les Jiabit.ants de cellc 11rnlbeureuse ville n'a–

vaienl pas eonsenli

ü

fuir. Quclques-uus, lrou–

vant lrop grand le sac1·ifice qu'ou voulail leur

imposer, ou plus inslruits que lcurs compn–

triotes, saclrnnl q11e les

l'ran~ais

neh.rülaienl pas,

nepillaicntpas,

n'assnssin~icnt

pas, c¡u:ils usaicnt

mCmc asscz rai·cmcnt des droits <le la gucrrc

dnns les \

1

illcs conquiscs, aimaicnt micux

rinc

al'ee les vainqueurs quelques jours, que de fuir

~1

lasuited'unearrnée donlon ignornit In marche

eLles intentions. Parmi ces dcrnicrs se trou-

lJc r;ippo1·tc lcs fails11ui précCtlcutd':ip1·Cslcs 1·cnscig11c–

mcnts les plus ccrtains, Une multiludcde lémoins ocut:ii1·cs,

Husscsct Allcm:rnds,ont maiutcnanlraconté lcu1·ssouvc11il's

pcrsouncls daus dcs mémoircsplcins1l'iutérél,ct il

u·c~t

plus

pcrmisdeco11sen•c1•dcdoutcssnrlcscauscsctlcscircou·

stauccs

de

l'inccndie

1le

~loscou.

11

csl positif 11uc l'cmpc1·e111·

Alcundrcn'cnsulricn,<1ucl'arrnée n'cnsul p:1s tla\';111ta¡;c,

ctc¡ue lecomle de Hostopcl1i11,

inspirépar uuc:i1·dcn1c lrninc

nationalc,uniquehaine1¡uisoitloujou1·s parllo1111uhlc,résolut

lllui scul,snuscalculc1· toulcs lcsco11séqucnccs 1lcsarCsolu-

rnicnt. br:wcoup de négoei:rnts de divcrses na·

tions, et notnmn1ent de la nóll'c, qui n'nvaienL

aucune crainte eles Fra1u;ais, et qui apprélien–

dnic11t mCmc, en suivant l'1.11·111éc de Kutusof,

d"elrc cxposés 1 lous les cxccs de la brulale sol–

datesquc. a1ce l:ir¡uclle 011

voulail les obligcr o

se rclirrr. Pou1· ces inforlunés, il

y

cut un mo–

rncnLd'affrcusc émotion. Le

u.

nu'matin, ils

apprircnl lo11l 1 coup que les troupes 1·ussessor–

taicnl avcc lcsaulorilés dela l'ille,que trois mille

scélérals échappés des prisons

enfon~aicnl

les

boulir¡ucs, que les gc11s de la basse populace s'é–

taiclil joints

i1

eux, el que lous ensemble ils se

livraienl

ii

l"il'l'essc

cl.au

pillagc. Ces rnalheureux

habitanls, lre111blanls dans Jeurs maisons, alten–

dnicnt. avcc impatience

qu'mic

nrmée ftil vcnuc

prendrc la place de l'autre.

Toule la prcmierc moilié de la journée du 14

s'écoula pour eux dans ces cruelles pcrplexilés,

l'arrnéc russe- tral'crsant lenlemcnl les rues de

Moscou, et ses pares, ses b11gagcs

1

surloul ses

blcssés, lravcrsanl plus lcntemenl encorc. Legé–

néral Miloradovilch, qui eommandail l'orriere–

garde, scntant qu'il lui fallail r¡uelques heurcs

pour ;lchcvcr l'évacuntion, irnaginnde condure

une convention ''crbnle avrc l'n\'ant-gal'de des

Fran~ais,

el lui fil proposer de s'inlerdire toute

hostilité, dnns l'intérét de ceux qui cntraienl

comme deceux qui sm·taient; carsi un combat

s'cngageait, ilétait, clisnil-il, décidé

i1

sedciícndrc

a

outrancc, et dans ce cas la villc scrait en

flammes dans pcu d'inslanls. Un offieie1· fut en-

1·oyé auprcs de

~rural

pour conveni1• de cellc

cspCcc ele suspcnsion d'arrncs.

Pcndant ce lcrnps l'arméc

fran~aisc s'avan~ail

d'u11 pas rapide vers les haulcurs d'oú elleespé–

rail enfin apercel'oir

lo

grande villc de Moscou.

Si d11 cóté des llusscs toul élait désolalion, toul

était joic, orgucil

1

brillantes illusions du cóté

des Franeais. Nolre armée, réduile i1 '100 mille

hommes cÍc 1,20 millequ'ellccomptail au passage

du Niémcn (cent millc,

il

est vrai

1

gardaienl ses

dcrrieres),cxlénuée de fatigue, lrainant avccellc

bca11co11p de soldalsblessés qui poul'anl mai·chcr