1.1\'llE QUAllANTE-QUATHIÉME.
lrcnle ou quarnnle mille prisonniers, quelques
ccntaincs de canons
el
de drapcnux cnlcrés. lci,
il
n'y
avniL ni prisonnicrs, ni drnpcnux. ni canons
pris (exceplé un pelit nombre de picees de posi-
1ion lrouvécs clnns les rcdoutes); nrnis soixantc
mi lle morLs ou mourantsap¡rnrlcnant
h
rcnncmi
couvrnicnL le tcrrain. Chosc cxtraordinnirc, <lans
ses bulletins et dans ses lcltrcs (nolnrnrncnt
a
son beau-pcre) il en <lit benucoupmoins qu'il n'y
en avait, soiL
qu'il
l'ignorflt,
soit qu'il n'os:it pas
J'avoucr au monde. SuivnnL son
usa.ge, ccllc ba–
laille,quc les nusscs appelcrcntdu nom dclloro–
dino, il Inqualifin d'un nom rclenlissnnt et par–
lant aux imaginations, de cclui ele la Moskown,
rivicrc qui passait i1 une licue du chan1p de ba–
lnillc, pour allcr cnsuilc trarerser Moscou. Ce
nom lui rcslcra clans les
siCclcs.
Mnis aprcsquelques momenls <lonnés
a
l'clTet,
Napoléon songca aux conséquences
a
lirer de la
''icloire.
11
achcmina sur Mojaisk Mural avcc
dcux <livisions de cuirassicrs, avcc plusicurs di–
visions de cavalcric IégCrc, et une des divisions
d'infonlerie elu nrnréchal Dnvousl. Ce nrn1·échal
suivit a\'CC ses qualrc nutres
Uivisions,
en se
foisnnt lrnnsportcr
dans
une voiturc, car il ne
pouvail se tenir
a
chcval. Le prince Ponialowski
ful dirigé comme il l'avait élé pcnda11l loule la
111nrche sur la droile de la grande routc, pai· le
chcrnin de Wfrcja, el le prince Eugcne sur In
gauehe par le cl1emin de Rouza (voir la carie
n• 55). Cellc doublc force, placéc sur les clcux
flanes de l'arméc, avait pour but de faire tomber
loule résislance en débordanl l'cnncmi, d'éten–
drc le rayon d'npprovisionncmcnt, et de
counir
nos fou1Tageurs. Napoléon avcc le corps de Ncy,
qui avail hol'l'iblemcnl soufTcrl, avecla garde qui
11c le quillail pas, resta cncorc
1111
jour sur le
champ de bataille, pour y donncr des ordres
indispcnsaules, diclés aulant par l'humanité que
par l'intérct de J'arméc.
11
convcrlit d'abord en
l1upital la grande. abbayc de Kololskoi, parce
c¡nc, aisée
:i
défcndrc, clic dcvail olTrirunabri súr
anxblessés qui n'étaicnt pas lransportablcs. Ceux
r¡ui pouvaient etrc lransporlés deraient élre
cnvoyés
l1
Mojnisk dCs qu'on scrnit nrnitrc de
•'elle ville. 11y avail aussi beauconp de chcvaux
Mgi:rcmcnt blcssés, facilrs
:1
guérir, licnucoupde
piccrsdé111ontél·s, facilcs i1réparer. Par ce molif
Napoléon él:iblil un dépcil de cavalcric et d'ar–
tillcric dans les villages cnvironnanl l'ablrnye de
l(ololskoi, etdécitla r¡11eJnnol n1·cc ses Weslphn–
licns occn¡wrnit ce licu
runChrc,
¡iour gnrdcr les
précic11x restrs 1¡11'on
y
laissnil., el pour allc1· nu
loin recueillir les vivres que les malheureux
blcssés scraicntdansl'impossibilitéde se procurcr
cux-mcmcs. Le bicnfaitcur de tous ccux qui
soufTraicnl, l'illuslre Larrcy, voulul rcster [1
Kololskoi nvcc lamajcure pnrtic des chirurgicns
ele l'arméc. Trois jours enliers devnicnl
a
peine
suffirc pour appliquer le prcmicr panscment sur
toulcs les blessures, et par un tcmps déja froitl
et hurnidc, surtout la nuit, un grand nombre de
blcssés élaient réduils
á
atlcndre !es sccours ele
l'art, couchés en plcin air sur la pai!le. Toul ce
qu'on pouvait pour eux, c'élail ele leur apporler
c¡uelques alimcnts, et notamment un peu d'cau–
dc-rie, afin de soulcnir leurs forces. Au surplus
Napoléon vcilla lui-meme
a
ce qu'on fil ce qui
élail possiblc,avcc lemalériel qu'on étail parvenu
;\ lransporlrr [1ccltedistancc.
Aprcs ces premiers et indispensables soins, il
envoya elrs orelres
a
Smolcnsk pour qu'on rcm–
pla~;il
les munilions d'artillcrie consornmécs. On
avait tiré 60 rnillc coups de canon, et brt\lé
·J
,
li.OOmille carlouchcs d'in[anleric.
11
fil Ol'don–
ner des lrnnsports exlraordinaircs de munilions
par le chef de l'arlillcrie de la grande armée, le
génér:ilde Lariboisicre, qui danscctle eampagnc,
plus difficilc pour son armeque pour toule nutre,
déployait,
i1
un
~igc
forl avancé, le couragc et
l'activilé d\111 jcune hornrnc. N'ayanl plus de
grandes riviCrcs
il
travcrscr, Napoléon avait
laissé
a
Smolcnsk ses gros équipagcs de ponl, et
n'avail arncné que le matél'iel nécessaii·e pour
jcler des ponls dechcl'alets. Gdce i1 ccltc dispo–
silion, six
a
huit ccnts chevnux ele trait étaienl
rcslés disponibles
a
Srnolcnsk.
11
prcscrivil de
les ernploycr sur-le-champ
it
charrier des rnuni–
Lions d'infonleric et d'artillcric. Enfin il ordonna
un nouvcnumouvcmcntcn avanl
:1
lous les corps
fran~ais
ou alliés qui se trouraicnl dans les di–
vcrscs slations ele Srnolensk, Minsk, Wilna,
Kowno, Krenigsbcrg, particuliCrcmcnt1 tousles
balaillons et cseaili·ons de marche dcslinés 1 rc–
crulcr les corps.
L'arméc avail continué
~1
chcmincr pcndant
que Napoléon don11ail ces ordrcs, et Mural étnit
al'l'ivé le 8 au soir elcvnnt Mojnisk, rillc de q11cl–
quc importancc qu'il y nvait inlérclj1 .posscdcr
inlaclc. A mrsu1·e qu'on approchail de
Mosc~u ,
les rcssourccs du pays nugmcntaicnt,
111nis
la
ragc de les détruirc
augmcnlait
;ntSSi chcz
l'cn–
ncmi. On rcncontrnit plus devillngcs
flo1·issnnls,
el plus de colon11es de flommrs. Les R11sscs, vou –
l:rnL se ménagcr le tcmps d'opércr quclqucséra–
cunlions ele hlcssés et de nrntériel, avaient pincé