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306

LIVllE QUAHANTE-QUATlllEME.

Le 11 , 011 alleignit Koubinskoié, le 12

~!omo-

11owo, le 15 cnfin Worohicwo, dcrnihc position

en avanL de Moscou. (Voir la ca1·lc n°

57.)

L'ar–

méc russc s'étal>lil aux portes mCmcs de

~loscou ,

vc1·s la barriere dile de D1·ogomilow. La Mos–

kowa, en cnlranL dans Moscou, ou clic décrit de

nombrcux contours, forme un are trCs-concarc,

Olll'Cl't du colé de la routc de Smolcnsk. L'a)•méc

russc vinL s'y adosscr, appuyant sa droitc au

villagc de Fili, sa gaucbc

a

la hauteur de Woro–

biewo, el lraQanL en quclque sorte la cordc de

l'arc décriL par la Moskowa. Elle avoit dcrricre

clic pour luulc issuc un pontjcté sur la Moskowa

dans l'inlérieur du faubourg de Drogomilow, eL

les rues de eettc immense villc. Ce n'élait gucrc

une positionde combat, carsi l'onétait vigourcu–

scrnc11L assoilli, on poul'ail ctrc rcfoulé en désor–

dre sur le pont de Ja Moskowa, ou sur les gués

de eclle rivicrc, cL poussé dans les rucs, ou l'on

aurait couru, en s) cngorgrant, les plus grands

dnngcrs. Kutusof Je

saw1it

bir.n, et élnit con–

vaincu de l'impossihilité <l'arrClcr les

Frnn~ais

en avont de Moscou. Mais fidclc i1son systcrnc de

flatlcr conslammcnt la passion populairc, r¡u'il

croyail plus focilc i1conduirc en lo llallanL r¡u'en

l'irrilanl, il avaiL écrit Lous les jours au comtc

de Rostopcllin, gourcrneur de Moscou, qu'il dé–

fcnd1·ail la capitalc

ii

ouLrancc, el probablemcnL

avec succcs. Aussi fut·on bic11 élonné

a

Moscou

de 1·oir paraitre l'arméc russc dans l'étot oú clic

élait, et se placer si pres de la ville qu'il ne rcs–

taiL plus de lerrain pour combatlrc. Quoiqucson

parli fiit pris de sauvcr I'armée !le préfércnce

1 la capilale, KuLusof résolut de convoqucr un

conscil de guerrc, pour faire parlager

a

ses lieu–

tcnanls la pcsa11te rcsponsabilité qu'il allait en·

courir. Malgré son aslucc el son flegrne oreli·

naire, il étaiL agiLé en enlcnelanL les cris ele rngc

r¡ui éclataicnL aulour de lui, et le vreu mille fois

cxprimé de s'enscvclir tous sous les ruines de

Moscou, plulól que d'abandonner cctlc villc aux

Fr:rn~ais,

commc l

1

époux qui, disputanl

i1

des

cnncmis une épousc cl1érie, aimc rnicux Ja poi–

g:nardcr de ses mains que la livrcr

i1

lcurs ou–

Lragcs. Kulusof sal'ait parfailemcnl que, Moscou

fitL·cllc pcrdue, la Russic ne le scrait pas, mais

qu'au conlraire la Ilussic pourraiL bien éJrc pcr–

duc si la grande arméc venail it clrc délruilc,

et il élait fermcmcnl déciclé a empéchcr un lcl

malhcur. Mais s'il avaiL le couragr. de prcnelrc

les résolulions néeessaircs quoiquc oelicuses i1 la

foulc, il n'avail pas eelui d'cn assumer la clwrgc

i1lui seul, cL il clil !Jicn 1'oulu en fairc pcscr

la

rcsponsabililé sur d'autres tetes que la sicnne.

JI

admil

ii

ce conscil mémorablc, tenu sur la

haulcur mémc de Worobiewo, el'oú I'on apcrcc–

vaiLla eapilale illíorlunée qu'il fallait lil'rcr, les

généraux Bcnningscn, Barclay de Tolly, Doclo–

roff, Oslcrmann, Konownilsyn , Ycrmoloff. Le

coloncl

'foil

y assisla comme quartier-maitrc gé–

néral. Jlarclay ele Tolly, avcc sa simpliciLé or–

dinaire et son cxpériencc praliquc , déclara la

position qu'on occupail inlcnable, affirma que la

eonservation de la copilale n'était ricn auprcs

de la eonscrvaLion ele I'arméc, et eonscilla d'éva–

cucr Moscou, en se rcLirant par la route de Wla–

elimir, ce qui ajoutaiL de nouveaux espaccs i1

ecux que les Frangais avaicnl déja parcourus,

laissait J'arméc russc en communicaLion avcc

Sainl-Pélersbourg, et pcrmellait, le momenl

vcnu, ele rcprcndrc l'ofl'cnsivc.Bcnningscn, asscz

cxpérimcnlé pour apprécicr la justesse d'un lcl

avis, compt:mt bien d'aillcurs qu'on rcnoncerail,

sans 11u'il s'cn méhit,

a

défendrc la capitalc, mais

ccrlain qu'on n'cn pardonncmit point I'abandon

a cclui qui l'aurait conseillé, souLinL qu'il fallait

comballrc

ii

ouLrancc, pluLÓL que de Iivrcr aux

Frangais la villcsacrée de Moscou. Konownilsyn,

bravc officicr s'il en

fut. ,

cédant au scntimcnt

général, opina pour une défcnrn opinititre, non

point sur le tcrrain oú l'oo étail, mais sur un

lcrrain qu'on irait cherchcr en se porlant

i1

la

rcnconlre des Frangais, eL en se hcurtanL conL1·e

cux :wcc furic. Les généraux Osternrnnn el Ycr–

mololT adhércrent a eet avis, qui étail cclui de

la bravourc au déscspoir. Le colonel Toll , 1·c–

chcrchanL dps combinaisons plus savaalcs, pro–

posa de se rctirer, ense portanl immédiatemcnt

o

elroilc sur la routc de Kalouga, ce qui plagait

l'arméc clans une position

mena~antc

pour les

cornmunications de l'cnnemi, et la mcttait en

rela1io11 direclc a·vec les riehcs prol'incesdu midi.

Commc toujours enpareillc circonsLancc, ce con–

scil de gucrrc fut agité, confus, et fcrtilc en

cont1·adiclions. Kutusof se leva, sans cxprimc1·

lrnutcmcnt son avis, mais en pronorn;ant ces pn–

rolcs qu'il scmblaiL s'adresscr

o

Iui-mémc: d la

tCtc pcut Ctrc bonnc ou mauvaisc, soit, mais

c'cst i1clic, aprcs toul, a déeirler une r1ucstion

aussi grave.

u

Son parLi élail évidcmmcnL anclé, el, il faut

le dirc, ce parli était

digned'un

grand capitainc.

De tous les avis exprimés, aucun n'étail 1rn1·fai–

lc111c11L bon, bie11 que la pluparL continsscnl

quclquc chosc d'uLilc. Lil'rcr baLnillc pour Mos–

cou élait u11e résoluLion insenséc. A quelqucs