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LIVllE QUAHANTE-QUATlllEME.
Le 11 , 011 alleignit Koubinskoié, le 12
~!omo-
11owo, le 15 cnfin Worohicwo, dcrnihc position
en avanL de Moscou. (Voir la ca1·lc n°
57.)
L'ar–
méc russc s'étal>lil aux portes mCmcs de
~loscou ,
vc1·s la barriere dile de D1·ogomilow. La Mos–
kowa, en cnlranL dans Moscou, ou clic décrit de
nombrcux contours, forme un are trCs-concarc,
Olll'Cl't du colé de la routc de Smolcnsk. L'a)•méc
russc vinL s'y adosscr, appuyant sa droitc au
villagc de Fili, sa gaucbc
a
la hauteur de Woro–
biewo, el lraQanL en quclque sorte la cordc de
l'arc décriL par la Moskowa. Elle avoit dcrricre
clic pour luulc issuc un pontjcté sur la Moskowa
dans l'inlérieur du faubourg de Drogomilow, eL
les rues de eettc immense villc. Ce n'élait gucrc
une positionde combat, carsi l'onétait vigourcu–
scrnc11L assoilli, on poul'ail ctrc rcfoulé en désor–
dre sur le pont de Ja Moskowa, ou sur les gués
de eclle rivicrc, cL poussé dans les rucs, ou l'on
aurait couru, en s) cngorgrant, les plus grands
dnngcrs. Kutusof Je
saw1it
bir.n, et élnit con–
vaincu de l'impossihilité <l'arrClcr les
Frnn~ais
en avont de Moscou. Mais fidclc i1son systcrnc de
flatlcr conslammcnt la passion populairc, r¡u'il
croyail plus focilc i1conduirc en lo llallanL r¡u'en
l'irrilanl, il avaiL écrit Lous les jours au comtc
de Rostopcllin, gourcrneur de Moscou, qu'il dé–
fcnd1·ail la capitalc
ii
ouLrancc, el probablemcnL
avec succcs. Aussi fut·on bic11 élonné
a
Moscou
de 1·oir paraitre l'arméc russc dans l'étot oú clic
élait, et se placer si pres de la ville qu'il ne rcs–
taiL plus de lerrain pour combatlrc. Quoiqucson
parli fiit pris de sauvcr I'armée !le préfércnce
1 la capilale, KuLusof résolut de convoqucr un
conscil de guerrc, pour faire parlager
a
ses lieu–
tcnanls la pcsa11te rcsponsabilité qu'il allait en·
courir. Malgré son aslucc el son flegrne oreli·
naire, il étaiL agiLé en enlcnelanL les cris ele rngc
r¡ui éclataicnL aulour de lui, et le vreu mille fois
cxprimé de s'enscvclir tous sous les ruines de
Moscou, plulól que d'abandonner cctlc villc aux
Fr:rn~ais,
commc l
1
époux qui, disputanl
i1
des
cnncmis une épousc cl1érie, aimc rnicux Ja poi–
g:nardcr de ses mains que la livrcr
i1
lcurs ou–
Lragcs. Kulusof sal'ait parfailemcnl que, Moscou
fitL·cllc pcrdue, la Russic ne le scrait pas, mais
qu'au conlraire la Ilussic pourraiL bien éJrc pcr–
duc si la grande arméc venail it clrc délruilc,
et il élait fermcmcnl déciclé a empéchcr un lcl
malhcur. Mais s'il avaiL le couragr. de prcnelrc
les résolulions néeessaircs quoiquc oelicuses i1 la
foulc, il n'avail pas eelui d'cn assumer la clwrgc
i1lui seul, cL il clil !Jicn 1'oulu en fairc pcscr
la
rcsponsabililé sur d'autres tetes que la sicnne.
JI
admil
ii
ce conscil mémorablc, tenu sur la
haulcur mémc de Worobiewo, el'oú I'on apcrcc–
vaiLla eapilale illíorlunée qu'il fallait lil'rcr, les
généraux Bcnningscn, Barclay de Tolly, Doclo–
roff, Oslcrmann, Konownilsyn , Ycrmoloff. Le
coloncl
'foil
y assisla comme quartier-maitrc gé–
néral. Jlarclay ele Tolly, avcc sa simpliciLé or–
dinaire et son cxpériencc praliquc , déclara la
position qu'on occupail inlcnable, affirma que la
eonservation de la copilale n'était ricn auprcs
de la eonscrvaLion ele I'arméc, et eonscilla d'éva–
cucr Moscou, en se rcLirant par la route de Wla–
elimir, ce qui ajoutaiL de nouveaux espaccs i1
ecux que les Frangais avaicnl déja parcourus,
laissait J'arméc russc en communicaLion avcc
Sainl-Pélersbourg, et pcrmellait, le momenl
vcnu, ele rcprcndrc l'ofl'cnsivc.Bcnningscn, asscz
cxpérimcnlé pour apprécicr la justesse d'un lcl
avis, compt:mt bien d'aillcurs qu'on rcnoncerail,
sans 11u'il s'cn méhit,
a
défendrc la capitalc, mais
ccrlain qu'on n'cn pardonncmit point I'abandon
a cclui qui l'aurait conseillé, souLinL qu'il fallait
comballrc
ii
ouLrancc, pluLÓL que de Iivrcr aux
Frangais la villcsacrée de Moscou. Konownilsyn,
bravc officicr s'il en
fut. ,
cédant au scntimcnt
général, opina pour une défcnrn opinititre, non
point sur le tcrrain oú l'oo étail, mais sur un
lcrrain qu'on irait cherchcr en se porlant
i1
la
rcnconlre des Frangais, eL en se hcurtanL conL1·e
cux :wcc furic. Les généraux Osternrnnn el Ycr–
mololT adhércrent a eet avis, qui étail cclui de
la bravourc au déscspoir. Le colonel Toll , 1·c–
chcrchanL dps combinaisons plus savaalcs, pro–
posa de se rctirer, ense portanl immédiatemcnt
o
elroilc sur la routc de Kalouga, ce qui plagait
l'arméc clans une position
mena~antc
pour les
cornmunications de l'cnnemi, et la mcttait en
rela1io11 direclc a·vec les riehcs prol'incesdu midi.
Commc toujours enpareillc circonsLancc, ce con–
scil de gucrrc fut agité, confus, et fcrtilc en
cont1·adiclions. Kutusof se leva, sans cxprimc1·
lrnutcmcnt son avis, mais en pronorn;ant ces pn–
rolcs qu'il scmblaiL s'adresscr
o
Iui-mémc: d la
tCtc pcut Ctrc bonnc ou mauvaisc, soit, mais
c'cst i1clic, aprcs toul, a déeirler une r1ucstion
aussi grave.
u
Son parLi élail évidcmmcnL anclé, el, il faut
le dirc, ce parli était
digned'un
grand capitainc.
De tous les avis exprimés, aucun n'étail 1rn1·fai–
lc111c11L bon, bie11 que la pluparL continsscnl
quclquc chosc d'uLilc. Lil'rcr baLnillc pour Mos–
cou élait u11e résoluLion insenséc. A quelqucs