MOSCOU. -
SErTEMBnE
1812.
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choc. On se mCle; les cuirassicrs russcs s'nvnn–
ccnt jusqu'o nos ligncs; on les rcpoussc; pas un
de nos carrés n'est enlamé. La melée dcvicnt
mcurtriCrc, et les victimes sontaussinomhrcuscs
qu'illustrcs. Montbrun, l'héro'iquc Montbrun, le
plus brillant de nosoílicicrs de cavalcric, tombe
mortellement frappé par un boulct. Rapp, qui
était venu se mettrc
a
la tete de la division
Compans,
re~oit
quatre blessures. Le général
Dessaix quitte ses proprcs troupes pour le rern–
placer, et se sent frnppé
o
son tour.
JI
n'y nplns
que des généraux de brigadc pour comrnandcr
les divisions. Au milicu de ce carnage, Murot et
Ncy,commcinvulnérablcs, sont toujoursdcbout,
toujours au milicu du feu, sans ctrc attcinls.
Un hommc rarc, Friant, le modele de toutcs les
vcrtus gucrrieres, le seuldes ancicns chefs du
corps de Davoustqui n'eüt pas cncoreété frappé,
car Davoust vcnait d'ctre mis hors de combat,
Morand était gravemenl blessé., et Gudin vcnait
demourir 8Valoutina, Friant tomhc
a
son tour,
et
il
est cmporté
il
la meme arnbulance ou l'on
clonnait des soins
lt
son fils. Murat accourt
il
la
rlivision Friant, dcmcurée saos chef. C'étoit un
jcunc Hollandais, le général Vandcdcrn, qui dc–
vait la commonder. Couragcux, mais dépourxu
d'expéricnce,
i1
s'cmprcsse de cédcr cet honncur
au chef d'état-major Galichct. Cclui-ci prcnd le
commandemcnt au momcnt ou Mural arri\'e.
Tandis qu'ils se parlent, un boulct passc entre
cux et leur coupc la parole. -
JI
ne fait pus
bon ici, dit Murat en souriant. - Nous y
rcstcrons ccpendant, répond l'inlrépidc Gali–
chel. - Au mernc instant, les cuirassicrs russcs
fondcnl en massc. La division Friant n'a que le
lcmps de se formcr en dcux carrés, liés par toulc
une lignc <l'artilleric. Murat entre dans l'un, le
commandant Galichcl dans l'a11lrc, et pcndant
un quart d'hcurc ils
rc~oivcnt,
avcc un imper–
turbable sang-froid, les chargcs furicuses de la
cavalerierusse.-Soldatsdc Friant,s'écric Murat,
vous eles des héros ! - Vive Mural! vive le roi
de Nnples
! -
répondent les soldats de Friant.
C'est ainsique de notrc cóté on occupnit, faulc
de forces plus considérablcs, cette portie du
charnp de bataillc qui s'élendait de Séménoffs–
koié jusqu'au bois d'Oulitza. Toul
il
coup une
grande victime était tombéo parmi les R11sscs.
Bagration avnit été frappé morlcllcmcnL, et on
l'avait ernporlé au milicu des cris de doulcur de
ses soldats, qui avaicnt pour lui une sortc d'ido–
latrie. La secondc arméc russe se lrouvait
¡,
son
tour sans chef. On appcla Raéffskoi ; nrnis
i1
ne
pouvnit quitler les débris du 7"corps, qui occu–
pnit toujours nvcc le prince Eugcne de Wurtcm–
bcrg l'intcrvallc de la grande rcdoule
il
Sémé–
noffskoié. Alors on manda le général Doctoroff
pour qu'il vint rcmplaccr Ilngration.
Dnns ce mcmc mumcnt, on npprcnail chcz les
Russcs que Ponintowski, nprcs avoir travcrsé les
bois, avait enlevé les haulcursd'Outitza
a
Toucz–
koff,
qui était privé de la division Konownitsyn
sans avoir cncorc été rcjoint par ccllc d'Olsouficf,
lasccondcdcBngowouth; que Touczkoff, l'ainédes
trois frcrcs, était mort, ce qui faisail dcux Toucz–
koff Lués·dans la journ1!e , et trois pcrdus pou1·
lcur famillc en moins de quinzc jours. Dans le
troublc qu'on éprouvait , .in avait demandé
¡,
grands cris et fait partir immédialcment le reste
du corps de Bagowouth , c'cst-il·dirc la division
du princc
Eugf.ncde Wurlcmbcrg,
f(Ui
n
1
a\
1
riit
pasccssé rl'occupcr sous un fcu d'artillcric terri–
ble l'cspacc prcsquc ouvci·t entre Séménoffskoié
et la grande rcdoule.
Cetcspace desihaute importance,que les ll11s–
scs tóchaicnt sanscesscde nousfermer, ou llnéffs–
koi
avniL perdu prcsquc tout son monde, et
0[1
le princc Eugcne de Wurtcmberg vcnait de voir
tornhcr la moitié du sien, était pres de se rou–
l'rir dcvant nous. La fortunc nousoffrait de nou–
vcau une occasion décisivc
1
et, en portnnt toulc
la gnrdc impérialc su1· ce poinl, on pouvaiLcn–
corc pénétrcr
il
coup slir dans les cntraillcs de
1'armécrussc.
Ncy et Mural cnvoycrcnt proposcr pour la se–
condc fois cctlc manmuvrc
¡,
Napoléon. Cclui-ci,
trouvnnt
la
bataillc ar1·ivéc
n
mal.urité, accucil–
lil la proposition de ses licutenants, et donna les
prcmicrs ordrcs pour son cxécution.
11
fit avan–
ccr In division Claparcdc et la jcunc gnr<lc,-ct,
quitla11t Schwardino,se mit l11i-rncmc
il
lc11r tete.
Mais lout
a
coup un lumullc cffroyahlc se produi·
sil
il
gnuchc de l'arméc, nu dela de la Koloczn.
En rcgai·dant de ce coté,on voyait des cantinicrs
en fuitc, des bagagcs en désordrc; on cntcn<lait
des cris, on
npcrccvaiL
enun
mol
tous lessignes
<l'unedéroutc. A cct aspcct, Napoléon
fil
arrctcr
sa garde sur pince, et
s'élnn~a
n.u gnlop pour sa–
roi1· ce que c'était. Aprcs 1uclquc lcmps il finit
par l'npprcndrc. D'aprcs l'autorisation de Kutu–
sof, les clcux cavalcrics de Plalow el d'Ouvaroff
avaient franchi In Kolocza sur notre gauchc dé–
gnrnie, etavaicnt fonclu
1
Plnlow surnosbngagcs,
Ouvaroff sur la clivision Dclwns. Cctle brnvc di–
vision, aprCs avoir conquis Dorodino le matin,
attendait !'arme nu picd qu'on demanclat cncore