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LIVJ\E QUAJ\ANTE-QUATRIE!IE.

matin, mais alleint d'un gros rhumc contracté

au bivac, s'était élabli

a

la redoule deSchwar–

dino, dans une position oli il pouvait voir ce qui

se passait, et s'abrilcr un peu contre les boulcls

dont le nombre dcvait clre considérablc daos

cellcjournée. Murat, brillant d'ardeur et de bro–

dcrics, rcvctu d'unc tuniquc de vclours vc1·t,

portant une toque :\ plumcs, des hottcs jaunes,

ridiculc si l'héro'ismc pouvait l'etrc, galopait

dcvant les rangs de ses cavaliers, radicux decon–

fiancc et l'inspirant

a

tous par sonaltitude mar–

tialc. Des nuagcs obscurcissaicnt le cicl, et le

solcil, se lcvant en facc de nous et au-dessus des

Russcs dont il dessinait les ligncs, ne

s'annon~ait

que par une tcintc rouge3.trc longucmcnL mar–

quée a l'horizon. Bicntót son disque se détacha

commeun globcde fer rougi au fcu,et Napoléon,

regardant ses lic(ltcnants, s'écria

:

H

Voilil le

solcil d'Auslcl'iilz

! "

Hélas

!

oui, mais

voilé.dc

nuagcs

!

Napoléon avait p1·éparé pour le momcnt de la

bataillc une proclamation courtc et éncrgique.

Lescapilaincs dechaquc compagnic, lescomman–

dants de chaque cscadrou, sorlanl des rangs,

fircntformer lcur troupeendemi-cerclc,ctlurcnl

a

hautevoix cctlc proclamation, qui fut chaudc–

mcnt accucillie.

Puis, ccllc lcclurc lcrminéc et loutes les posi–

tions pl'iscs, 1•ers cinq heurcs et dcmic du malin

un coup de canon fut tiré

a

la battcricdedroitc:

a ce funcstc signa!, un bruit c!Troyablc succéda

ausilcncc le plus profond, et une longuc trainéc

de feu et de fuméc marqua en trails sinistres la

lignc des dcux armécs. A la batlcric de droite,

ladistancc ayant été jugéc trop grande, nos brn–

vcs artillcurs, sous

In

conduitc du généralSor–

bicr, sortirent de lcurs épaulements, et vinrcnl

seplacer

a

découvcrtdcvant les lroisfleches qu'ils

devaicnl criblcr de projectiles.

Pcndant que cent vingt bouchcs

a

fcu tiraicnt

sur les ouvrages des l\usscs, pcndant qu'a droilc

Da1•oustel Ney s'cn approchaicnt au pas de l'in–

fanleric,

a

gauchc le princc Eugcnc avait fait

passcr In Kolocza aux divisions Morand et Gudin

pour les porlcr sur lagrande redoulc, avait laissé

sur le bord de cctlc pctitc rivierc la division

Broussier cu réscrvc, el nvcc ladivision Dclzons

s'élnit porté 1·ers Borodino, point oli la Kolocza,

commc nous l'avons <lit, tournait

a

gauchc, et

couvrait la droite des l\usscs jusqu'a son con–

fluent avcc la Moskowa. Le princc Eugencdcvait

tlinsicomrncnccr l'action pnr l'attaquc sur lloro–

dino, afio de pcrsuadcr

a

l'cuncmique nous1•ou-

lions débouchcr par la grande route de Moscou,

ditc la roulc ncuve.

Ces dispositions lcrminées, le prinec Eugime

avcc la divisionDelzons s'avanga sur le villagc de

llorodino, situéen avanl de la Koloeza, et gardé

par trois bataillons de ehasscurs de la gardc im–

périalc russc. Le général Plauzonne,

a

la tete

du 1OG' de lignc, pénétra dans l'inlérieur du

vil~

lage, tandisqu'cndehors les aulres régiments de

ladivision passaicnt adroilc

~ta

gauehe. Le 106°

expulsa les l\usscs, les suivit hors du villagc, et

les poussa vivcmcot sur le pont de la Kolocza,

qu'ils n'curcnt pas le tcmpsdedélruirc. Entrainé

par sonardcur, ce régiment franchit le pont,

H

courul au dela de la Kolocza, malgré les instrue–

tionsde Napoléon, qui ne voulait pas déboucher

par la grande route de Moscou, et avait ordonné

sculcmcnl d'cn faire le scmblant. Dcux régi–

mcnts de chasscurs russes, les 19• el 20', placés

sur ce point, fircnt un feu soudain et si lcrriblc

sur les compagnics du 1OG• avcnturécs au dela

du ponl, qu'ils les culbuterent, et prirenl ou

luc1·ent tous les hommcs <1ui n'curent ·pas le

tcrnpsde fuir. 1.cbravc génfral Plnuzonnc1•c<;ut

lui·mcmc un coup mortcl. Mais le 92' s'élant

apcr<;ududangcr que eourait le106°, s'cmprcssa

d'allcr

i1

son aide sous la eonduite de l'adjudant

commandant Boisscrolc, le rallia, et s'étnblit

solidemcnt dansBorodino,malgré tous les clforts

des l\usscs. Ce point ne dcvait plus étrc pcrdu.

Ce prcmier acle de la balaillc aeeompli, le

princc Eugcno dcvail allcndre, pour attaqucr

avcc les <livisions Morand et Gudiu lagrande rc–

doutc du centre, qu'a la droite Davoust et Ncy

cusscnt cnlevé les trois flechesqui couvraicnt la

gauchc des Russes.

Le maréchal Davoust, en c!Tct, précédé de

trcnlc bouehcs

á

fcu, s'était mis en marche

a

la

tete des divisions Compans et Dcssaix, et avait

longélcs boisque Poniatowski travcrsaitdansleur

profondcur. Arrivéa leur lisiére par des chcmins

diflicilcs, il s'était approché de cellc des trois

fleches r¡ui élait le plus

¡,

droitc, afin de la

prcndrc par cóté, et de l'enlcvcr brusquemcnt.

Aprcs avoir éloigné les tiraillcurs cnncmis en

faisant avanccr les sicns,

il

avail formé la divi–

sion Compans en colonnes d'allaql!!'.! et laissé la

division Ocssaix enréservc pour gardcr son flanc

d1·oit et ses dcrricrcs. Apeine la division Com–

pansse lrouva-L-cllc 1 portéc de l'cnnemi, qu'un

fcu horrible, pai·ti des trois fleches et des ligncs

desgrcnadiersWoronzo!T, l'aeeueillit subitcmcnt.

Son bravc général fut rcuvcrsé d'un biscaien.