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MOSCOU. -·

mTEMBRb

1812.

291

se tircr d'un parcil coupc-gorgc, et certaincrnent

ils n'auraicnt pas saul'é un canon.

La propositiou élait séduisanle et d'un succcs

probable, car la position des Russes, prcsquc

inaUaquable vc1·s lcur droite el leur centre, suf–

fisamrnenl défcnduc

a

leur gauchc par les rc–

doutes que nous vcnons de décrire, n'élail de

facile abord que vers leur extreme gauche, par

les bois d'Outitza, el ces bois ne pouvaicnt pas

étrc supposés impénétrables, lorsqu'un homrne

aussi cxact que le moréchal Davoust s'cng:ngct1iL

a

les tral'ersc1· dnns le courant de la nuit. Cc–

penclnnt Napoléon en jugca autrement.

JI

lui

sembla que ce détour serait bien long, q11'il

s'exéculcrait

a

lravers des bois bien épnis, bien

obscurs, que durant quelqucs heures l'armée sc–

rait coupée en deux porlions fo1·t é!oignées !'une

de !'nutre, el surtout que l'e!Tet si décisif de Ja

ruanreuvrc serait, pnr ses nvantagcs mCmcs, un

inconvénient grave daos Ja situation, cm-, en se

voyant ainsi lournés, les Russcs décarnpcraicnt

pcut-ctre, et, avec cux, fuirait cncore l'occasion

si désirée d'unc bataille; que cette bataillc, il va–

Jait mieux Ja payor de plusde sang, mais l'avoir,

que de s'épuiscr indéfiniment

n

courir apresclic;

qu'au surplus la manreu1•re proposée, on

l'exé~u­

lerait, mais de plus pres, avcc moins de hasards,

en passant entre les rcdoulcs et la Jisiere des

bois, avcc dcux ou lrois des divisions du maré–

chal Davoust, et en ne risquant dans l'épaisseur

des bois que Je corps clu princc Ponialowski ;

qu'on aurait ainsi lous les avantagcs de l'idéc

proposée sans aucun de ses inconvénicnls.

Tel fut le scntimcnt de Napoléou. Entre de

parcils contradiclcurs, apres un dcmi-sicclc

écoulé, loin des licux, des circonstanecs, qui osc–

rait prononccr? Quoi qu'il en soit , Napoléou

ayant irrévocahlcmcnt arreté son plan, distribua

lcur lacbe

a

chacun de ses liculcnantsde la ma–

niere suivantc:

Le princc Eugenc, qui dcpuis Srnolcnsk avait

toujours formé la gauchc de l'arrnée, ful chai·gé

scul d'opércr

a

Ja gauchc de la Kolocza, et cut

mémc pour instructions de n'agir de ce cóté

qu'avcc la moindrc porlion de ses forces.

11

dut

lnisscr sa cavaleric légcre el la gardc italiennc

devant ccttc parlic des hauteurs que lcur cscar–

pcmcnt et la Kolocza rcndaicnt inabordables, et

il cut 01·dre d'cxécutcr avcc la division

fran~aise

Dclzons une vive atlaque sur Borodino, de s'cn

cm¡rnrer, de franchir le pont de la Kolocza, mais

de ne point s'engagcr au dela, et de placer

a

Borodino mcme une fortc battcric qui p1·cndrait

en Oanc In grande rcdoule russc. Avcc ladivision

fran~aisc

Broussicr, et dcux desdivisions duma–

réchat Davoust qui lui élaicnt ·confiécs pour Ja

journéc, les dil'isions Morand et Gudin, il al'ait

mission d'allaqucr

n

fond la grande redoulc, et

de J'cmportcr

a

toul prix. Le maréchal Ncy avee

les dcux divisions

frnn~aises

Lcdru et llazout,

avec In division wurlcmbergcoise Marcha11d et

les Wcstphalicns de Junot, dcvait assoilli1· ele

frout lcsccond monticulcet les trois fleches, que

Je maréchal Davoust avait ordrc d'allaquer en

Oaoc par la lisicre des bois, avcc les divisions

Companset Dessaix. Enfin le princc Poniatow ki,

jetéencnfant pcrdu dans

Ja

profondcur des bois,

dcvait essuycr de tourncr la position des Russcs,

en débouchant por la vicille roule de Moscou

sur Outitza.

Les trois corps de cavalcric Nansouty, Mont–

brun,

Latour-~lauhourg,

curcnt pour inslruc–

tionsde se lenir, le premicr dcrricre le maréchal

Davoust, le sccond dcrriere le rnaréchal Ncy, le

t1·oisicmc cnfin enréscrvc. Le bord des haulcurs

franchi, on allail se trouver sur des platcaux

t1·cs-pralicablcs

il

la eavalerie, el cellc·ci devait

en profitcr pour acl1cvc1·Jadéroulcde l'cnnemi.

Le corps du généralGrouchy continua d'clrc at–

taché au vicc·roi.

En al'J'ii:re et en réservc furent rangécs la<livi–

sion Friant et toulc la ¡;arde impériale, pour ctre

employécs suivanl les circonstanccs. Napoléon

voulant contre·battrc les rcdoules des l\usscs,

avait fait élcvcr trois batlcrics couvcrtcs d'épau–

lcmcnts en

ICl'l'C

1

!'une

a

notrc droilcdevanl les

trois fleches

J

l'autrc

a

notre centre dcvant la

grande rcdoulc, la troisicmc

1i

notrc gauchc dc–

vant Borodino. Cent vingt bouchcs

ii

fcu, tirécs

principalcmcnt <le Ja réservc de la garde, étaicnt

dcslinécs

a

l'arrncrncnt de ces battcrics. Napo–

léon, pour ne pas donncr

a

l'cnncmi lesccrct de

son plan d'atlaquc, avait décidé qu'on passcrait

la journéc du Gdans les mémcs positions qu'on

occupait le 5. On ne dcvail prendrc son rang

dans la lignc de bataillc que pcndant Ja malinéc

du 7, et lout

il

fait

n

la pointc du jour. J"our fa–

cilitcr les communications, les générnux lÍbléet

Chasseloup avaicnt construil sur la Kolocza cinq

ousix petils pontsdechcvalcts, qui pCl'lncttaicnt

de la passc1· sur les points les plus importanls,

sans dcscend1·c dans son lit fangcux et cncaissé.

Commc cliacun avait pu se procurcr eles vivrcs

par la 111arauelc de J'avant-vcille, pcrsonnc 11'avait

la pcrrnission elequiltcr les rangs. En défalquant

les hommcs pcrdus en roulc dcpuis Smolc11sk,