!IOSCOU. -
SF.PT,.IBRf'.
1812.
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les bonncs raisons qu'il scrnit possiblcd'en don–
ner. C'cst ninsi que les ccreles les plus élevés de
la eapilalc, émus de In prisc ele Smolcnsk, elc–
mnndaicnl Kutusol', qui
d~puis
son retour ele
Turquie s'élait pincé tres·hypocritement
i1
la lclc
de la miliec ele Saint·Pétcrsbourg, et s'étnit olfl'rl
de la sortc
it
tous les rcgards. Alcxandre n'nvnit
aucune confiance en lui, n'nvait conservé que de
fachcuses impt·essions de In campagnc ele
1805,
ne l'avait lrouvé ni fcrmc ni habilc sur le lcr–
rain, car Kutusofnc l'était pasen clTct, et n'avait
qu'un mérile, fort grand du reste, celui d'élrc
profondément sagc dans la eonduilc générnlc
d'uneguerrc, ce queson mailrc, égaré par qucl–
ques jeuncs étourdis, élait alors incapablc ele
rcconnaitrc. Alexandrc, néanmoins, vaincu par
l'opinion, s'était décidé
it
choisir Kutusof pour
commandcr en chef les armécs réunics eleRagra–
tion et de Bnrclay, ces dcux généraux restan!
eommandants ele ehaeunc d'cllcs. Le général
Benningscn, qui arnit suivi Alcxanclrc 3 Saint–
Pétcrsbourg, et dont le caractcrc, malgré de
fóchcux souvenirs, nurait répondu nsscz nux
passions du momcnt s'il avait porté un nom
russc, le général Benningsen ful donné
a
Kulu–
sof commc chef cl'état-major.
Aussitót nommé, le général Kutusofétait parti
]lOUr SC rcndt•c
n
l'arméc, et c'cst SOll arrivéc
a
Czarcwo-Zaimitché qui avait cmpcché qu'on ne
livrat bntaillc sur ce tcrrain. Le coloncl Toll,
resté quarticr-mnitre générnl, avait trouvé aux
cnvirons de Mojaisk,
o
vingt-cinq licues ele Mos–
cou, clans un lieu nominéBorodino, une position
aussi défcnsivc qu'on pouvait l'cspérer dans le
pays pcu accidenté ou se faisait cctlc gucrrc, et
le général Kutusof, qui , tout en improuvant
l'idéc de se baUrc actucllcmcnt, était prct cc–
pcndant
a
livrcr une bataillc pour en rcfuscr
cnsuitc plusicurs, avait adopté le choix clu colo-
11clToll, s'était rcnclu desa pcrsonnc
a
Borodino,
et y avait ordonné des travaux de carnpagnc,
afin d'ajoutcr les défcnscs de l'art
a
ccllcs de la
naturc. Le général Miloraclovitch vcnait d'y
amencr 15 millc hommcs rlcs bataillons de ré–
scrvc et de dépót, qu'on dcvait 1•crsc1· daos les
cadrcs de l'arméc. Dix millc hommcs cnviron
des mil ices de Moscou, n'aynnt pas cncorcd'uni–
formc, et nrmés de piques, vcnaicnt égalcmcnt
d'y arrivcr. Ce 1·cnfort rcpo1·tait
ii
un cffcctif
de
-140
millc hommcs l'arméc russc, qui était
l'ort affaiblic non-sculcmcnt par les combats de
Smolcnsk et ele Valoutina, rnais par des marches
inccssantes, dont clic souffrait prcsque autant
que nous, quoiqu'cllc flit tres-bien nourric. Ainsi
établi
i1
Borodino dcrric1·c des rctranchcmcnts
en !erre, le vicux J(ulusof attcndait Napoléon
nvcc ccllc résignntion de In
prtalcncr.
1
qui en
cornrncllant une fnutc la commct parce qu'cllc
cst néccssairc, et ne songc qu'i1
lorcndrc le
moins
clommageablc possiblc.
.
Ce sont ces détails conuus en gros de Napo–
léon, gri\cc
a
l'usage qu'il savait fai1·c de l'cspion–
nagc, qui lui araicnt persuadé qu'au dclit 1lc
Ghjat il rcncontrcrait l'arméc russc disposéc :\
combaltrc. Toutcfois le tcmps ful si affrcux les
1",
2 ct'5 scptcmbrc, qu'il se scntit ébranlé un
momcnl dnns sa résolution. Tout lc monde se
plaignait dans l'arméc de l'état des routcs, sur
lcsqucllcs notrc artillcric et nos équipagcs rou–
laicnt rniguCrc nssez focilcmcnt, mais que les
dcrnicrcs pluics avaicnt changécs tout
i1
coup en
une cspccc de marécagc. Les chcvnux mouraicnt
par millicrs de fatigue et d'inanition; la cavalcric
diminuait
h
''UC
d'ccil, et, ce
'fll'il y
nvnit de pis,
on pouvait craindrc pour les transports de l'ar–
tillcric, ce qui cut 1·c11du toulc grande balaillc
impossiblc. Les bivacs, dcvcnus froids et pé–
niblcs, étaicnt aussi fort nuisiblcs 1 la santé des
hommcs. Napoléons'cn prcnait
il
ses licutcnants.
JI
avait vivcmcnt gourmandé le maréchal Ncy,
qui perdait quclqucs ccnlaiucs do soldats par
jour. Le corps de ce maréchnl, placé entre cclui
du rnnréchal Dnvoustqui avait été :\ dcrni 1our1•u
par l'cxtrcmc prél'oyancc deson chef,et la gardc
dont les provisions suivaicnt sur des chariots,
était réduit
:'1
vivrc de ce qu'il rnmassait, et s'nf–
faiblissait par la maraudc aulant 1¡u'il aurait pu
le fairc par une snnglnntc bataillc
1
,
Le maréchal
Ncy s'cn était vcngé en rclc1•anl a1·cc raison les
souITranccs de ccttc trop longuc marche, et en
écrivant
a
Napoléon qu'on ne ponvait allcr plus
loin sans cxposcr l'arrnéc
i1
périr. Mural, qui
avait bien
il
se rcprochcr une partic des maux
clontonsc plaignait, s'élaitjoint
a
Ncy; Berthicr,
qui n'osait plus parlcr, al'ait confirmé lcur té–
moignagc par un mornc silcncc, et Napoléon,
prcsquc l'aincu, avait répondu: " Eh bien, si le
tcmps ne changc pas dcmain, nous nous arrétc–
rons... " Ce qui 1•011lnit dirc qu'il y 1•crrait le
commcnccmcnt de In mauvaisc saison, et qu'il
l'Ctourncrnit
a
Smolcnsk
!
Jamais In fnvcur de la
fortunc, qui lui procura lantót In brume dans
laqucllc sa flottc échnppa
a
Nclson lorsqu'ilallait
•Ce rcpl'Ocl1cassc·t injuste,car lc mt1réchal Ncy n'y po11-
vail pasgranil'chosc1csl contcnu
dansunclcUrc11ucnousci–
lons, pnrcc qu'elle1·é\•Cle l'élllt \'érilablcdc l'tu·mée. Nous la