Table of Contents Table of Contents
Previous Page  301 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 301 / 570 Next Page
Page Background

!IOSCOU. -

SF.PT

,.IBRf'.

1812.

287

les bonncs raisons qu'il scrnit possiblcd'en don–

ner. C'cst ninsi que les ccreles les plus élevés de

la eapilalc, émus de In prisc ele Smolcnsk, elc–

mnndaicnl Kutusol', qui

d~puis

son retour ele

Turquie s'élait pincé tres·hypocritement

i1

la lclc

de la miliec ele Saint·Pétcrsbourg, et s'étnit olfl'rl

de la sortc

it

tous les rcgards. Alcxandre n'nvnit

aucune confiance en lui, n'nvait conservé que de

fachcuses impt·essions de In campagnc ele

1805,

ne l'avait lrouvé ni fcrmc ni habilc sur le lcr–

rain, car Kutusofnc l'était pasen clTct, et n'avait

qu'un mérile, fort grand du reste, celui d'élrc

profondément sagc dans la eonduilc générnlc

d'uneguerrc, ce queson mailrc, égaré par qucl–

ques jeuncs étourdis, élait alors incapablc ele

rcconnaitrc. Alexandrc, néanmoins, vaincu par

l'opinion, s'était décidé

it

choisir Kutusof pour

commandcr en chef les armécs réunics eleRagra–

tion et de Bnrclay, ces dcux généraux restan!

eommandants ele ehaeunc d'cllcs. Le général

Benningscn, qui arnit suivi Alcxanclrc 3 Saint–

Pétcrsbourg, et dont le caractcrc, malgré de

fóchcux souvenirs, nurait répondu nsscz nux

passions du momcnt s'il avait porté un nom

russc, le général Benningsen ful donné

a

Kulu–

sof commc chef cl'état-major.

Aussitót nommé, le général Kutusofétait parti

]lOUr SC rcndt•c

n

l'arméc, et c'cst SOll arrivéc

a

Czarcwo-Zaimitché qui avait cmpcché qu'on ne

livrat bntaillc sur ce tcrrain. Le coloncl Toll,

resté quarticr-mnitre générnl, avait trouvé aux

cnvirons de Mojaisk,

o

vingt-cinq licues ele Mos–

cou, clans un lieu nominéBorodino, une position

aussi défcnsivc qu'on pouvait l'cspérer dans le

pays pcu accidenté ou se faisait cctlc gucrrc, et

le général Kutusof, qui , tout en improuvant

l'idéc de se baUrc actucllcmcnt, était prct cc–

pcndant

a

livrcr une bataillc pour en rcfuscr

cnsuitc plusicurs, avait adopté le choix clu colo-

11clToll, s'était rcnclu desa pcrsonnc

a

Borodino,

et y avait ordonné des travaux de carnpagnc,

afin d'ajoutcr les défcnscs de l'art

a

ccllcs de la

naturc. Le général Miloraclovitch vcnait d'y

amencr 15 millc hommcs rlcs bataillons de ré–

scrvc et de dépót, qu'on dcvait 1•crsc1· daos les

cadrcs de l'arméc. Dix millc hommcs cnviron

des mil ices de Moscou, n'aynnt pas cncorcd'uni–

formc, et nrmés de piques, vcnaicnt égalcmcnt

d'y arrivcr. Ce 1·cnfort rcpo1·tait

ii

un cffcctif

de

-140

millc hommcs l'arméc russc, qui était

l'ort affaiblic non-sculcmcnt par les combats de

Smolcnsk et ele Valoutina, rnais par des marches

inccssantes, dont clic souffrait prcsque autant

que nous, quoiqu'cllc flit tres-bien nourric. Ainsi

établi

i1

Borodino dcrric1·c des rctranchcmcnts

en !erre, le vicux J(ulusof attcndait Napoléon

nvcc ccllc résignntion de In

prtalcncr.

1

qui en

cornrncllant une fnutc la commct parce qu'cllc

cst néccssairc, et ne songc qu'i1

lorcndrc le

moins

clommageablc possiblc.

.

Ce sont ces détails conuus en gros de Napo–

léon, gri\cc

a

l'usage qu'il savait fai1·c de l'cspion–

nagc, qui lui araicnt persuadé qu'au dclit 1lc

Ghjat il rcncontrcrait l'arméc russc disposéc :\

combaltrc. Toutcfois le tcmps ful si affrcux les

1",

2 ct'5 scptcmbrc, qu'il se scntit ébranlé un

momcnl dnns sa résolution. Tout lc monde se

plaignait dans l'arméc de l'état des routcs, sur

lcsqucllcs notrc artillcric et nos équipagcs rou–

laicnt rniguCrc nssez focilcmcnt, mais que les

dcrnicrcs pluics avaicnt changécs tout

i1

coup en

une cspccc de marécagc. Les chcvnux mouraicnt

par millicrs de fatigue et d'inanition; la cavalcric

diminuait

h

''UC

d'ccil, et, ce

'fll'il y

nvnit de pis,

on pouvait craindrc pour les transports de l'ar–

tillcric, ce qui cut 1·c11du toulc grande balaillc

impossiblc. Les bivacs, dcvcnus froids et pé–

niblcs, étaicnt aussi fort nuisiblcs 1 la santé des

hommcs. Napoléons'cn prcnait

il

ses licutcnants.

JI

avait vivcmcnt gourmandé le maréchal Ncy,

qui perdait quclqucs ccnlaiucs do soldats par

jour. Le corps de ce maréchnl, placé entre cclui

du rnnréchal Dnvoustqui avait été :\ dcrni 1our1•u

par l'cxtrcmc prél'oyancc deson chef,et la gardc

dont les provisions suivaicnt sur des chariots,

était réduit

:'1

vivrc de ce qu'il rnmassait, et s'nf–

faiblissait par la maraudc aulant 1¡u'il aurait pu

le fairc par une snnglnntc bataillc

1

,

Le maréchal

Ncy s'cn était vcngé en rclc1•anl a1·cc raison les

souITranccs de ccttc trop longuc marche, et en

écrivant

a

Napoléon qu'on ne ponvait allcr plus

loin sans cxposcr l'arrnéc

i1

périr. Mural, qui

avait bien

il

se rcprochcr une partic des maux

clontonsc plaignait, s'élaitjoint

a

Ncy; Berthicr,

qui n'osait plus parlcr, al'ait confirmé lcur té–

moignagc par un mornc silcncc, et Napoléon,

prcsquc l'aincu, avait répondu: " Eh bien, si le

tcmps ne changc pas dcmain, nous nous arrétc–

rons... " Ce qui 1•011lnit dirc qu'il y 1•crrait le

commcnccmcnt de In mauvaisc saison, et qu'il

l'Ctourncrnit

a

Smolcnsk

!

Jamais In fnvcur de la

fortunc, qui lui procura lantót In brume dans

laqucllc sa flottc échnppa

a

Nclson lorsqu'ilallait

•Ce rcpl'Ocl1cassc·t injuste,car lc mt1réchal Ncy n'y po11-

vail pasgranil'chosc1csl contcnu

dansunclcUrc11ucnousci–

lons, pnrcc qu'elle1·é\•Cle l'élllt \'érilablcdc l'tu·mée. Nous la