!IOSCOU. -
AOUT
1812.
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pPesque un moyen de !'en dégoutcr. Les plus
ardents pnl'tisans de Ja balaille, le jll'ince llngl'a–
tion entre autres, ne trouvnicnt aucun lerrain
a
leur gré. Jls n'avaienl pas voulu de eelui de
l'Ouja, ils ne vouloienl pas davantage de eelui
de Wiasma; ils remeUaient mainlenant jusqu'n
Czarcwo-Zaimitché. On voit
n
l1·avel's quelles
vicissitudes finissait pal' pl'évaloir lesystcmed'une
retraile continue, tendanle
a
nous attircl' daos
les pl'ofondcurs de l'empire.
Du Peste, poul' Napoléoo, ce n'était plus une
queslion que eelle de snvoir s'il fallait suivre les
Russes. II avail pris son parti
a
cet égard, depuis
qu'il étaitconvaincu qu'ils finil'aienl par accepler
la balaille; el uneou detix marches de plus poul'
arriver
a
ce l'ésultat., qui'
a
ses ycux, dcnit Cll'C
décisif, n'étaicnt plus une eonsidération eapablc
de l'arrclcr.
JI
ne fut done ni étonné ni dépité
de trouvcr
a
Wiasma les Russes eneOl'Cdécampés,
et il l'ésolut de les suivrc sur la l'Oulc de Ghjat.
Poul'lant, aulour de lui, de sinislrcs presscnti–
mcnls
eommen~aicnt
a
préoecupcr les csprils.
Cbaquc soir la néccssilé d'allcl' aux fourragcs
faisait pcrdrc des ccnlaincs d"hommes, el la
fatigue tuait des ecntaincs de chcvauY. L'arrnéc
dirninuait
a
l'UC d'ooiJ, surtoul la cavalcric, Ct,
on pouvail craindrcque ce systcrnc des Parthcs,
dont les Russcs se vantaicnt daos lcurs bivacs
lout en insultan[ les généraux qui le prati–
quaicnt, ne flit que lrop récl, et lrop pres de
réussir.Berthicr, quoiquc d'unc réscrvc extreme,
Bcrlhicr, qui avait
1i
la gucrre le bon seos du
prince Cambacércs dans la pplitiquc, rnais qui
n'était pas plus hardi lorsqu'il follait en lenir le
langagc, Berthier se permil d'adrcsscr quclques
représentations
a
J'Ernpcreur sur les dangcrs de
cetlc cxpédilion pousséc 1 outrancc, et exécutéc
en une scule campagne au licu de deux.
11
fil
valoir les fatigues, la disctte de vivrcs, l'alfáiblis–
scrnent succcssif de l'clfeclif, la rnorlalité des
chcvaux, el par-dessus toul la difficulté du re–
tour. Napoléon, qui savail bien tout ce qu'on
pouvait dire sur ce sujcl, et qui s'irritait de
trouvcr <lans la bouche des autrcs l'cxpression
de pensécs qui obsédaicnt son esprit,
rc~ut
fort
mal les observations <lu major général, et lui
adrcssa ce reproche ble1sant qu'il jetait
a
la face
1
011a racontébeaucoupd'alle1·cations,ou
fausicsoucxagé–
rées,.dcNapoléona\'ecscslic11tcnanlspendaulccltccam1rnsuc.
Je me borne, en ceci commecn
toulcs
choscs, ttce qui cst
constaté. Jeticnsd'un lémoin oculairc
1
Jigne dcfoi, aussi dé–
voué
tt
Napoléon qu'tt Dcrlhicr, et occopanl un rang
élcvé'
1\ons l'armée, lcfait{1uejevicmderapporlo1·. Dureslc,cr.\lc
dequiconquc Jui faisail une objeclion:- El vous
aussi, vous élcs de ccux qui n'cn vculcnl plus!
Puis il olla prcsque jusqu"it l'injuricr, le.compa–
ranl
h
une vicillc fernme, luidisant qu'ilpouvail,
s'il le voulnit, rclourncr
i1
Paris, et qu'il saurait
se passer de ses scrvices. Berthicr, humilié, lui
répondil a\'cc une doulcur conccntrée, se retira
au quarticr du major général, et pcndant plu–
sicurs jours cessa d'allcr s'a,scoir
a
la table im–
périalc, bien qu'il y prit ordinaircmcnl lous ses
rcpas
1
•
Un autrc incidcnt, égalcmcnt regreltable, cut
licu 3 Jomc¡ncépoquc. On avu commcnt Je rna–
réchal Davoust et Mural étaicnl loujours en
disscnlimcnl 3 l'avant-gnrdc, ainsi qu'il conve–
nait
a
des caracteres nussi dilfércnls. Lemaréclwl
Davoust
a
Wiasma, irrité de voir Jo cavalcric
trop pcu ménagéc par Mural, lui rcfusa son in–
fantcric, nevoulant pas qu'cllc ful lraitéc commc
J'étail la cavalcric. M111·al eul bcau allégucr sa
qualité de roi, de hcau-frcrc de l'Empcreur, le
maréchal Dal'oust s'obslina dans son rcfus, el
dcvant loulc l'arméc <léfcndit au général Com–
pans d'obéir au roi de Naples. L'altcrcnlion arnit
été si vive qu'ou ne savait ce qu'clle amcncrait '
mais clic fut bicnlót apaiséc par la préscncc de
Nopoléon, qui, tout en parlaGcant l'opinion du
maréclrnl Davoust, fut blessé du pcu d'égards de
ce maréchal pour la parcnté impériale, et lui
iníligca un désagrérncnt public en déciJant que
la division Compans, pcndanl qu'cllc sernit
a
J'avant-gardc, obéirait aux ordrcs rlc Mural.
On partil de Wiasnw Je 51 noul pour Ghjat.
Sur le chcmin on cspéroit rencontrcr les Rus–
scs 11
Czarcwo-Zaimilché. En y arril'ant on les
trouva partis, commc
U
Wiasmti, commc
h
Doro–
gobougc. On ne ºs'en étonna poinl ecpcndant, el
on résolul de les suil'rC, certain qu'on élail de
les atlcindrc bicnlót. En cffct, tous les trainards
qu'on rccucillait rapportaienl unanimcrncnt que
l'armée allait lil'rcr balaillc, et qu'cllc n'at–
tendail pour s'y décider que les rcnforlscnvoyés
du centre de l'cmpirc. Dans cetlc mémc journéc,
lacavnlcrie légCrc s'crnpara d'un Cosaquc, cn.non–
nicr daos lecorps de Platow. Commc il parnissoil
forl intelligcnt, l'Empcrcur, désirant l'intcrrogcr
lui-mémc pcndant Ja marche, or<lonna qu'on
attCl'CaLiouavec BcrLliieru
été
fo1·t connuc
~lans
le temps> el
elle sctrouvc mcntionnCc dans plusicurs des mérnoi1·cs con–
temporains. C'cst laplusconstatCcde towtcsccllcs qu'ona ra·
co11técs1
clc'cstpourcclaqucjclac1·ois disucU'é1reconsac!'ée
pnrl'histofrc. Lepersonnage dc Bcrlhicr,ct l'aulhcnticité 1lu
fail, ma1C1nhlcnlluimél'i1crcclleexccption.