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!IOSCOU. -

AOUT

1812.

285

pPesque un moyen de !'en dégoutcr. Les plus

ardents pnl'tisans de Ja balaille, le jll'ince llngl'a–

tion entre autres, ne trouvnicnt aucun lerrain

a

leur gré. Jls n'avaienl pas voulu de eelui de

l'Ouja, ils ne vouloienl pas davantage de eelui

de Wiasma; ils remeUaient mainlenant jusqu'n

Czarcwo-Zaimitché. On voit

n

l1·avel's quelles

vicissitudes finissait pal' pl'évaloir lesystcmed'une

retraile continue, tendanle

a

nous attircl' daos

les pl'ofondcurs de l'empire.

Du Peste, poul' Napoléoo, ce n'était plus une

queslion que eelle de snvoir s'il fallait suivre les

Russes. II avail pris son parti

a

cet égard, depuis

qu'il étaitconvaincu qu'ils finil'aienl par accepler

la balaille; el uneou detix marches de plus poul'

arriver

a

ce l'ésultat., qui'

a

ses ycux, dcnit Cll'C

décisif, n'étaicnt plus une eonsidération eapablc

de l'arrclcr.

JI

ne fut done ni étonné ni dépité

de trouvcr

a

Wiasma les Russes eneOl'Cdécampés,

et il l'ésolut de les suivrc sur la l'Oulc de Ghjat.

Poul'lant, aulour de lui, de sinislrcs presscnti–

mcnls

eommen~aicnt

a

préoecupcr les csprils.

Cbaquc soir la néccssilé d'allcl' aux fourragcs

faisait pcrdrc des ccnlaincs d"hommes, el la

fatigue tuait des ecntaincs de chcvauY. L'arrnéc

dirninuait

a

l'UC d'ooiJ, surtoul la cavalcric, Ct,

on pouvail craindrcque ce systcrnc des Parthcs,

dont les Russcs se vantaicnt daos lcurs bivacs

lout en insultan[ les généraux qui le prati–

quaicnt, ne flit que lrop récl, et lrop pres de

réussir.Berthicr, quoiquc d'unc réscrvc extreme,

Bcrlhicr, qui avait

1i

la gucrre le bon seos du

prince Cambacércs dans la pplitiquc, rnais qui

n'était pas plus hardi lorsqu'il follait en lenir le

langagc, Berthier se permil d'adrcsscr quclques

représentations

a

J'Ernpcreur sur les dangcrs de

cetlc cxpédilion pousséc 1 outrancc, et exécutéc

en une scule campagne au licu de deux.

11

fil

valoir les fatigues, la disctte de vivrcs, l'alfáiblis–

scrnent succcssif de l'clfeclif, la rnorlalité des

chcvaux, el par-dessus toul la difficulté du re–

tour. Napoléon, qui savail bien tout ce qu'on

pouvait dire sur ce sujcl, et qui s'irritait de

trouvcr <lans la bouche des autrcs l'cxpression

de pensécs qui obsédaicnt son esprit,

rc~ut

fort

mal les observations <lu major général, et lui

adrcssa ce reproche ble1sant qu'il jetait

a

la face

1

011a racontébeaucoupd'alle1·cations,ou

fausicsoucxagé–

rées,.dcNapoléona\'ecscslic11tcnanlspendaulccltccam1rnsuc.

Je me borne, en ceci commecn

toulcs

choscs, ttce qui cst

constaté. Jeticnsd'un lémoin oculairc

1

Jigne dcfoi, aussi dé–

voué

tt

Napoléon qu'tt Dcrlhicr, et occopanl un rang

élcvé'

1\ons l'armée, lcfait{1uejevicmderapporlo1·. Dureslc,cr.\lc

dequiconquc Jui faisail une objeclion:- El vous

aussi, vous élcs de ccux qui n'cn vculcnl plus!

Puis il olla prcsque jusqu"it l'injuricr, le.compa–

ranl

h

une vicillc fernme, luidisant qu'ilpouvail,

s'il le voulnit, rclourncr

i1

Paris, et qu'il saurait

se passer de ses scrvices. Berthicr, humilié, lui

répondil a\'cc une doulcur conccntrée, se retira

au quarticr du major général, et pcndant plu–

sicurs jours cessa d'allcr s'a,scoir

a

la table im–

périalc, bien qu'il y prit ordinaircmcnl lous ses

rcpas

1

Un autrc incidcnt, égalcmcnt regreltable, cut

licu 3 Jomc¡ncépoquc. On avu commcnt Je rna–

réchal Davoust et Mural étaicnl loujours en

disscnlimcnl 3 l'avant-gnrdc, ainsi qu'il conve–

nait

a

des caracteres nussi dilfércnls. Lemaréclwl

Davoust

a

Wiasma, irrité de voir Jo cavalcric

trop pcu ménagéc par Mural, lui rcfusa son in–

fantcric, nevoulant pas qu'cllc ful lraitéc commc

J'étail la cavalcric. M111·al eul bcau allégucr sa

qualité de roi, de hcau-frcrc de l'Empcreur, le

maréchal Dal'oust s'obslina dans son rcfus, el

dcvant loulc l'arméc <léfcndit au général Com–

pans d'obéir au roi de Naples. L'altcrcnlion arnit

été si vive qu'ou ne savait ce qu'clle amcncrait '

mais clic fut bicnlót apaiséc par la préscncc de

Nopoléon, qui, tout en parlaGcant l'opinion du

maréclrnl Davoust, fut blessé du pcu d'égards de

ce maréchal pour la parcnté impériale, et lui

iníligca un désagrérncnt public en déciJant que

la division Compans, pcndanl qu'cllc sernit

a

J'avant-gardc, obéirait aux ordrcs rlc Mural.

On partil de Wiasnw Je 51 noul pour Ghjat.

Sur le chcmin on cspéroit rencontrcr les Rus–

scs 11

Czarcwo-Zaimilché. En y arril'ant on les

trouva partis, commc

U

Wiasmti, commc

h

Doro–

gobougc. On ne ºs'en étonna poinl ecpcndant, el

on résolul de les suil'rC, certain qu'on élail de

les atlcindrc bicnlót. En cffct, tous les trainards

qu'on rccucillait rapportaienl unanimcrncnt que

l'armée allait lil'rcr balaillc, et qu'cllc n'at–

tendail pour s'y décider que les rcnforlscnvoyés

du centre de l'cmpirc. Dans cetlc mémc journéc,

lacavnlcrie légCrc s'crnpara d'un Cosaquc, cn.non–

nicr daos lecorps de Platow. Commc il parnissoil

forl intelligcnt, l'Empcrcur, désirant l'intcrrogcr

lui-mémc pcndant Ja marche, or<lonna qu'on

attCl'CaLiouavec BcrLliieru

été

fo1·t connuc

~lans

le temps> el

elle sctrouvc mcntionnCc dans plusicurs des mérnoi1·cs con–

temporains. C'cst laplusconstatCcde towtcsccllcs qu'ona ra·

co11técs1

clc'cstpourcclaqucjclac1·ois disucU'é1reconsac!'ée

pnrl'histofrc. Lepersonnage dc Bcrlhicr,ct l'aulhcnticité 1lu

fail, ma1C1nhlcnlluimél'i1crcclleexccption.